top of page

Vision panoramique et organique sur le temps pascal


Proposition de commentaires d'Evangile concernant l'ensemble des dimanches du temps pascal. Il s'agit d'une commande faite pour la Revue nationale "CELEBRER".

Cette revue est placée sous la responsabilité de la Conférence des Evêques de France.

Ces commentaires ont été publiés pour le Numéro 396, édité durant le mois de février 2013.


« Croix - Arbre de vie » (XI-XIIème siècles)

Mosaïque absidiale de la basilique Saint Clément de Rome



Panorama…

Alors que nous arrivons à la fin de l’octave pascale où durant une semaine la presque totalité des récits racontant l’évènement du jour de la Résurrection ont été entendus, la célébration du 2ème dimanche de Pâques joue vraiment son rôle de pivot.

A la fois ce dimanche clôture l’Octave de Pâques, mais en même temps donne l’impulsion pour le temps pascal.

Au cours de l’année liturgique C, les textes d’Evangile nous proposent une médiation sur le mystère de l’Eglise.

On peut dire que ce temps pascal va nous permettre de contempler l’Eglise comme le « Corps du Christ ».

Du mystère baptismal célébrée lors de la Vigile Pascale jusqu’au baptême dans l’Esprit-Saint célébrée à la Pentecôte, nous voyons pas à pas se constituer cette réalité mystérique.

De dimanche en dimanche, nous pourrons alors en saisir la profondeur.


* *

*

Zoom liturgique…

En ce 50ème anniversaire du l’ouverture du Concile, ce temps pascal pourrait donner lieu à un approfondissement sur les textes du concile, en particulier à la constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium datant du 21 novembre 1964.

La logique des textes bibliques et leur progression au sein du temps pascal pour cette année C trouvent un écho en cette citation de Lumen Gentium, qui au n°6 dit ceci :

«… Le mystère de l’Eglise sainte se manifeste en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus donna naissance à son Eglise en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du règne de Dieu promis dans les Ecritures depuis les siècles… Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ… Et quand Jésus, ayant souffert pour les hommes la mort de la Croix, fut ressuscité, il apparut que Dieu l’avait fait Seigneur, Christ et Prêtre pour l’éternité et il répandit sur ses disciples l’Esprit promis par le Père. Aussi l’Eglise pourvut des dons de son fondateur… reçoit mission d’annoncer le royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations. ».


Cette citation nous montre bien l’intégralité de la personne de Jésus-Christ et l’ensemble des mystères de sa vie comme fondement de l’Eglise.

Or le temps pascal résume les mystères essentiels: le mystère pascal, l’Ascension, la Pentecôte.

* *

*

Au fil du temps liturgique


2e dimanche de Pâques : Jean 20, 19-31.


L’Evangile de Jean en générale est assez caractérisé par le rythme de la semaine. Il suffit de penser à la semaine inaugurale entre le baptême et les Noces de Cana).

Ce texte est construit sur la même symbolique.

Jean y raconte ce qui se passe le « soir du premier jour de la semaine », c’est-à-dire le dimanche puis ce qui se passe 8 jours plus tard. Le récit de l’apparition à Thomas est donc tout naturellement fait pour être entendu le dimanche suivant la fête de Pâques.

De l’apparition de Jésus le soir de la Résurrection où Thomas est absent, nous pouvons remarquer le lien direct avec la Pentecôte. Le don de l’Esprit est fait pour que l’Eglise puisse accomplir sa mission : c'est à dire opérer la Rédemption, le pardon des péchés. De ce lien entre Pâques et Pentecôte, l’Eglise prend source et racine dans l’un et reçoit de l’autre la force.

A l’apparition faite à Thomas, Jésus lui propose de poser un geste qui ressemble à une Pâque. Il lui propose de mettre la main dans le coté comme pour « traverser » la blessure du coté d’où ont jailli le sang et l’eau. Jésus demande de passer par cette source d’où coule le Salut et que l’Eglise aura pour mission de perpétuer à travers son histoire.

