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Qui donc est Dieu?

Commentaire du cantique "Qui donc est Dieu?"


Cote : MP 26-92-(1 à 6) / CNA 582-583

Ancienne Cote : L 26-92

Musique : Claude ROZIER (1924-1997),  MP 82-2

                  Jean-Paul LECOT (1947),  MP 82-3

                  Jean-Michel DIEUAIDE (1952) MP 26-92-4

                  Jo AKEPSIMAS (1940), MP 26-92-5

                  Gérard JACOB, MP 26-92-6



Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.


N°03, édition de juillet 2025.


Ouverture des Portes Saintes par le Pape François                                                                                    Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, 2015-2016
Ouverture des Portes Saintes par le Pape François Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, 2015-2016


Le texte de cette hymne, composé par le missionnaire Jean SERVEL (1912-1981), membre des Oblats de Marie Immaculée fondés à Aix-En-Provence en 1816 par Eugène de Mazenod (1782-1861), connut un cheminement assez hors norme dans l’histoire du chant liturgique.  

       Déjà parce qu’il est répertorié à la fois comme hymne pour la Liturgie des Heures, et comme cantique pour les célébrations eucharistiques. De plus, les côtes du SECLI mettent en lumière qu’il ne connut pas moins de six arrangements musicaux différents dont les compositeurs appartiennent à deux générations successives : ce qui révèle l’impact dans le temps.

Quel est donc ce texte pour qu’il s’inscrive ainsi dans la mémoire collective de générations différentes et suscite autant d’adaptation ?

 

 

La première raison est sans doute que nous oublions que cette hymne n’est faite que de questions ! Il n’y a aucune affirmation ! Cette ponctuation imprime déjà une interprétation précise où l’acte musical et vocal ne doivent pas être attestataires ou démonstratifs, mais uniquement sur le subtil registre de l’émerveillement.

Ensuite le texte est relativement long puisqu’il est composé de neuf quatrains, tout en sachant que deux versets sur quatre constituent une litanie répétant dix-huit fois « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? ».

On peut classer cette hymne dans la longue tradition des écrits apophatiques, c’est-à-dire qu’ils ne contiennent rien d’affirmatif et identitaire. Ou contraire tout est dans la retenu et la suggestion : Dieu est « au-delà de tout » et aucune formule ne pourra contenir ou cerner l’étendue de son mystère.

Si Dieu est insaisissable, est-ce pour autant que l’on ne peut pas le connaître ? Comme le manifeste toute l’Ecriture, Il se révèle à travers ses œuvres (Jn 10,38). Dieu est insaisissable parce que ses œuvres à travers lesquelles il se donne à connaître sont incompréhensibles, c’est-à-dire au-delà de ce que l’on peut imaginer ! Ici c’est plus particulièrement l’Amour qu’il nous porte qui est source d’émerveillement.

 

Mais où se trouvent ses œuvres qui nous manifestent son incompréhensible Amour ? A travers ces neuf strophes, l’ensemble du mystère de l’Incarnation se révèle. Au fond cette hymne est résolument christologique. Lors de l’Année Sainte 1950, le Pape Pie XII inaugura l’actuelle Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre où se trouvent fondus dans le bronze l’ensemble des mystères de la vie de Jésus-Christ ; par comparaison nous pouvons dire que chacune des neuf strophes représentent, sans les nommer, neuf tableaux de la vie de Jésus-Christ et sont autant d’Epiphanies de l’Amour !

 


En voici une brève synthèse biblique :

 

1.  Evocation de l’Incarnation, où par sa naissance, le Fils de Dieu se dépouille, s’abaisse et se fait vulnérable comme le chante saint Paul (Ph 2).

2. Jésus-Christ est modèle de la pauvreté, car le Fils de Dieu va naître dans une famille pauvre (Lc 2,22-24).

3. Comme pour les trois voyageurs avec Abraham (Gn 18,2), Jésus-Christ, durant son ministère, est invité à table, en particulier chez les pécheurs.

4. Comme l’a annoncé Isaïe (Is 35), Jésus-Christ, par son ministère, est venu apporter la consolation.

5.  Jésus-Christ est livré et se lamente, comme Jérémie (Lm), sur Jérusalem.

6. Jésus-Christ est crucifié et promet d’ouvrir les portes de son Royaume aux pécheurs repentis (Lc 23,43).

7.  Jésus-Christ crucifié donne sa mère à Jean l’évangéliste ainsi qu’à l’Eglise (Jn 19,26-27).

8.  Evocation du mystère eucharistique qui anticipe notre propre résurrection (Ph 3,21).

9.  Evocation de la glorification : nous sommes appelés à devenir fils avec le Fils et à partager sa Gloire (Rm 8,17-29).

 


Voilà une hymne que l’on pourrait parfaitement chanter durant une démarche jubilaire, avant de franchir une Porte Sainte.






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