« Toi qui ravis le coeur de Dieu », Jacques BERTHIER
- bohleremmanuel
- 30 nov. 2020
- 3 min de lecture
Libre commentaire de l’hymne « Toi qui ravis le coeur de Dieu » VLH 136- LAD 372.
Texte: CFC-CNPL.
Musique: Jacques BERTHIER.
Article publié dans la revue CAECILIA, n°05, édition d'octobre 2015.

« Notre Dame des sept Douleurs » (1518)
d’Adriaen ISENBRANDT (1480/1490-1551)
Cette hymne (VP 136-2 ou VLH 136), dont les paroles proviennent de la Commission Francophone Cistercienne (CFC), a été composée pour les Vigiles et les Laudes au Commun de la Vierge Marie.
La composition littéraire et le contenu théologique, dont la musique de Jacques BERTHIER met en relief le rythme des vers et des mètres, représentent un modèle du genre.
Cet authentique chant liturgique, synthétisant toutes les qualités demandées, pourrait faire école pour les compositeurs actuels et à venir.
Il est compréhensible que l’ordre cistercien puisse donner une place particulière envers la Vierge Marie dans l’office liturgique par un texte de qualité théologique, spirituelle et poétique.
Celui de cette hymne rend compte de la singularité de cette piété mariale, où à travers les strophes nous retrouvons, comme en écho, certaines fêtes de l’année liturgique.
La première strophe porte en elle la théologie de l’Immaculée Conception, où comme dans le Livre de la Genèse, la « nouvelle Eve » suscite la joie de son Créateur. Par l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, œuvre singulière de la création, l’œuvre de la nouvelle création va pouvoir être annoncée. La réponse de Marie dans le récit de l’Annonciation est un « Me voici » annonçant déjà l’offrande de Jésus à son Père pour le Salut du monde.
La deuxième strophe développe le cœur du mystère de l’Annonciation. Marie est comparée à une « terre nouvelle » qui va accueillir la semence du Verbe de Dieu: Jésus est déjà présenté comme « le Verbe fait chair », mais une Incarnation qui va conduire à l’offrande. Avec la première strophe, nous avons présenté une juste théologie mariale où Dieu donne tout et l’humanité répond au don de la Grâce totale par l’offrande d’elle-même. Marie devient le modèle d’un tel échange.
La troisième strophe évoque de manière discrète la place de Marie au sein du mystère de la Passion. La mémoire de Notre Dame des Douleurs montre comment le mystère de la Croix devient lieu de Salut et d’espérance. Lieu où nous retrouvons l’image de Dieu qui s’est altérée à cause de notre péché. Marie au pied de la Croix nous aide à plonger dans le mystère de notre Salut, et dans l’espérance de la Miséricorde.
La dernière strophe évoque la perspective du mystère de la Visitation, où Marie est plongée au cœur de l’Amour de Dieu dont le Magnificat est l’expression du parfait Sacrifice de louange ou Sacrifice des lèvres.
La musique épouse parfaitement le rythme de la strophe, composée de 4 vers.
Sa structure rythmique, régulière de type choral, rend la ligne mélodique assez facilement mémorisable.
La mélodie se compose de deux sections regroupant chacune deux vers.
La strophe est dans la tonalité de mi mineur. La première section est une marche harmonique complète, se terminant par une demi-cadence (accord de mi mineur) en utilisant dans l’harmonisation la gamme mineur mélodique ascendante. La deuxième partie se termine par une cadence parfaite en mi mineur.
Mais les parties peuvent mélodiquement se diviser en deux sous-sections, identifiables par une blanche correspondant à la finale de chaque vers. Les accords reposant sur ces blanches sont les degrés majeurs (I et IV) de sol majeur. Cela permet ainsi d’avoir une composition musicale jouant sur une sorte d’ambiguïté tonale, un entre deux.
Il est à noter que le compositeur a prévu un contre-chant pour quelques sopranes pour les couplets 2 et 4.
La musique peut également permettre une variation instrumentale entre chaque strophe, à la manière d’une chacone.
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