« Vous qui avez soif», G. DU BOULAY
- bohleremmanuel
- 2 déc. 2020
- 3 min de lecture
Libre commentaire du cantique « Vous qui avez soif » (CNA 789).
Texte et musique de G. Du BOULAY.
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg, n°05, édition de octobre 2016.

Tabgha (Lac de Tibérade, Terre Sainte)
Dans le recueil « Chants notés de l’assemblée » (CNA), il est classé dans la catégorie « Temps de prière ». En cette année jubilaire de la Miséricorde, il peut être utilisé dans le cadre de veillée de prière, ou bien dans le cadre plus précis de célébrations pénitentielles avec ou sans absolution. Il peut également être utilisé durant le temps de l’avent.
La richesse de ce chant réside davantage dans la construction narrative de son texte, que de sa mise en musique.
Il y a un déséquilibre entre la qualité narrative et la qualité musicale.
Le refrain et les 4 couplets proposent une synthèse assez admirable du Livre d’Isaïe aux chapitres 54 et 55.
Le refrain s’inspire du chapitre 54 et les couplets du chapitre 55.
D’un point de vue exégétique le chapitre 54 évoque le mystère de la Réconciliation, où malgré l’infidélité de son peuple, Dieu lui reste fidèle.
Malgré sa faute et la désolation dans laquelle le peuple se trouve (Is 54, 1-4), sa fidélité va se manifester par un salut qui est proche (Is 54, 5).
Par fidélité (Is 54, 10), Dieu va sauver et aimer ceux qui sont devenus pauvres par leur égarement envers sa Parole.
Le salut est annoncé et la Miséricorde va se manifester (Is 54, 7-8). La joie vocale de ceux qui sont perdus devance l’accomplissement du mystère de la réconciliation avec Dieu.
C’est pourquoi le refrain, invitant à la louange ceux qui sont pauvres de cœur, correspond à cet appel.
On y annonce le salut et on invite à regarder celui qui vient, parce qu’il nous aime.
Le refrain expose à lui seul, le sens de l’Incarnation de Jésus-Christ, ainsi que le sens spirituel du temps liturgique de l’avent.
Quant au chapitre 55 du Livre d’Isaïe, il raconte comment va se manifester cette œuvre de Miséricorde.
Il y a une logique évolutive dans les couplets, qu’ils conviendraient de chanter en intégralité pour conserver toute la dynamique biblique qui lui est sous-jacente.
Le couplet 1, emprunté à Is 55, 1, expose la symbolique de l’eau qui purifie et du banquet où Dieu nourrira son peuple. Allusion baptismale et eucharistique du mystère de la Miséricorde.
Le couplet 2, emprunté à Is 55, 3, rappelle l’engagement à écouter la Parole d’Alliance. Dieu est fidèle parce que sa Parole est gage de fidélité. La fidélité de Dieu dans sa parole rappelle que cette dernière est créatrice (Gn 1).
Le couplet 3, emprunté à Is 55, 6-7, est un rappel du refrain qui invitait à chercher et à revenir vers le Seigneur tendre et Miséricordieux.
Le couplet 4, emprunté à Is 55, 10—11, associe la symbolique de l’eau et de la parole. L’eau fait germer la nourriture et la Parole fait germer l’alliance et la Miséricorde. Ce dernier couplet synthétise l’ensemble des éléments exposés dans les 3 autres couplets. Il propose une catéchèse baptismale en lien avec le repas eucharistique. En outre il expose les thèmes qui seront déployés dans le discours sur le Pain de Vie (Jn 6) au sein de l’évangile selon saint Jean.
La musique suit assez bien les inflexions et les périodes du texte.
La mélodie du refrain se compose de 2 périodes, elles-mêmes divisées en 2 sections.
La mélodie du couplet se divise en 2 périodes, sans sous-division.
Cependant, on peut noter qu’il est dommage que la ligne musicale ne soit pas de la même densité et de la même profondeur que le texte.
Si la musique doit suivre la construction narrative du texte, elle doit également s’associer au chemin intérieur qu’il propose afin d’être en harmonie avec lui.
Sinon elle risque de nous en détourner.
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