«Baptisés dans l'eau et dans l'esprit», Jacques BERTHIER
- bohleremmanuel
- 8 déc. 2020
- 2 min de lecture
Libre commentaire musical du cantique « Baptisés dans l’eau et dans l’Esprit».
Cote : I 14-67-1.
Texte : CFC.
Musique : Jacques BERTHIER.
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°01, édition de janvier 2018.

« Baptême de Jésus » (1303), par Giotto de BONDONE (1267-1337)
La Commission Francophone Cistercienne (www.cfc-liturgie.fr) propose des textes de grandes valeurs spirituelles. Ce cantique est un exemple pour la dimension mystagogique qui coordonne les couplets.
La notion de mystagogie a bien souvent été annexée et travestie par des instances de catéchèse. La structure de ce cantique pourrait notre permettre d’approfondir cette notion.
La mystagogie n’a pas pour vocation d’entrer dans une dimension didactique et horizontale comme pour la catéchèse. Elle est là pour permettre aux fidèles de prendre conscience de l’Œuvre de Dieu accomplie à travers l’action liturgique. Elle permet une relecture d’une mise en œuvre rituelle dans une dimension verticale.
Ce chant rituel est parfait pour accompagner la liturgie stationnale d’un baptême des enfants ou bien l’initiation chrétienne des adultes durant la vigile pascale. Il permet à ceux qui le chantent de prendre conscience du mystère de la Grâce baptismale.
Les 6 couplets ont été faits pour rythmer ces étapes, bien qu’ils peuvent être parfaitement chantés indépendamment d’un baptême.
La bénédiction de l’eau : allusion au Livre de la Genèse (Gn 1, 1-5), par l’Esprit l’eau de la terre va devenir l’eau du ciel.
La renonciation au mal : Jésus-Christ au désert triomphe du Tentateur (Mt 4, 1-11) avant d’appeler ses disciples.
L’onction post-baptismale : prophétie d’Isaïe concernant le Messie (Is 10,27).
La remise du vêtement blanc : prophétie d’Isaïe concernant le Manteau de la Justice (Is 61, 10).
La remise de la lumière : la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt 25, 1-13). Les couplets montrent qu’à travers l’action rituelle, l’Œuvre de Dieu se manifeste comme accomplissement de l’Ecriture.
La présence d’un couplet pour la confirmation empruntant l’image du Temple de l’Esprit (1 Co 3,16) montre que les auteurs sont parfaitement au courant de l’histoire des rites. Il a bien été attesté que dans l’Antiquité chrétienne la pratique de la double onction de saint Chrême existait pour les baptêmes d’adultes et qu’elle s’est généralisée ensuite. Elle n’est pas le fruit d’une séparation progressive entre le baptême et la confirmation. Que d’erreurs sont encore enseignées et véhiculées sur ce fait, même dans des hautes instances.
Concernant la structure du refrain, 4 périodes le composent.
La 1ère rappelle la révélation de Jean-Baptiste : Jésus baptise dans l’Esprit (Mt 3,11).
La 2ème : la formule liturgique du célébrant après l’immersion, être une création nouvelle.
La 3ème et la 4ème : le mystère pascal avec l’image de l’immersion, être plongé dans la mort pour ressusciter avec Jésus-Christ.
La résurrection est associée au don de la filiation divine.
Même si l’humanité est le sommet de la création, il n’en demeure pas moins que le baptême est un don de Dieu qui seul nous confère la Grâce d’être « Fils de Dieu » !
Ce refrain rappelle que la filiation divine n’est pas innée mais un « devenir » consenti dans la liberté.
Ce cantique baptismal est un modèle pour nous former et ajuster notre théologie catholique.
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