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Lettres à Théophile, "D'un monde à l'autre... " (1)


Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 21, 1-4 sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.

Lundi 24 novembre 2014.




ECHANGE AVEC THEOPHILE:

S’offrir soi-même et la capacité de se donner…


* *

*


THEOPHILE : Bonjour mon ami,


LE NARRATEUR : Bonjour Théophile! Tu as voulu me voir cette fois-ci au lieu de m’écrire!


THEOPHILE : Oui c’est plus simple de se rencontrer pour parler de l’Evangile!

Mais vers quel monde allons-nous ?

L’histoire de la veuve et sa piécette par exemple.

Quelle parabole dite et redite sous toutes ses coutures !

Autant de fois que j'ai fini par me demandé pourquoi la raconter nous si souvent ?

Et surtout qu'en tirer nous comme leçon ?



LE NARRATEUR : Oh tu sais, elle n’est pas plus entendue que certaines histoires de l’Evangile.

Mais par contre, on la reçoit trop souvent comme une simple morale, une belle histoire inventée, déconnectée de la réalité ?

Tiens ! Toi par exemple ?

Est-ce que tu te vois pratiquer le don concrètement?

Peut-être te vois-tu déjà riche ?



THEOPHILE : Moi ?

Je me vois déjà plus tard, peut être rapidement, ingénieur et vivant confortablement.

Et surtout loin de donner le vrai surplus d'argent dont je disposerai, comme beaucoup d’hypocrites par ailleurs.

Mais alors, comment concrètement accéder au fondement de ce précepte si primordial qu'est le don ?



LE NARRATEUR: Tu as bien raison Théophile, car on pourrait se poser la question de savoir si le don ne devrait pas être tout simplement inscrit dans la Loi pour devenir un élément constitutif, et ainsi éviter l’hypocrisie.

As-tu un exemple de personnes qui ont encouragé dans ce sens ?



THEOPHILE : A ma connaissance, je pense à Saint Louis !

Le partage, l'équité si chère à son coeur, au sens de tomber dans cette indigence m’interroge. Mais il est vrai que son exemplarité n’est jamais devenu un modèle légal !

Il n’a jamais imposé de vivre la charité selon ses goûts franciscains.

C’est plus un idéal personnel qu’il a proposé.

Sinon il n’y aurait plus l’élan généreux du cœur, qui lui ne peut s’enfermer dans une loi.

Mais tu vois, actuellement dans un monde où l'individualisme sévit encore plus, si l’on ne peut pas forcer les gens à donner sous le coup de lois ou de déductions fiscales, comment ne pas briser l’élan de la générosité ?

Ce symbole est il donc resté un symbole ?

Comment l'accorder avec notre vie quotidienne ?



LE NARRATEUR : Tu as raison Théophile, de comprendre que l’on ne peut enfermer le don dans une pratique simplement légal, car on en tuerait la racine profonde qui est l’élan du cœur et la générosité.

Par nature, ils riment avec gratuité.

Alors comment aujourd’hui évoluer ?

Où, à ton avis, d’après l’Evangile, se situe notre conversion ?

Qu’est-ce qui est en jeu dans le don ? La somme donnée ?

La comparaison quantitative en fonction de nos revenus et notre situation sociale?

Ou bien est-ce ailleurs que l’on peut discerner si l’on est généreux ou pas?



THEOPHILE : Très bonne colle mon ami !

Meilleurs que mes jurys d’écoles supérieures !

En écoutant ta question, je me souvenais de l’Evangile où finalement la piécette pourrait être le signe de la veuve elle-même !

Comme si à travers le piécette, elle se donnait elle-même !

Alors une question me trotte souvent dans la tête : c'est celle du don de ma vie au Christ.

Car les apôtres, les prêtres, les moines, les moniales ont une telle force que ces gens sont à mes yeux comme cette veuve ... Alors que mes doutes ne faisant qu'entraver ma volonté d'un don de ma vie, me font plus voir comme ces riches.

Est-ce la peur qui me fait douter ?

Mais surtout d’où vient ce courage ?

Cette chose qui vous donne ce que vous êtes, ce que vous avez pour vivre.



LE NARRATEUR : Si je suis ton raisonnement, seuls les prêtres, moines et moniales donnent leur personne ?

Et toi, ne peux-tu donner de ta personne ?

Es-tu si avare de toi-même que tu ne peux pas te donner ?

Harpagon sort de cet homme !


Mais dans le monde, les prêtres, les moines et les moniales sont comparables à cause de leurs limites et de leurs fragilités, à cette pauvre piécette.

Mais la vie qu’ils mènent n’est pas là pour être imposée à tous, mais pour rappeler ce qui est en jeu : c’est la capacité de se donner !

D’ailleurs eux-mêmes ne font qu’imiter la « pauvre piécette » qu’est le Pain de l’Eucharistie, que l’on reçoit comme un mendiant.

La « piécette eucharistique », nous rappelle Celui qui s’est donné gratuitement jusqu’au bout !

Apprendre à se donner soi-même, voilà la racine de la conversion, de la générosité, et du don.

Voilà le ferment du monde à venir car si le don pécuniaire ne s’accompagnait plus d’un don de soi-même que penser d’un tel futur? J

e te laisse avec cette question.

Bonne journée !


THEOPHILE : Bonne journée à toi, Ton ami.

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