« Pour une alliance avec toi », Claude BERNARD et Jo AKEPSIMAS

Libre commentaire du cantique « Pour une alliance avec toi »

Cote: (O 57)

Texte de Claude BERNARD (1935)

Musique de Jo AKEPSIMAS (1940).

Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.

N°04, édition de septembre 2018.

« L'évanouissement d'Esther » (1704), par Antoine COYPEL (1661-1722)

Enfin !

Voilà le cri de ceux qui tentent de proposer un répertoire de qualité pour le sacrement du mariage.

Tâche d’autant plus difficile qu’à l’instar des funérailles, on assiste de plus en plus à un déplacement de sens : la musique et le chant deviennent de moins en moins le lieu d’une prière que l’on adresse « explicitement » à Dieu, qu’un hommage que l’on rend au couple ou à la personne défunte.

Au-delà de toutes querelles sur le style musical, le problème de fond semble être celui-ci : Dieu serait-il en passe de n’être plus le destinataire des mots qui sont adressés ?

Comme si la communauté rassemblée se recroquevillait et se parlait à elle-même, devenant sourde aux appels de Dieu et aveugle à son œuvre dans la vie.

Ce processional d’entrée peut ouvrir les oreilles et les yeux à la merveille qui s’accomplit lors de la célébration de ce sacrement.

Ouvrons les oreilles au refrain.

Les 4 périodes du texte, dont la mélodie empruntant le style choral, s’organise ainsi A-B-A-B’.

Dieu est explicitement le destinataire puisque le soupir sur le 2ème temps sépare le mot «Dieu » placé sur le 1er temps, du reste du texte.

Dieu est d’abord présenté comme modèle de fidélité et source de l’union. Puis on l’invoque comme le Pasteur qui guide la vie des fidèles.

La finesse est telle que l’on ne sait si l’on fait mémoire du couple ou de l’assemblée. Dieu est à la fois celui qui unit l’assemblée mais aussi le couple. Ce dernier est membre à part entière du mystère de la communion ecclésiale et non à part comme des acteurs qui se donneraient en spectacle.

L’écoute du refrain permet d’ouvrir les yeux.

Dieu est le cœur du mystère de l’union, c’est vers Lui, source et sommet, que se tournent nos regards!

Dans la célébration du mariage nous contemplons la fidélité de Dieu qui devient, en réponse, source d’inspiration pour que le couple demeure fidèle aux paroles d’engagement qu’ils s’échangeront.

En ouvrant les oreilles aux couplets, eux-mêmes constitués de 3 parties, nous pouvons découvrir ces trésors.

La 1ère partie comme le refrain met Dieu au centre de l’alliance. Le mot « Seigneur » placé au milieu du texte de cette partie est séparé par 2 soupirs.

La 2ème est une action de grâce reprise par l’assemblée parce que Dieu est la source.

La 3ème est une demande que l’on adresse à Dieu parce qu’il est le Pasteur qui guide l’existence.

Chaque couplet permet de faire mémoire de la fidélité de Dieu dans sa parole à travers:

• La Genèse (Gn 1,28) où la Parole créatrice place Adam et Eve au cœur de la création avec la Grâce de la fécondité.

• Le Buisson Ardent (Ex 3,1-8) où la Parole de feu révèle l’identité de Dieu, mais aussi son engagement envers un peuple qui souffre.

• Le prophète Osée (Os 2,21) où la fidélité de Dieu est gage de miséricorde et de patience envers l’infidélité du peuple.

Voilà un processionnal qui en préparant à l’écoute de l’Ecriture, fait entrer dans un mystère où chacun peut y puiser une source d’eau vive pour demeurer fidèle.