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Lettres à Théophile, "Lettre d'amour et dialogues intérieurs ! " (1)


Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Mt 19, 16-22 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.

Lundi 19 août 2013.




LETTRE DE THEOPHILE:

Salut mon cher,


Je trouve cet évangile assez ironique !

Non les commandements que je trouve vertueux et pleins de sagesses, mais le dernier point que Jésus fait remarquer à l'homme qui l'interpelle. Il lui fait remarquer que pour atteindre le stade ultime de l'être parfait il faut vendre ses biens et les donner aux pauvres. En d'autre mots être pauvre parmi les pauvres.


Or, depuis la naissance de l'Église Catholique en tant qu'institution composée d'une hiérarchie, plus je regarde au-dessus des simples gens laïques comme moi (c'est à dire les évêques, les cardinaux, les papes) plus je constate que ce sont des personnes de grandes richesses … Et sur ce point on ne peut que être d'accord...


Alors quelle leçon Jésus donne t-il au monde quand nos propres dirigeants, si tu me permets ce terme, s'en vont tout triste, car ils avaient de grands biens au même titre que le jeune homme dans l'évangile …


Je me demande parfois si nous sommes encore au XXIème siècle des fidèles descendants des premiers apôtres qui avaient tout abandonnés pour suivre le christ.


Sur cette vision un peu pessimiste accompagnée par un temps maussade je te laisse...


Ton ami

* *

*

REPONSE A THEOPHILE:

Salut,

Je vois que depuis le temps où nous ne nous sommes pas parlé tu n’as perdu ton idéalisme et ta fougue de jeunesse!


Je vais reprendre à l’envers le questionnement que tu te poses.

Tu es d’accord avec moi pour dire que ce jeune riche possède des biens. C’est sa propriété. Or, on ne peut confondre la propriété personnelle du pape ou de n’importe quelle ponte ecclésiastique, et la propriété de l’Eglise.

Les trésors architecturaux du Vatican ne sont pas la propriété du pape, mais de l’Eglise : C’est ce que l’on appelle un bien commun. Au même titre que l’Elysée ou le palais Matignon font partis du bien commun de l’Etat. Or, il faut bien discerner ce qui relève du bien commun et bien personnel. L’Evangile parle du bien personnel uniquement.


Mais comme dit l’Evangile dans un autre passage, avant de voir la paille dans l’œil du voisin, regarde la poutre dans ton œil.

Et oui Théophile, regardons selon ton étonnante expression « la vie des simples laïcs »...

Et toi, qui prépare encore ton avenir, seras-tu prêt à vendre des aspects du quotidien ? Seras-tu prêt à vendre une recherche de carrière ayant pour conséquence un épanouissement exclusivement personnel comme beaucoup pensent leur avenir avant même d’entrer dans le monde de travail ? Seras-tu prêt à vendre le fait de choisir un métier uniquement pour la bonne paye, la quantité de de vacances, et les avantages en nature comme certains jeunes étudiants lorsqu’ils cherchent quoi faire de leurs vies?


Permet-moi de poursuivre logiquement le raisonnement avec ton angle d’attaque.

Si c’est l’accumulation des richesses personnelles qui semblent poser un problème dans l’Evangile, alors pour suivre le Seigneur il faut en toute logique, ne pas en accumuler : renoncer à toute idée d’enrichissement ?


Accepterais-tu un projet de vie où tu vas fuir l’accumulation des richesses, la recherche du profit ou tout simplement l’idée même d’enrichissement ? Vivre comme les parfaits stoïciens, c’est-à-dire juste le minimum vital?

Seras-tu prêt à accepter de renoncer à certains avantages sociaux acquis parce que l’on aura plus les moyens de financer comme avant, pour permettre à tous de recevoir quelque chose ? Seras-tu prêt à vendre une partie de ton pouvoir d’achat perso, de le baisser pour partager avec ceux qui n’en ont plus ?

En plus seras-tu prêt à vendre tous les avantages en nature que les fonctions publiques ou privées pourront te proposer ?


Si tu es un futur élu, tu devrais, au nom de l’Evangile, refuser personnellement les logements de fonctions chauffeurs et compagnies, pour vivre comme tous les citoyens, afin que ton salaire ne soit pas que de l’argent de poche.

Si tu reçois en plus de ton salaire, une participation substantielle au bénéfice d’une entreprise privée, en toute logique évangélique, tu devrais alors la refuser ou la vendre non ?


C’est complètement absurde mon raisonnement n’est-ce pas? Tu as bien raison !

Mon raisonnement conduit à l’absurde et à une impasse radicale et étriquée, lorsque l’on emprunte ton angle d’approche!

Ce qui rend absurde par la même occasion le vieux serpent de mer sur les richesses de l’Eglise.


Cette preuve par l’absurde nous permet de saisir que l’essentiel est ailleurs ! L’Evangile ne dit pas si cet homme va suivre Jésus ou pas…

Allons-nous pouvoir SUIVRE Jésus ? Le chercher ? Voilà le vrai fond du problème : en fait il faut mettre en vente, ce qui empêche de le suivre, empêche d’être un chrétien authentique, et ce n’est pas fondamentalement les richesses mais le mauvais esprit qui peut les habiter ! En sommes il faudrait « exorciser » le principe d’enrichissement, et renoncer à tout égoïsme : voilà à mon sens le vrai problème !


Je te laisse avec cette question.


Ton ami

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