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Cycle de conférences sur les 7 Psaumes de la Pénitence (02)

Dernière mise à jour : 5 déc. 2020


Dans le cadre de l’année jubilaire de la Miséricorde et durant le temps liturgique du carême: conférences spirituelles sous forme de lecture méditée et commentée du cycle des « 7 psaumes de la Pénitence ».


Paroisse sainte Thérèse de Metz, du 15 février au 21 mars 2016.

Lundi 22 février 2016: commentaire du psaume 31 (32).

Le cycle de conférence a été intégralement imprimé par la paroisse.


« Roi David en prière » (1635-1640)



PSAUME 31 (32)


01 Heureux l’homme dont la faute est enlevée,

et le péché remis !

02 Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,

dont l’esprit est sans fraude !

03 Je me taisais et mes forces s’épuisaient

à gémir tout le jour :

04 ta main, le jour et la nuit,

pesait sur moi ;

ma vigueur se desséchait

comme l’herbe en été.

05 Je t’ai fait connaître ma faute,

je n’ai pas caché mes torts.

J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur

en confessant mes péchés. »

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.

06 Ainsi chacun des tiens te priera

aux heures décisives ;

même les eaux qui débordent

ne peuvent l’atteindre.

07 Tu es un refuge pour moi,

mon abri dans la détresse ;

de chants de délivrance, tu m’as entouré.

08 « Je vais t’instruire, te montrer la route à suivre,

te conseiller, veiller sur toi.

09 N’imite pas les mules et les chevaux qui ne comprennent pas

qu’il faut mater par la bride et le mors,

et rien ne t’arrivera. »

10 Pour le méchant, douleurs sans nombre ;

mais l’amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui.

11 Que le Seigneur soit votre joie !

Exultez, hommes justes ! *

Hommes droits, chantez votre allégresse !

* *

*


LIBRE COMMENTAIRE

Le psaume 31 (32) marque une nouvelle étape décisive dans le cheminement. Les versets 1 et 2 donnent le ton : il s’agit d’une double béatitude !

01 Heureux l’homme dont la faute est enlevée,

et le péché remis !

02 Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,

dont l’esprit est sans fraude !

Par deux fois le psalmiste appelle à être « heureux ». Mais pourquoi être « heureux » ?


Il y a 3 motifs : parce que « la faute est enlevée », le « péché remis », et parce que Dieu ne « retient pas l’offense ».


Au travers de ces 3 motifs, nous pouvons maintenant comprendre l’action de Dieu, à la fois de guérison physique et de salut.

Pourquoi ? Parce que les 3 motifs qui engendrent cette béatitude nous permettent de faire un discernement.


Le « péché » est la manifestement extérieur du mal : il est une action mauvaise, extérieure et objective, comparé à une dette : en commettant un péché, nous devenons débiteur envers Dieu. Nous commettons extérieurement un péché vis-à-vis de la Loi de Dieu, le don du décalogue qui est la seule norme morale. En commentant un péché, nous « offensons la Loi de Dieu », et notre chemin se détourne du chemin de vie qu’elle nous indique. Autant le péché est un acte extérieur, objectif, dont on peut mesurer la portée par rapport à la Loi de Dieu, autant la « faute » est ici comprise comme l’écho intérieur du péché.


La faute est comparée à une « résonnance », qui marque notre mémoire et notre conscience: nous pouvons être comme hanté dans notre mémoire, par le péché que nous avons commis dans le passé. Autant le « péché » est un acte que l’on peut cibler dans le temps, à un moment précis. Autant la « faute » peut perdurer dans notre mémoire par le souvenir dans le temps, d’un péché qui a été commis et qui finit par nous obséder.


Ainsi pour connaitre la « béatitude » nous avons à opérer un triple discernement.

D’une part saisir moralement nos actes extérieurs et leurs portées, mais les relire à la lumière de la Loi de Dieu.

D’autre part, prendre conscience de la portée intérieure de notre faute, car c’est dans la mémoire et le souvenir d’un péché commis que peut naître ce que l’on appelle la contrition.


Qu’est-ce que la contrition sinon le regret d’un péché commis ?

Où naissent les regrets si ce n’est dans la mémoire.

La guérison physique sera cette « correction », cette « reprise » des actes extérieurs afin qu’ils soient moralement conformes à la Loi de Dieu.


La Miséricorde de Dieu entrainera une « transformation » de nos corps et de notre volonté pour que nos actes soient conformes à la Loi de Dieu.

Mais cet œuvre de Salut sera en outre une œuvre de purification de la mémoire, afin que cette dernière soit libérée des regrets.


Pour faire l’expérience de la béatitude, fruit de la Miséricorde nous avons 3 chemins simultanés à suivre : connaitre la Loi de Dieu, relire nos actes extérieurs à la lumière de cette Loi, saisir les conséquences intérieurs de nos actes au sein de notre mémoire et de notre conscience.


Prenons un moment de silence pour demander à Dieu la grâce d’emprunter ce triple chemin

Les versets 3 et 4 sont un écho direct de psaume 6.

03 Je me taisais et mes forces s’épuisaient

à gémir tout le jour :

04 ta main, le jour et la nuit,

pesait sur moi ;

ma vigueur se desséchait

comme l’herbe en été.

