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Lettres à Théophile, "D'un monde à l'autre... " (5)


Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 21, 29-33 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.

Vendredi 28 novembre 2014.




ECHANGE AVEC THEOPHILE:

Théologie du corps et originalité chrétienne…


* *

*


THEOPHILE : Salut mon cher,



LE NARRATEUR : Salut Théophile !

Oh mais dis donc tu en fais une tête ?

Tu sembles contrarié ?



THEOPHILE : Bah….

Avec cette semaine qui nous raconte jour après jour l’apocalypse selon Luc

Cela n'a pas l'avantage de me donner la pêche et le sourire !

En revanche je discutais hier soir avec une amie et elle me disait qu'elle n'arrivait pas à donner sens à sa vie et qu'elle n'avait comme unique but, que de faire ce qui lui plaît.

C'est une scientifique à la fibre un peu littéraire et elle me lançait, sans que je sache y répondre: « la foi peut sauver l'homme, mais quand on regarde l'univers en entier, cet espace si immense et riche, comment croire que Dieu veuille sauver la terre, alors que c'est une chose si minuscule et si insignifiante ? ».



LE NARRATEUR : A merveilleuse jeune fille qui t’a cloué le bec !

Cela devrait être la fin d’un monde pour toi… Quelle apocalypse non ?

En plus avec une expression que je pourrais gratifier avec les mots mêmes de Jésus : « Je te bénis Seigneur du Ciel et de la terre d’avoir caché cela aux sages et aux savants… Et encore plus aux élèves des écoles supérieures ! Et l’avoir révélé aux scientifiques sans fibre littéraire !»

Sa réponse est intéressante et rejoins l’évangile dont tu m’as parlé où se dessine le statut de la création…

Ton amie se rend compte de l’univers, de cet espace, de sa complexité qui témoigne de sa richesse, mais en même temps l’insignifiance de notre petit monde.

Elle se rend compte du jeu de proportion entre l’infiniment grand et l’infiniment petit…


A l’image de Jésus parlant de l’alternance des saisons et de l’évolution de son figuier…

Pour Jésus, cette création devient signe qui lui permet de considérer son avènement, et celui du monde nouveau, qui germe en même temps que l’ancien…


Pour ton amie, sa compréhension scientifique du monde devient un signe qui lui permet d’envisager un dilemme : pourquoi sauver ce qui est infiniment petit, lorsque l’on est infiniment grand !

Sa vision scientifique devient un signe pour comprendre comment Dieu lui-même considère sa création. Et son étonnement est le signe même de cet inouï divin qui vient au secours de tout ce qui est fragile !

Son étonnement est en correspondance avec la vision que l’on se fait actuellement d’un monde, et que nous construisons en plus, où il est détestable et dégradant qu’un fort vienne au secours d’un faible.

Pourtant l’inouïe de Dieu, nous fait passer vers un monde où la grandeur de l’homme se mesurera dans sa capacité de s’abaisser vers les plus petits, à l’image de l’abaissement même de Dieu envers sa création !




THEOPHILE : OK, mais ce qu'il y a d'encore plus intriguant c'est cette dernière phrase de l'évangile de ce jour « mes paroles ne passeront pas ».

Comme si à travers ces quelques mots, Jésus nous invitait à reprendre une mission dont la terre qui passe signifie le corps, source du mal car de nos envies ; et où la parole serait la foi, source du bien car de la raison et de l'amour.

Nous rappelle-t-il seulement dans ces prédications du Royaume de Dieu qui approche plutôt un renouvellement spirituel ?



LE NARRATEUR : Oh là cher Théophile… Te voilà à nouveau dualiste ?…

N’y a-t-il que le corps qui soit source de mal parce qu’il est en prise avec les envies ?

Ta parole est-elle toujours droite et vraie ? Elle ne convoite jamais ?

Ta parole est-elle toujours en lien avec ta raison ?

Ta raison est-elle toujours éclairée ?

De même que ton amour, est-il calculateur ou désintéressé ?

Au contraire, ne devrais-tu pas renouveler ton rapport au corps et quitter le monde ancien de la culpabilité vis-à-vis de lui ?


Car c’est ce corps qui est la caisse de résonnance pour que ta voix puisse porter dans l'espace (et le temps...) Rappelle-toi tes cours de chant!

C’est ton corps qui abrite ta raison, car en te voyant, je ne vois pas qu’un cerveau, mais un visage !

Et puis, je ne crois pas que tu aimes sans passer par la médiation de ton corps, à moins que tes amours ne soient tellement platoniques.

La prédication sur les Fins dernières dans l’Evangile de Luc, manifeste la volonté de Dieu, de ne pas uniquement sauver notre âme, mais tout ce qui fait notre nature humaine : c’est-à-dire âme et corps !


Le christianisme affirme avec foi, la rédemption du corps, allant jusqu’à son ascension dans les réalités divines.

Jésus est ressuscité et est monté au ciel avec son corps renouvelé ! On a pu le toucher (donc le corps ressuscité est une réalité physique) mais on a pas pu le reconnaitre tout de suite (c’est donc un changement).


C’est cette parole qui ne passera pas, parce qu’elle est divine !

Dans son humanité, lorsque Jésus parle, c’est Dieu qui parle !

C’est cette parole qui nous a révélé un tel mystère !

Cette parole divine a été créatrice au début, et elle nous recréa à la fin ! Parole éternelle parce qu’elle fera advenir !


La prédication du Royaume de Dieu, est plus qu’un renouvellement spirituel !

C’est la confirmation de l’originalité du christianisme : Dieu a pris le risque d’un corps!

Noël nous rappelle que Dieu est descendu pour prendre corps !

Pâques nous rappelle que le corps est entrée dans la réalité divine !

Si le corps est le signe de passages de mondes éphémères à un autre, passage difficile a bien des aspects car il est ce qui nous pèse le plus dans l’existence… Il est le signe d’un avenir !

Un avenir que Dieu a choisi, en s’abaissant et en prenant sur lui, ce qui nous rappelle le plus notre finitude et notre vulnérabilité !


D’après l’Evangile, à « la fin du monde », dans la puissance de son Esprit, en plus de son amour et de son salut, Dieu nous redonnera un corps à l’image du Corps Glorieux de son Fils, parachèvement de ce que nous avons été ici-bas !

Comme ton amie, dans cet étonnement crois !


THEOPHILE : Là c’est toi qui me cloue le bec !

Je te laisse !Ton ami

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