Lettres à Théophile, "D'un monde à l'autre... " (4)
- bohleremmanuel
- 4 déc. 2020
- 3 min de lecture
Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 21, 20-28 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.
Jeudi 27 novembre 2014.

"Christ devant le Grand-Prêtre " (1617)
ECHANGE AVEC THEOPHILE:
La Miséricorde entre la fin d’un monde et la fin du monde…
* *
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THEOPHILE : Salut, l’ami !
LE NARRATEUR : Tiens, bien le bonjour Théophile.
Dis-donc tu m’as l’air songeur ce matin ? A quoi penses-tu ?
La journée a-t-elle mal commencée ?
THEOPHILE : Il y a une belle image qui ne cesse de me parler, c'est celle du plafond de la chapelle Sixtine du Vatican où Michel-Ange à peint Dieu et Adam tendant les mains l'un vers l'autre mais sans que celles-ci se touchent.
J'y comprends que Dieu nous guide mais nous laisse un principe fondamental celui du libre-arbitre.
Pour autant dans l'évangile de ce jour je ressens comme une volonté dans le Jugement Dernier et dans celle du sort réserver aux hommes de s'opposer à ce principe et à nous imposer contre notre volonté la souffrance. Pourquoi alors la Gloire de Dieu s'oppose-t-elle à la liberté qu'il nous a donnée ? N'est-ce pas une fin qui rend le début antinomique ?
LE NARRATEUR : Oh là….
Tu vas bien loin dans cet Evangile, et ton songe et ta mémoire t’emmène plus loin que le texte ! Redescend du plafond de la chapelle Sixtine, et reviens au texte.
N’as-tu pas remarqué un contraste dans le texte ?
A l’image des doigts selon Michel-Ange, n’y a-t-il pas 2 choses désignées ?
THEOPHILE : Euh… Maintenant que tu me le dis, je me rends compte, qu’il y a l’allusion de la destruction de Jérusalem...
Et puis tout de suite, les signes cosmiques avec le retour du Fils de l’Homme.
Tu as raison, on dirait qu’il y à 2 récits en un, 2 réalités : une réalité humaine comme le doigt d’Adam, et une réalité divine comme le doigt de Dieu.
Il y a 2 réalités qui se rencontrent…
LE NARRATEUR : Tu as raison Théophile!
La destruction de Jérusalem ainsi racontée, ressemble au souvenir lointain de sa destruction au moment de l’exil à Babylone.
Le souvenir de cet exil, historique et passé, est « la fin d’un monde ».
Par contre, on y associe sans trop savoir pourquoi une annonce pour un futur indéterminé: « la fin du monde » avec la description de ce retour du Fils de l’homme.
Dans le premier cas le souvenir de l’exil convoque bien l’idée de souffrances, mais dans le deuxième cas, c’est l’idée de la résurrection, du salut de Dieu avec l’expression « redressez-vous ! »
On passe d’un monde à l’autre !
Pourtant, dans l’Ancien testament, le souvenir de l’exil à Babylone est riche car il ressemble aussi à un pèlerinage intérieur. L’exil manifeste que l’homme a conscience de sa faute envers Dieu, mais en même temps il lui renouvelle radicalement sa foi.
Et puis Dieu s’y manifeste comme celui qui vient pour sauver son peuple infidèle: il lui témoigne son amour.
Ainsi, si Jésus rappelle le souvenir de l’exil, ce n’est pas pour imposer la souffrance contre la volonté de l’homme, mais c’est pour rappeler que la vie des hommes est par nature un chemin tortueux en ce monde, les invitant à un pèlerinage intérieur.
Comme jadis, c’est-à-dire accueillir librement le salut de Dieu et consentir à revenir vers lui de tout notre coeur!
Et le moment le plus beau où Dieu manifestera son amour miséricordieux et où l’on pourra revenir vers Lui, sera lors de « la fin du monde ».
Alors tiens bon dans le foi !
THEOPHILE : Pourtant dans cette "fin du monde" selon saint Luc, ressemblant à une scène apocalyptique, je souhaité soulever la problématique de la rédemption.
Tu le sais bien que c'est à la mode de vouloir unifier les gens et de rendre les réalités "pour tous", mais ma question sera simple: la rédemption est elle vraiment pour tous ?
Pour tout homme bon ou non mais espérant la magnanimité de Dieu ?
LE NARRATEUR : Je suis surpris de ta question ?
Toi qui viens à la messe, n’as-tu pas encore entendu la parole de Jésus que l’on entend à chaque fois ? « Le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude »…
Le calice à la messe nous rappelle que ce salut est proposé à tous !
Et que quelque part, la messe devient ce lieu où déjà le Fils de l’homme est en train de revenir…
Certes discrètement... Mais sûrement!
THEOPHILE : Merci pour tout, je me sauve.Ton ami
LE NARRATEUR : Bonne journée également, mais pas trop dans les nuages….
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