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Cycle de conférences sur les 7 Psaumes de la Pénitence (06)

Dernière mise à jour : 5 déc. 2020


Dans le cadre de l’année jubilaire de la Miséricorde et durant le temps liturgique du carême: conférences spirituelles sous forme de lecture méditée et commentée du cycle des « 7 psaumes de la Pénitence ».


Paroisse sainte Thérèse de Metz, du 15 février au 21 mars 2016.

Lundi 21 mars 2016: commentaire des psaumes 129 (130) et 142 (143).

Le cycle de conférence a été intégralement imprimé par la paroisse.


« Roi David en prière » (1635-1640)



PSAUME 129 (130)


01 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,

02 Seigneur, écoute mon appel !

Que ton oreille se fasse attentive

au cri de ma prière !

03 Si tu retiens les fautes, Seigneur

Seigneur, qui subsistera ?

04 Mais près de toi se trouve le pardon

pour que l’homme te craigne.

05 J’espère le Seigneur de toute mon âme ;

je l’espère, et j’attends sa parole.

06 Mon âme attend le Seigneur

plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,

07 attends le Seigneur, Israël.

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;

près de lui, abonde le rachat.

08 C’est lui qui rachètera Israël

de toutes ses fautes.

* *

*


LIBRE COMMENTAIRE :

La tradition de l’Eglise nous a laissé le cycle des « Sept Psaumes de la Pénitence».

Durant le IXe et le Xe siècle, on voit nettement se développer la liturgie de « renvoi des pénitents » le mercredi avec l’adjonction de l’imposition des cendres, allant jusqu’à une totale expulsion de l’Eglise jusqu’au « rite de réconciliation ». Ce dernier sera fixé le Jeudi Saint.

C’est au cours de ces liturgies du « renvoi des pénitents » et du « rite de réconciliation » que la communauté priera le cycle des « Sept Psaumes de la Pénitence ».

Ce dernier s’est réellement imposé à l’époque de Charlemagne, bien qu’étant déjà cité par certains Pères de l’Eglise, en particulier Eusèbe de Césarée (262-339).


Avec le psaume 129 (130) nous arrivons, comme pour le psaume 31 (32) à un changement de ton par rapport au psaume 101 (102).

Ce psaume est le plus court du cycle. Il porte souvent le sous-titre latin « De Profundis » provenant de l’incipit et son usage liturgique fait de lui le cri d’espérance en la résurrection lors de la prière pour les défunts.

Son positionnement central dans la deuxième partie du cycle, permet d’opérer une synthèse de tout le parcours.

01 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,

02 Seigneur, écoute mon appel !

Que ton oreille se fasse attentive

au cri de ma prière !

Les versets 01 et 02 reprennent toute la thématique des psaumes 6 et 37 (38).

Nous y retrouvons accentuée l’idée du cri, un cri d’imploration afin que Dieu prête l’oreille à son peuple.

Comme pour le psaume 101 (102), c’est le cri d’espérance d’un peuple dans l’épreuve pour que Dieu entende sa plainte depuis sa montagne sainte : l’Horeb.

Comme jadis au moment de l’épisode du Buisson Ardent, qui sera envoyé ?

Quelle œuvre sera accomplie pour manifester que Dieu a entendu le cri de son peuple ?

03 Si tu retiens les fautes, Seigneur

Seigneur, qui subsistera ?

04 Mais près de toi se trouve le pardon

pour que l’homme te craigne.

Les versets 03 et 04, comme pour le psaume 37 (38), sont une véritable confession de foi : seul Dieu peut apporter le Salut ! Seul Dieu peut donner le pardon !

Cependant, on ajoute que le pardon est « près de Dieu », c’est-à-dire qu’il est un don du Ciel.

Si le pardon est auprès de Dieu, c’est qu’il ne se réduit pas à une action, mais qu’il a un visage, une identité.

Si le pardon est auprès de Dieu, pour un chrétien c’est Jésus-Christ. Jésus est vraiment le visage de la Miséricorde du Père !

05 J’espère le Seigneur de toute mon âme ;

je l’espère, et j’attends sa parole.

Le verset 05 reprend toute l’interprétation originale de la Visitation de Dieu, exprimée à travers le psaume 31 (32) : Dieu vient visiter son peuple en lui apportant une parole de libération.

L’alliance entre Dieu et les hommes est scellée par le don de la Parole. Pour un chrétien c’est Jésus, le « Verbe fait chair » !

