Lettres à Théophile, "Lettre d'amour et dialogues intérieurs ! " (6)

Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Jn 1, 45-50 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.

Samedi 24 août 2013.

"Le jeune homme riche " (2017) de Andreï Nikolaïevitch MIRONOV (1975- )

LETTRE DE THEOPHILE:

Salut,

Je voulais en cette journée ensoleillée, où je vais devoir me préparer à travailler cet été pour avoir mon BAFA, te remercier encore car tu réponds à toutes mes questions, à mes doutes et que tu me guides en quelque sorte.

Cela à une grande importance pour moi, alors merci !

Tu vas me prendre d'ailleurs pour un fou mais sais-tu à qui me fait penser Nathanaël aujourd'hui, en disant que rien de bon ne pouvait sortir de Nazareth ?

A cette chère Bernadette Soubirous qui était pauvre et pas de bonne famille… Une fille sortie de nulle part mais qui devenue sainte. Elle, au même titre que le Fils de Dieu, n'est pas née dans des palais ou dans de grandes familles.

Pour avoir fait un pèlerinage à Lourdes je me demandais comment Dieu, s'Il guérit des hommes, entre guillemets les choisis ?

Nathanaël par exemple est tout de suite vu par Jésus comme quelqu'un de bon, à qui il promet de grandes choses à voir, alors que d'autres ne seront jamais appelé fils d'Israël ?

Tu peux comprendre qu'une différence de traitement, ou alors le fait que nous ne sommes pas tous digne de la Miséricorde du Père, pose des questions quant à soi !

Suis-je, et sommes-nous tous ces appelés peu nombreux ? Ces sauvés ou miraculés ?

Bien à toi,

Ton ami

* *

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REPONSE A THEOPHILE:

Mon cher Théophile,

Sans t’en rendre compte, tu poses une question cruciale que certains théologiens se posent encore aujourd’hui. Jésus est-il mort pour TOUS, pour la multitude, ou bien uniquement pour quelques uns ?

La figure de Nathanaël et ta comparaison avec Bernadette SOUBIROUS en est un bel exemple. Dans l’un et l’autre cas, tout se joue à travers un lieu.

On se pose des questions sur l’origine de Jésus : il vient d’un « trou paumé » !

Le Fils de Dieu viendrait-il de nulle part ?

Nathanaël se pose cette question et il a du mal à croire que le Messie puisse venir de manière aussi discrète et banale dans le monde.

Mais celui qui « vient comme de nulle part » fait de grandes choses : il met en lumière qu’il sonde les cœurs en reconnaissant Nathanaël pour ce qu’il est.

Mais il lui révèle en plus sa vocation de devenir apôtre: il lui sonde les reins, c’est-à-dire la force qu’il va déployer dans sa vie future. En effet, Barthélemy sera martyrisé par arrachement de la peau.

Celui qui « vient de nulle part » révèle que chaque personne n’est pas quelqu’un de banal, de sans importance, « venant de nulle part »...

Bien au contraire !

Chaque personne a une vocation, une histoire sainte en germe !

Et cette vocation n’est pas réservée à quelques-uns : elle est proposée à tous !

Il y a une belle mise en abîme dans ce récit.

Celui qui doute parce que Jésus « vient de nulle part » découvre en fait que c’est sa propre vie, sa propre histoire qui devient ce « lieu »... Mystérieux et inconnu...

Un lieu inconnu mais qui ne vient pas de nulle part.

C’est un Inconnu discret qui ouvre les plus beaux chemins insoupçonnés de l’existence humaine.

Tout est dans la discrétion : Alors sache y demeurer Théophile, et tu verras comment par hasard, tu découvriras la route inouïe qu’il te dévoilera.

Bonne journée.

Ton ami.

PS:

Merci à Alexandre DE LA FILOLIE d'avoir bien voulu jouer ce rôle de Théophile, et de se prêter au jeu de la rédaction de ses questions face aux différents Evangiles.