Lettres à Théophile, "Entre foi et raison, il est libre l'arbitre ! " (6)
- bohleremmanuel
- 2 déc. 2020
- 3 min de lecture
Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Mc 4, 35-41 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.
Samedi 1er février 2014.

"Socrate enseignant " (1811) de José APARICIO (1770-1838)
LETTRE DE THEOPHILE:
Bonjour,
Je profite de cette parole de saint Marc d'aujourd'hui pour te remercier de prendre du temps pour me répondre, même quand parfois mes questions sont assez étranges ou très étranges.
Je ne cesse de le dire au cours de notre relation épistolaire mais ça me fait du bien spirituellement d’échanger avec toi.
En parlant d'ailleurs de spiritualité, tu souligneras ma merveilleuse transition, dans cet évangile Jésus après une longue journée de prêche s'endort sur une barque et constate que ces disciples craignent une tempête remplissant le bateau et leurs demande ou est passé leur foi?
Drôle de question quand un phénomène naturelle menace notre vie, et d'autant plus que Jésus à ce moment-là se lève et fait taire la tempête. Lui-même Fils de Dieu, il calme le vent et s'interroge face à l’inquiétude de ces compagnons ; alors que ces disciples n'ont que leurs bras pour réellement survivre face à une montée d'eau.
Si on prend le sens de la phrase de Jésus comme telle alors il ne rejette pas réellement la peur des disciples de l'eau mais de celle de mourir, sinon comment comprendre sa remarque?
Concernant son miracle, je me dis parfois que si actuellement beaucoup de gens quittent les portes des églises, c'est peut-être parce qu'il ne s'en produit plus comme il s'en produisait à l'époque ou Jésus en faisait face à une foule.
Comment sans preuves de la Toute-Puissance de Dieu, l'Homme rationnel doit-il faire entièrement confiance au Christ?
Les apôtres avait vu, alors qu'aujourd'hui nous croyons sans avoir vu le Christ de chair. C'est peut être un peu trop simple comme conclusion mais je me l'a pose,
A plus tard,
Ton ami
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REPONSE A THEOPHILE:
Mon cher Théophile,
Fais attention à la manière dont tu conçois les miracles...
J’ai le sentiment que tu les considères comme une sorte d’argument d’autorité, et la Toute-Puissance de Dieu comme une forme d’imposition.
Au contraire, c’est parce que Dieu s’adresse à des hommes raisonnés, qu’il ne peut prendre le chemin où la raison n’a aucun droit de citer.
Le miracle perçu comme un argument d’autorité, une imposition, alors la raison ne sert plus à rien!
Dieu s’imposerait et l’homme n’aurait aucune possibilité d’adhérer librement par le cœur... Ni même le désir de chercher Dieu par l’approfondissement raisonné...
Mais tu as raison de dire que Jésus et son miracle sont là vis-à-vis de la peur de mourir ! Jésus est celui qui en donnant des ordres au vent et à la mer déchainée, manifeste son pouvoir sur la mort. Il prépare les disciples à croire l’évènement central de sa vie : sa descente aux séjours de morts et sa résurrection d’entre les morts en libérant tous ceux que la mort retenait captif.
Pourtant au matin de Pâques, pas de miracle spectaculaire mais un signe !
Un tombeau vide...
Le miracle va préparer les disciples à croire aux SIGNES que Jésus posera.
Le signe est l’antithèse de l’imposition par la force !
Or les signes sont des éléments raisonnables qui permettent à l’homme de raisonner...
C'est à dire de les approfondir et de pouvoir y adhérer dans la foi par un élan du coeur.
Et pourtant dans l’Eglise, la discrétion du matin demeure, les signes proposés par le Christ sont là, et constituent l’assemblée des chrétiens…
Mais tout est toujours aussi discret…
Alors face à un discret, une seule solution : Tendre l’oreille et ton cœur !
Tu entendras, et tu comprendras…
A bientôt pour d'autres lettres,
Ton ami.
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En remerciant Alexandre DE LA FILOLIE, lycéen
pour s'être prêté à cette aventure du commentaire d'évangile,
et pour ses questions sous forme de lettres.
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