06 Mon âme attend le Seigneur

plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,

Le verset 06, en prenant l’image du veilleur qui guette l’aurore, nous montre que c’est un matin que l’on pourra entendre le mystère de cette Visitation, de cette Alliance !

Pour un chrétien, c’est au matin de Pâques, en entendant l’annonce de la joie pascale, que ce mystère d’Alliance va s’accomplir.

Durant la Nuit pascale, le chrétien devient un veilleur, qui attend du Christ Ressuscité, une parole d’Alliance nouvelle et éternelle !

Le mystère de Pâques est un mystère à entendre, même si nos yeux sont encore aveuglés par la nuit de nos péchés !

07 attends le Seigneur, Israël.

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;

près de lui, abonde le rachat.

Par effet de miroir dans la juxtaposition des périodes, le verset 07 devient la pointe de ce psaume : nous attendons au matin de Pâques une Parole d’Alliance éternelle !

Le chant de l’Exultet, chant de l’annonce pascale, devient pour l’Eglise le signe audible du don de cette Parole d’Alliance, Parole de libération.

L’annonce pascale devient l’Epiphanie de cette Parole de Réconciliation entre Dieu et les hommes.

Au moment de l’Exultet, nous annonçons et nous exaltons le mystère de la Miséricorde, comme jadis Zacharie chantait que Dieu vient visiter son peuple pour lui apporter le salut.

08 C’est lui qui rachètera Israël

de toutes ses fautes.

Avec le verset 08, le verset 07 met bien en perspective que l’amour, le rachat et le pardon prennent un visage.

Le mystère de l’Amour divin et du pardon prennent un visage : celui du Crucifié, qui ressuscité d’entre les morts selon la chair, gardes les vestiges de sa Passion.

Le mystère de l’Amour divin descend jusqu’à nous en prenant un visage : il vient nous visiter en Jésus de Nazareth.

En lui, cet Amour se fait entendre, Parole de Réconciliation, tout en demeurant invisible pour les yeux.

Par le ministère de l’Eglise, confié par le Ressuscité lui-même le soir de Pâque, le Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation est le signe audible de cet Amour invisible.

Mais le mystère de l’Amour divin prend le visage du Crucifié, car c’est de son côté ouvert que l’on peut se désaltérer à la Source de la Miséricorde.

* *

*


PSAUME 142 (143)



01 Seigneur, entends ma prière +;

dans ta justice écoute mes appels,

dans ta fidélité réponds-moi.

02 N’entre pas en jugement avec ton serviteur :

aucun vivant n’est juste devant toi.

03 L’ennemi cherche ma perte,

il foule au sol ma vie ;

il me fait habiter les ténèbres

avec les morts de jadis.

04 Le souffle en moi s’épuise,

mon coeur au fond de moi s’épouvante.

05 Je me souviens des jours d’autrefois,

je me redis toutes tes actions, *

sur l’oeuvre de tes mains je médite.

06 Je tends les mains vers toi,

me voici devant toi comme une terre assoiffée.

07 Vite, réponds-moi, Seigneur :

je suis à bout de souffle !

Ne me cache pas ton visage :

je serais de ceux qui tombent dans la fosse.

08 Fais que j’entende au matin ton amour,

car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre :

vers toi, j’élève mon âme !

09 Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur :

j’ai un abri auprès de toi.

10 Apprends-moi à faire ta volonté,

car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant :

qu’il me guide en un pays de plaines.

11 Pour l’honneur de ton nom, Seigneur,

fais-moi vivre ;

à cause de ta justice, tire-moi de la détresse.

12 A cause de ton amour, tu détruiras mes ennemis

tu feras périr mes adversaires, *

car je suis ton serviteur.

* *

*


LIBRE COMMENTAIRE :


Le psaume 142 (143) vient clôturer ce cycle que nous avons entrepris au début de ce carême, en cette année jubilaire de la Miséricorde.

01 Seigneur, entends ma prière +;

dans ta justice écoute mes appels,

dans ta fidélité réponds-moi.

Le verset 01 est identique au 1er verset du psaume 101 (102).

On y déploie le caractère central de l’expérience auditive : le mystère de l’Amour de Dieu est un mystère à entendre où se révèle sa fidélité envers sa Créature, malgré sa faute, son péché, son offense.

Si Jésus-Christ est le Visage de la Miséricorde du Père, peut-être qu’à travers ce psaume 142 (143), son mystère pascal apparaisse au fur et à mesure des versets.

