« Toute la famille humaine », Robert JEF et Jean SERVEL

Commentaire musical du cantique « Toute la famille humaine»

Cote : V9

Texte de Jean SERVEL O.M.I. (1912-1981)

Musique de Robert JEF (1924-1999).

Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.

N°03, édition de mai 2019.

Claude-François POULLART Des PLACES (1679-1709)

fondateur de la congrégation des Spiritains.

A travers le cantique « Tout le ciel s’emplit » (F 58) nous avions pu redécouvrir l’histoire de la série de recueils « Les 2 Tables » (numéro 05 de 2018).

Fruit de la collaboration de Robert JEF, Jean SERVEL, Claude ROZIER, Joseph GELINEAU, aidés par Marcel GODARD ; ces recueils se voulaient enracinés dans les traditions de l’hymnographie patristique, du chant et de la modalité grégorienne.

Les textes devaient permettre aux fidèles de s’approprier les psaumes ou les évangiles du dimanche en suivant le cycle de l’année liturgique, ou bien d’entrer dans l’intelligence d’une fête particulière.

C’est le cas pour « Toute la famille humaine » publié en 1951 dans le 1er recueil et qui permet de mieux comprendre la place de la Vierge Marie dans la vie liturgique. Elle met aussi à la portée des fidèles une authentique "tradition spirituelle".

La forme de ce cantique n’est pas une forme à refrain mais une forme strophique au sein de laquelle on insère une invocation litanique.

D’ailleurs la construction modale de la ligne mélodique permet de comprendre cet aspect litanique.

Il n’y a que 3 strophes mais elles semblent mettre en lumière des éléments que l’on retrouve dans une prière de la Congrégation du Saint-Esprit considérée comme l’acte de fondation. Donnée par le fondateur le père Claude POULLART DES PLACES (1679-1709) le 27 mai 1703, la consécration au Saint-Esprit et au Cœur Immaculée de Marie devait être prononcée par chaque spiritain tous les ans à la Pentecôte et à l’Immaculée Conception. Pratique renouvelée par le « second fondateur », le père Jacob LIBERMANN (1802-1852). Elle exprime l’esprit des constitutions.

La 1ère strophe avec l’invocation litanique condensent l’incipit de la prière en se concentrant sur le vocable de « souveraine » : « Ô ma bonne Mère et ma Souveraine, sainte Marie, Mère de Dieu, Vierge sainte… »

La 2ème strophe condense l’idée qu’en Marie nous pouvons trouver un refuge : comme le disait le Salve Regina Marie est notre avocate, elle défend toutes les causes de souffrances des hommes. C’est d’ailleurs ce qu’exprime la prière de fondation des Spiritains : « …Doux refuge des pécheurs, puissante consolatrice des pauvres, ma suave espéran­ce dans cette vallée de larmes, je me prosterne devant vous, d’un cœur fervent et humilié, et j’ai recours à votre clémence… »

Quant à la 3ème strophe, elle est construite en respectant la théologie spirituelle propre à la tradition des spiritains. La Grâce donnée par le Fils c’est le Saint-Esprit. Or la Vierge Marie en nous montrant son Fils, nous désigne la source de l’Esprit Saint. En invoquant Marie, nous pouvons nous rapprocher de l’Esprit.

C’est ce que dit la prière en ces termes : « …Vous aidiez votre serviteur à se donner, se consacrer et se vouer à l’Esprit Saint, votre très noble Epoux (…) Ma bonne Mère, écoutez-moi; Esprit tout-puissant, écoutez ma bonne Mère. ».

Une mélodie modale, simple et facilement mémorisable, nous donne à chanter une profonde synthèse spirituelle.

A utiliser sans modération !