« Peuples du monde entier », Didier RIMAUD et G. MAYER
- bohleremmanuel
- 2 déc. 2020
- 3 min de lecture
Libre commentaire musical du cantique « Peuples du monde entier» VY 54-38-01 dont le texte est de Didier RIMAUD/CNPL et la musique de G. MAYER.
Article publié dans la revue CAECILIA, n°02, édition de mars 2016.

« Magnificat » (1716) de Jean JOUVENET (1644-1717)
Ce chant, adoptant la forme tropaire (stance-refrain-versets), permet par sa facture textuelle et musicale, de vivre une expérience de pèlerinage, conduisant à entrer davantage dans l’intelligence du récit biblique de la Visitation (Lc 1 39-56).
Les 4 versets sont une véritable tapisserie biblique, rythmée par un refrain secondaire extrait du cantique de la Vierge Marie : « saint est son nom ».
Ils sont composés de 3 sections, reconnaissables par un refrain secondaire chanté 3 fois.
La dernière section de chaque verset, fait entendre des extraits continus du Magnificat, à partir de « saint est son nom » jusqu’au « renvoie les riches les mains vides ».
Ces citations permettent de comprendre la sainteté de Dieu.
Quant aux 2 premières sections de chaque verset, elles sont des emprunts de l’Ancien Testament.
En opérant des liens avec le texte du Magnificat, Didier RIMAUD fait œuvre d’exégète : il montre en quoi le Magnificat est une parfaite synthèse intertextuelle, attestant que la louange est en lien avec l’accomplissement des Ecritures.
Verset 1, nous avons : Jg 1, 03 et Ps 67 (68), 34.
Verset 2, nous avons : Ps 67 (68), 6 (ou Jr 22, 3 ou Jr 49,11 ou Jb 29,12 ).
Verset 3, nous avons : Ps 67 (68), 7.
Verset 4, nous avons : Ps 112 (113), 9.
Pour chaque verset, nous vivons ce chemin : en chantant des extraits de 3 textes de l’Ancien Testament, en particulier le psaume 67 (68), nous arrivons à donner du relief à certains versets du Magnificat.
L’importance du psaume 67 (68) n’est sans intérêt, car il chante le récit d’une libération : Dieu est celui qui vient pour être un libérateur.
Ainsi, en chantant son cantique d’action de grâce, Marie rend grâce pour « Celui qui vient » car elle le reconnait vraiment comme « Fils de Dieu ». Mais en même temps, elle annonce sa mission : libérer son peuple de la servitude du péché.
Le refrain nous fait reconnaître en « Celui qui vient » non seulement Dieu mais un roi. Nous sommes déjà associés à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et à la question fondamentale de la Passion : est-il vraiment un roi qui va libérer son peuple ?
Le refrain est composé d’une citation du psaume 96 (97), 1. Tout comme le psaume 67 (68), le psaume 96 (97) parle de la venue de Dieu pour libérer son peuple. Avant même d’être libéré, le peuple chante son Dieu qui vient pour le sauver. Avant même d’être libéré, le peuple est comme « entouré » de « chant de délivrance » (Ps 31 (32), 7).
C’est ainsi que le Magnificat est par excellence ce chant anticipé du peuple, parce qu’il sait qu’il sera sauvé par « Celui qui va venir ».
Quant à la stance, elle nous place dans la dynamique de la Pentecôte : on y parle du rassemblement des croyants où l’Esprit est donné, où Marie devient modèle de foi pour les croyants mais surtout modèle d’action de grâce et de louange.
Ainsi ce chant nous permet de faire un chemin de foi, tourné résolument vers l’avenir. Par la stance l’assemblée se remet dans la dynamique de la pentecôte. Par le refrain elle se met dans l’attente croyante de celui qui va « re-venir ». Par les versets, le lien entre les textes de l’Ancien Testament et le Magnificat font de ce dernier une authentique école d’action de grâce envers Celui qui va « re-venir » !
La musique est en harmonie avec cette « tapisserie biblique », car elle faite de petites cellules musicales identifiables et mémorisables, se développant avec le principe de la variation, donnant le sentiment d’un perpétuel mouvement où les éléments se transforment petit à petit.
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