Il y a un lien poétique entre le don de l’Esprit-Saint et le côté ouvert, entre la bouche et le cœur du Jésus-Christ. L’un et l’autre doivent attirer notre regard et notre recentrement spirituel ! C’est un regard renouvelé sur le mystère de la Croix et de la Pentecôte : source et sommet de l’Eglise « invisible ». (« Lumen Gentium », n°8).


* *

*

3e dimanche de Pâques : Jean 21, 1-19.

On pourrait considérer ce texte comme « la transmission ». Les 3 épisodes manifestent une pédagogie de Jésus peu commune.

Les 2 premiers épisodes sont entrelacés : l’épisode de la pêche qui rappelle l’évènement déjà connu de la pêche miraculeuse s’adjoint de l’épisode de Jésus qui prépare un repas. Puis il invite ses disciples et les sert. Quant au 3ème épisode, il s’agit de la triple charge pastorale conférée à Pierre par Jésus, fondée exclusivement sur l’Amour du Seigneur.

Si la « pêche miraculeuse » est l’image de la mission d’Evangélisation alors cette dernière est intimement liée à ce « repas », lui-même allusion à la Cène et au Repas eschatologique où Dieu en personne nourrira et servira son peuple. Ici se dessine le lien entre Eucharistie et mission.

Or cette mission de l’Eglise repose sur la triple charge pastorale conférée à Pierre. Alors la mission de l’Eglise est fondée sur l’amour de son Seigneur et à son image sur la dimension de l’humilité et du service.

Mission-Eucharistie-Service dans la charité, seraient ce socle transmis à l’Eglise visible, société organisée hiérarchiquement. (« Lumen Gentium » au n°8.)


* *

*

4e dimanche de Pâques : Jean 10, 27-30.

Cette page célèbre présentant la figure du Bon Pasteur ne révèle pas tant une manière de faire qu’une manière d’être.

Jésus y atteste avec force qu’il est en communion avec ses brebis. Une communion dans l’écoute réciproque, la connaissance, et la confiance. C’est cette manière d’être qui permet alors de considérer la dimension pastorale de l’Eglise.

Si l'Eglise reçoit de son Seigneur la charge pastorale, à l’image de la triple transmission avec Pierre en Jean 21, 1-19, alors elle devra suivre son exemple. Elle se devra de permettre la communion avec son Seigneur dans l‘écoute, la connaissance et la confiance. Mais en même temps communion avec ceux vers qui l’Eglise est envoyée.

L’Eglise est appelée vivre ce ministère de communion pour accomplir ce que le Seigneur lui a transmis.


* *

*

5e dimanche de Pâques : Jean 13, 34.

On peut entendre 2 parties, qui en apparence sont différents.

D’une part le départ de Judas de la table de la Cène, permettant à Jésus d’annoncer sa glorification, et en Lui celle de Dieu.

D’autre part l’exhortation du Commandement Nouveau : l’amour du prochain, mais comme Jésus nous a aimé. L’exemple qu’il nous demande de suivre est en lien avec sa Glorification. Il s’agit d’aimer à l’image de l’amour salvifique opéré au sein du mystère pascal, dans le don de lui-même pour le pardon des péchés.

Pour vivre son ministère de communion, l’Eglise devra faire œuvre d’amour philanthropique envers le prochain, mais aussi de perpétuer l’œuvre de la Rédemption.


* *

*

6e dimanche de Pâques : Jean 14, 23-39.

C’est le dernier avant l’Ascension.

La péricope nous fait réentendre les éléments du 2ème dimanche de Pâques : à savoir le don de l’Esprit-Saint et le don de la Paix.

Mais au cours de ce passage Jésus révèle à ses disciples une curieuse succession : S’enraciner dans l’amour permet à Dieu d’établir sa Demeure et d’être fidèle à sa Parole.