02 N’entre pas en jugement avec ton serviteur :

aucun vivant n’est juste devant toi.

Le verset 2 pourrait peut-être annoncer une réalité propre à tous les récits de la Passion : Jésus-Christ est le seul juste, car l’ensemble des personnages ont quelque chose à se reprocher. Les tentations humaines y sont admirablement décrites.

03 L’ennemi cherche ma perte,

il foule au sol ma vie ;

il me fait habiter les ténèbres

avec les morts de jadis.

Le verset 3 pourrait rendre compte de cet acharnement dans les Passions à vouloir la mort de Jésus, à vouloir le tuer et le faire disparaitre dans un tombeau.

04 Le souffle en moi s’épuise,

mon coeur au fond de moi s’épouvante.

Le verset 4 pourrait peut-être nous aider à comprendre l’expérience angoissante et cruciale de Gethsémani au Jardin des Oliviers, où la liberté de Jésus-Christ et son consentement sont mises à l’épreuve.

05 Je me souviens des jours d’autrefois,

je me redis toutes tes actions, *

sur l’oeuvre de tes mains je médite.

06 Je tends les mains vers toi,

me voici devant toi comme une terre assoiffée.

Le verset 6 pourrait nous aider à saisir le sens de l’appel « J’ai soif » juste avant de mourir.

Comme nous l’avions vu au sein du psaume 50 (51), et surtout du psaume 101 (102), la terre assoiffée est une manière poétique de parler de l’invocation de l’Esprit Saint par celui qui connait l’aridité.

En ayant soif, Jésus invoque pour nous cette « pluie généreuse et bienfaisante » selon le prophète Isaïe (Is 55,10 et Is 30,23), don de Dieu qui féconde la vie des hommes.

Le « J’ai soif » de la crucifixion est l’appel du Christ pour la Pentecôte.

Le mystère de l’effusion et du don de l’Esprit Saint prend sa source dans le mystère de la Croix.

07 Vite, réponds-moi, Seigneur :

je suis à bout de souffle !

Ne me cache pas ton visage :

je serais de ceux qui tombent dans la fosse.

Le verset 7 pourrait être une manière de comprendre la mort de Jésus.

En remettant son Esprit au moment de mourir, Jésus-Christ invoque cette Parole éternelle qui va sceller l’Alliance Nouvelle et éternelle.

Mais avec ce verset, en remettant son esprit, la mort de Jésus sur la Croix nous révèle le «visage de la Miséricorde du Père ».

Tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, la mort de Jésus-Christ est l’Epiphanie de l’Amour divin !

08 Fais que j’entende au matin ton amour,

car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre :

vers toi, j’élève mon âme !

Mais avec le verset 8, la mort de Jésus-Christ nous place dans une attente : l’attente d’une parole.

Si au matin, l’amour doit se faire « entendre » cela nous montre que la voix du Ressuscité au matin de Pâques est cette Parole d’Alliance, nouvelle et éternelle.

Dans la voix du Ressuscité, l’Amour divin se rend audible !

Dieu nous y révèle son Œuvre de Miséricorde !

Ainsi durant le Samedi Saint, les chrétiens sont en "grand silence", dans l’attente d’une expérience auditive de l’Amour de Dieu !

09 Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur :

j’ai un abri auprès de toi.

10 Apprends-moi à faire ta volonté,

car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant :

qu’il me guide en un pays de plaines.

Les versets 9 et 10, nous donnent de comprendre la logique de l’expérience pascale des disciples selon les Evangiles.

On invite les disciples à prendre la route, à retourner à l’endroit où Jésus les précède.

A la suite du Ressuscité, le don de l’Esprit qui guide la marche des disciples dans les Actes des Apôtres prend tout son sens.

Dès le mystère de Pâques, le mystère de la Pentecôte y est annoncé.

Dans le mystère de la Résurrection, le don de l’Esprit y est associé.


Dans le mystère de pardon et de la Réconciliation comme dans le mystère de la Miséricorde, l’œuvre du don de l’Esprit y est associée. Il suffit de penser au récit de l'évangile selon saint Jean le soir de Pâque pour le comprendre.

L’expérience auditive de l’Amour Miséricordieux nous place au cœur de la vocation.


Comme le pénitent David, en recevant une Parole prophétique qui nous réconcilie, l’Esprit nous guide à rechercher la Volonté de Dieu, à l’écouter, c’est-à-dire à lui obéir.

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