Lettres à Théophile, "Lettre d'amour et dialogues intérieurs ! " (3)

Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Mt 20, 01-06 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.

Mercredi 21 août 2013.

"Le jeune homme riche " (2017) de Andreï Nikolaïevitch MIRONOV (1975- )

LETTRE DE THEOPHILE:

Salut mon cher,

Je vais rentrer tout de suite dans le vif du sujet car il faut qu'on se le dise, cette parabole est forte étrange! Surtout quand on à notre vision moderne de la recherche du profit et de notre relation avare avec l'argent.

Mais je ne suis pas non plus entièrement dénué de bon sens et je comprends qu'il ne faut pas lire cet évangile sans en rechercher la signification.

Alors d'accord oui, c'est vrai les derniers seront les premiers et vice versa au paradis. Mais là, concrètement, Jésus quand il parlait à la foule, comment voulait il convertir les gens quand il dit que le dernier des ouvriers de la vigne arrivé touchera autant que les premiers arrivés le matin ? Ça n'a aucun sens rationnel à mes yeux et surement également à ceux de l'époque. Car les premiers qui seront les derniers au Paradis ce sont bien les pêcheurs ou les riches et les premiers au Paradis les pauvres.

Alors pourquoi les assimiler à des ouvriers tous égaux ?

C'est toujours sur tant de questionnements que je te laisse,

Ton ami

* *

*

REPONSE A THEOPHILE:

Mon cher Théophile,

En es-tu si sur que cet Evangile dépasse le sens rationnel ?

Est-il injuste ?

Je dirai qu’il est complètement rationnel et parfaitement juste, cela pour plusieurs points.

Le premier point a déjà été souligné par le Maître lui-même lorsqu’il se défend.

Le contrat était signé en bonne et due forme depuis le début.

La somme d’une pièce d’argent est une somme considérable qui ne manifeste en aucune manière une forme d’exploitation de ceux qui ont travaillé depuis le début. Ils sont très bien payés pour le salaire d’une journée.

Donc pas d’injustice ! Ce qui est certes irrationnel c’est la volonté de ce Maître de donner pour une heure, un juste salaire pour une journée.

Donc d’un point de vue rationnel, vis à vis des ouvriers il n’y a rien à redire.

Par contre, nous nous fixons tous sur la réaction de l’ouvrier de la première heure ?

Pourquoi ? Parce que c’est la comparaison qui engendre une réaction irrationnelle et pour le coup injustice. Cet ouvrier compare très mal, parce qu’il compare en fonction de lui-même : il a reçu moins que l’autre donc c’est un injuste : Ayant travaillé toute la journée, je ne dois pas recevoir moins.

Comme il compare en fonction de lui-même, il en oubli qu’il a un contrat établi en bonne et due forme avec l’employeur, et un contrat plus que bien payé pour une journée.

En fait, il compare en fonction de lui et surtout de ses mérites. La comparaison en fonction de l’orgueil que nous tirons de nos mérites : voilà ce qui conduit à l’injustice, voilà ce qui conduit à ce qui est profondément irrationnel :

Or à travers le Maître, c’est la gratuité même de l’amour de Dieu, qui n’a pas d’heure et qui n’est pas un du en fonction de nos mérites.

Il avait bien raison le fondateur du Secours Catholique, Monseigneur Jean RODHAIN, lorsqu’il disait que la Charité n’a pas d’heure !

Oui l’amour de Dieu est irrationnel pour nous, pauvres humains !

Car qui arrive à aimer, et à donner sans compter à n’importe quelle heure ? Sinon Dieu seul !

Bonne journée, ton ami !