Ainsi, c’est en étant enraciné dans son ministère de communion, témoignant de la Miséricorde divine, que l’Eglise pourra être fidèle à la Parole de Dieu. L’Esprit Saint permettra de pérenniser cette fidélité.


* *

*

Jeudi de l’Ascension : Luc 24, 46-53.

Vers la fin de son Evangile, Luc relate le mystère de l’Ascension.

Avant de s’élever vers le Ciel, Jésus fait une recommandation à ses disciples de rester à Jérusalem afin d’attendre le venue de cette « force venue d’en haut ». C’est à partir de l’Ascension que commence pour l’Eglise une neuvaine. En effet, 9 jours séparerons le jour de l'Ascension du jour de la Pentecôte. Priant à la suite des Actes des apôtres, aujourd'hui on nomme cela la neuvaine préparatoire à l’Esprit-Saint.

Mais cet Evangile rappelle le lien entre l’annonce du kérygme et la conversion pour le pardon des péchés à toutes les nations.

On annonce déjà l’universalité de la Pentecôte. Ainsi, l’Eglise sera envoyée pour annoncer et assurer cette continuité de l’œuvre de Rédemption, source de sanctification. (« Lumen Gentium » au n°4)


* *

*

7e dimanche de Pâques : Jean 17, 20-26


Un extrait de la « Prière Sacerdotale » de Jésus y est proclamé.

Parole d’intimité avec son Père.

A l’Ascension où Jésus est auprès de son Père, il nous fait partager son intimité.

L’Eglise, en attendant l’Esprit Saint, a les yeux fixés sur ce dialogue entre Jésus et son Père.

Ainsi, nous pouvons comprendre que la Prière de l’Eglise manifeste au cœur de notre histoire ce dialogue entre Jésus et son Père. Et par sa liturgie, elle rend visible cette unité entre Dieu et son Peuple, à l’image de l’unité entre Jésus et son Père. (« Lumen Gentium », chapitre 8.)


* *

*

Veille de la Pentecôte : Jean 7,37-39.

Il est bien dommage que l’on ait oublié la messe de la Vigile de la Pentecôte dont le corpus biblique est riche, avec 4 possibilités de 1ères lectures.

L’Evangile quant à lui fait référence à cette parole de Jésus annonçant que l’on peut se désaltérer auprès de lui. S’appuyant sur l’Ancien Testament, Jésus annonce que des « fleuves d’eau vive jailliront de cœur ». Cet extrait d’Evangile permet de reprendre les éléments poétiques du 2ème dimanche de Pâques où nous avions pu voir le lien entre le mystère de la Croix et celui de l’Esprit Saint.

Ce trouve révèlé le lien baptismal entre Pâque et Pentecôte.

Si nous sommes baptisés dans la mort et la Résurrection de Jésus-Christ, alors la Pentecôte est bien le baptême dans l’Esprit !

C’est à la Pentecôte que l’Eglise reçoit sa sanctification permanente qui lui permettra d’assurer la continuation de l’œuvre de Rédemption. (« Lumen Gentium », n°4)


* *

*

Dimanche de la Pentecôte : Jean 20, 19-23.


A la Pentecôte, nous réentendons la première partie de l’Evangile du 2ème dimanche de Pâques.

Comme un cycle achevé, ce qui a été entendu au début et réentendu à la fin.


On peut alors vraiment comprendre ce lien dynamique et constitutif entre Pâques et Pentecôte.

Tout devient évident pour ce temps pascal : il présente la révélation baptismale faite par Jean-Baptiste annonçant que si lui baptisait dans l’eau, vient Celui qui baptisera dans l’Esprit Saint (Mt 3,11 ou Mc 1,8 ou Lc 3,6 ou Jn 1, 26).


L’Eglise est plongée de ce mystère baptismal et même avec le temps pascal, il demeure bien grand!

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page