L'Esprit de Dieu repose sur moi
- bohleremmanuel
- 31 janv.
- 3 min de lecture
Commentaire musical du cantique "L’Esprit de Dieu repose sur moi"
Cote : KX 35/ CNA 711
Ancienne Cote : K 35
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°01, édition de janvier 2025.
Véritable classique, ce cantique édité en 1961 dans le 33 tours « Chante ton Seigneur », appartient au recueil de chants « Hymnes et prières » composé et publié la même année.
Par ses diverses publications (exégèse, liturgie, sources primitives et patristiques), par ses compositions textuelles (textes bibliques et textes anciens issus du christianisme primitif ou de l’époque patristique) Lucien DEISS s’inscrit dans un mouvement qui sera particulièrement à l’œuvre lors de la préparation du schéma préparatoire sur la liturgie pour le Concile Vatican II[1] entre 1960 et 1962.
Alors jeune professeur de séminaire entre 1947 et 1958, il connut une période d’une intense activité intellectuelle dans l’élan de l’après seconde Guerre Mondiale où renouveau biblique, liturgique et patristique[2] semblent aller de concert. Déjà parce que le pape Pie XII[3] encourage le renouveau biblique. Ensuite la publication de la première encyclique[4] de l’histoire de l’Eglise sur la liturgie accompagne le mouvement du renouveau liturgique apparu dès la fin du XIXème siècle.
Ainsi Lucien DEISS demeure une originale exception comme figure de musicien liturgique au XXème siècle car chez lui recherche-enseignement-création-interprétation fonctionnent en harmonieuse synergie de manière féconde. Un complément numérique tentera de déployer ce fait original dans l’histoire du chant liturgique[5].
Le cantique l’Esprit de Dieu repose sur moi est un bel exemple d’exégèse musical au service de la compréhension de la mission de l’Eglise. Surtout lorsque l’on sait qu’il était utilisé chez les spiritains au moment où les religieux étaient consacrés et envoyés en mission.
Le refrain reconfigure les trois verbes qui structurent la prophétie d’Isaïe en Is 61, 1ab. On évoque l’inauguration de la mission du Christ selon saint Luc, lorsque Jésus lit ce passage dans la synagogue de Nazareth. Par sa répétition il m’est en valeur l’action de l’Esprit Saint : sans lui rien ne peut se faire.
Les couplets sont construits de manière systématique en 3 parties : A- B1/B2/B3/B4/B5- C. En voici les sources bibliques :
La partie A : Is 61,10/Lc 4,18-19, encyclique du Pie XI « Rerum ecclesiae » de 1926 qui évoque l’activité missionnaire de l’Eglise. L’Eglise en désignée en tant que Corps mystique du Christ. Avec le refrain, c’est le bien le Christ que Dieu a choisi, puis à sa suite, son corps mystique qu’est l’Eglise pour continuer son apostolat. Ainsi l’apostolat est ici compris, non pas au rang d’activité, mais avec la dignité d’une consécration, c’est-à-dire élevé au rang de « participation » à un sacerdoce, celui du Messie, c’est-à-dire du Christ. Cela sera confirmé par le décret sur l’apostolat des laïcs n°2 du Concile Vatican II.
Pour la partie B1 : Is 61,1b ; B2 : Is 61,1c ; B3 : Is 66,2 ; B4 : Is 61,1d ; B5 : Is 61,2a.
La partie C : Is 61,10 et Lc 1,46-51. Le couplet déploie l’exultation de joie sous l’action de l’Esprit-Saint selon la vision lucanienne (Lc 10,21-24).
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[1] A.G. MARTIMORT, Communiqué suite à la 6ème Congrégation générale du Concile Vatican II, 24 octobre 1962, in : Documentation Catholique, 1962, p.1475
[2] E. BOHLER, Ce que la liturgie doit aux Pères, in : Connaissance des Pères de l’Eglise, n°174, juin 2024
[3] Pie XII, Divino afflate spiritu, Vatican, 30 septembre 1943
[4] Pie XII, Mediator Dei, Vatican, 22 novembre 1947
[5] E. BOHLER, Lucien DEISS ou l’originale figure d’un exégète musicien, in Caecilia 01-2025, supplément numérique
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