Nous voyons ici une manière nouvelle de décrire cette grande souffrance, cette dépression profonde du psalmiste.

Cependant, ces versets nous permettent d’en connaitre l’origine : Il s’agit du silence vis-à-vis du péché et de la faute.

En fait, le psalmiste a conscience de sa faute, c’est-à-dire que sa mémoire est enfermée dans les regrets et dans le souvenir d’un péché commis. Mais son mutisme le mine de l’intérieur : c’est une forme de mort.

Le verset 5 nous apprend à saisir ce qui se joue au moment de « l’aveu ».

05 Je t’ai fait connaître ma faute,

je n’ai pas caché mes torts.

J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur

en confessant mes péchés. »

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.

Ce verset est une exhortation à la prise de parole, à la nécessité de « confesser ses péchés ». On ne peut les garder pour nous !

Le psaume nous révèle ce qu’est la dynamique de l’aveu dans le Sacrement de la Réconciliation :

On expose verbalement ses « péchés » (c’est-à-dire les actes objectifs et concrets que nous avons discernés et qui sont en contradiction avec la Loi de Dieu) mais en même temps « nos fautes » (c’est-à-dire les conséquences intérieures).

La Miséricorde de Dieu va s’exprimer en faveur de la « faute » : en nous pardonnant, Dieu purifie notre mémoire et nos regrets : il nous remet la dette de notre « offense » vis-à-vis de sa Loi !


Dans un moment de silence, demandons à Dieu la grâce de vivre durant ce carême de l’année jubilaire de la Miséricorde, la grâce de l’aveu.


Mais avec le verset 7, la démarche de l’aveu se fait dans l’action de grâce et dans les chants !

07 Tu es un refuge pour moi,

mon abri dans la détresse ;

de chants de délivrance, tu m’as entouré.

C’est dans l’action de grâce que l’on avoue.

L’aveu est une expérience de nudité, mais Dieu nous « entoure de chants de délivrance », c’est-à-dire qu’il nous revêt d’une nouvelle dignité par sa Miséricorde.

L’origine du chant dans l’Ecriture est exposée dans le récit du passage de la Mer Rouge : on chante parce que l’on fait mémoire de l’action de Dieu qui a libéré son peuple.

Le verset 6 nous rappelle que le chant jailli de cette libération fondatrice !

06 Ainsi chacun des tiens te priera

aux heures décisives ;

même les eaux qui débordent

ne peuvent l’atteindre.

L’action de grâce et le chant sont le fruit d’une expérience de l’Amour de Dieu dans notre humanité.

Mais en même temps, le psaume nous montre que la Miséricorde précède le pécheur !

Le chant, qui deviendra signe de notre libération future, est en même temps signe de la Miséricorde qui attend le pécheur, à l’image du Père qui attend le retour du Fils prodigue.


Avec le verset 10, le chant est le signe d’un Amour divin, écho de l’acte créateur, signe de la Miséricorde de Dieu qui est déjà là et qui va venir.

10 Pour le méchant, douleurs sans nombre ;

mais l’amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui.

Le chant est alors une Epiphanie de l’Amour salvifique ! Il est la parure, le « vêtement de fête » de la création nouvelle!

Le chant par excellence, qui au sein du Livre des Psaume est le chant des sauvés se "précipite" dans un seul mot «Alléluia ». (précipiter au sens de cristalisation)

Ce chant qui jailli, qui nait au cœur de la veillée pascale !

Démarche pénitentielle allant jusqu’à l’aveu, nous conduit à faire jaillir au cœur de notre confession ce chant : l’alléluia est le chant de ceux qui font l’expérience du pardon et de l’amour.

Il jaillit de nos profondeurs, de nos solitudes, de nos nuits, à l’image de la liturgie de la veillé pascale, dont je vous propose un bref commentaire, alors que nous préparons à la vivre…

Les versets 8 et 9 nous montrent qu’après l’aveu associée au jaillissement de la louange, vient un temps d’enseignement.

08 « Je vais t’instruire, te montrer la route à suivre,

te conseiller, veiller sur toi.

09 N’imite pas les mules et les chevaux qui ne comprennent pas

qu’il faut mater par la bride et le mors,

et rien ne t’arrivera. »



Dieu lui-même va enseigner le pécheur qui a avoué afin qu’il puisse corriger ses actes et les rendre plus conformes à sa Loi.

Mais en même temps, ce verset nous indique que le pécheur pardonné doit « se laisser enseigner » : seul Dieu peut nous apprendre à mettre en pratique sa Loi : seul Dieu nous permet de comprendre et d’entrer dans l’intelligence de sa Volonté.

Vivre la démarche de « l’aveu » durant le carême, se laisser enseigner pour « corriger » et « reprendre » ses actes dans la douceur d’être aimé, sont deux éléments certains pour faire l’expérience de la Béatitude, fruit de la joie pascale.

11 Que le Seigneur soit votre joie !

Exultez, hommes justes ! *

Hommes droits, chantez votre allégresse !


Préparons-nous maintenant à accueillir le Saint-Sacrement !

Que ce temps d’adoration soit le moment de nous laisser enseigner par notre Seigneur, dans ce cœur à cœur.

Accueillons sa Présence, en rendant grâce !

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