« Ô Seigneur, à Toi la Gloire », Elisabeth BERANGER
- bohleremmanuel
- 9 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire musical du cantique « Ô Seigneur à Toi la Gloire »
Cote: Z (AT) 503
Texte de Elisabeth BARANGER
Musique de la Communauté de l’Emmanuel.
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°02, édition de mars 2019.

« Les enfants dans la fournaise », fresque des catacombes de Priscille, Rome
Membre de la Communauté de l’Emmanuel, Elisabeth BARANGER en est actuellement l’archiviste et s’occupe de la promotion des apparitions de l’île Bouchard. En 1992 elle composa 4 cantiques pour le célèbre recueil Il est vivant.
« O Seigneur à toi la gloire » va permettre de revisiter le Cantique des 3 enfants (Dn 3, 51-90) dont il est une adaptation.
L’histoire du Livre de Daniel est assez complexe.
Rédigé entre le IIIème et le IIème siècle avant Jésus-Christ, il reçut quelques ajouts au Ier siècle avant notre ère. Le Cantique des 3 enfants tout comme la Prière de Daniel (Dn 9), la prière d’Azarias (Dn 3, 24-50) et la célèbre histoire de Suzanne et des vieillards (Dn 13) sont ces ajouts tardifs comparables à des pierres précieuses que l’on enchâsserait pour sertir une couronne.
Ces ajouts peuvent être considérés comme tels car la liturgie chrétienne leur confèrera une place de choix, non seulement pour leur influence dans la rédaction des évangiles mais aussi pour leur utilisation aux grandes fêtes. Le Cantique des 3 enfants comme la prière d’Azarias sont étroitement liés au mystère pascal, au Jour de la Résurrection, à la fête de la Trinité et à la dernière semaine de l’année liturgique.
Nous pourrions déjà restreindre l’utilisation des cantiques inspirés du Cantique des 3 enfants à ces moments liturgiques plutôt que de les surexploiter tout au long de l’année.
L’utilisation excessive de ces chants pour la louange risque de faire perdre la portée narrative du texte biblique dont ils s’inspirent.
D'un point de vue strictement narratif, le Cantique des 3 enfants est une parfaite litanie :
Un soliste appelle l’ensemble des éléments suivant l’ordre du récit de la Création (Gn 1,1- 2,4) auquel l’assemblée répond par le refrain litanique « bénissez le Seigneur ».
Il est l’image de la Nouvelle Création, l’image du Christ (soliste) récapitulant toute la Création pour l’offrir à son Père dans l’action de grâce (répons litanique).
Pour l’adaptation « O Seigneur à toi la gloire » on ne peut que regretter plusieurs maladresses qui appauvrissent le texte d’origine.
Elle ne conserve d’une litanie que les multiples et brèves répétitions qui ne concernent plus le refrain litanique mais les invocations du soliste. La litanie est rompue par la structure même du cantique à refrain bien que chaque couplet se termine par « bénissez votre Seigneur ».
Pour les besoins d’une mélodie plutôt bien construite, la sélection des versets pour les couplets modifie parfois l’ordre des éléments, ne respectant plus celui du texte d’origine :
Refrain : Dn 3, 56
N° 1 : Dn 3, 59-58-57
N° 2 : Dn 3, 63-62-64
N° 3 : Dn 3, 66-70-65
N° 4 : Dn 3, 71-72-73
N° 5 : Dn 3, 75-76-81
N° 6 : Dn 3, 83-84-85
L’adaptation d’un texte biblique en cantique est une œuvre louable et généreuse pour les communautés, mais elle est exigeante car elle doit permettre l’enrichissement de la compréhension du texte d’origine par ceux qui le chantent.
Pour discerner : adaptation et exégèse pourraient aller de concert pour que la musique accomplisse un service intégral en faveur de l'Ecriture…
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