« O viens Jésus », Pierre-Yves EMERY
- bohleremmanuel
- 9 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire musical du cantique « O viens Jésus»
Cote : E 147-1
Texte de Pierre-Yves EMERY
Musique issue du répertoire franciscain des XII-XIIIème siècle.
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°04, édition de septembre 2019.

« L’arbre de Jessé », Livre des psaumes, XIII° siècle, Psautier Ingeburge (1210)
A travers l’hymne « O viens Jésus » du frère de Taizé Pierre-Yves EMERY, nous plongeons dans les riches heures musicales de l’avent.
Le 1er trésor est sans conteste la mélodie.
Il s’agit d’un processionnal issu de la tradition franciscaine entre le XIIème et le XVème siècle. La plus ancienne trace se trouve dans un manuscrit français du XVème siècle. Ce n’est qu’en 1710 qu’il est inscrit au sein de l’hymnaire officiel de l’Eglise Catholique : Psalteriolum Cantionum Catholicarum.
Contrairement aux apparences il s’agit d’une hymne strophique et non d’une hymne à refrain.
Toutes les strophes sont composées de 3 versets dont le dernier est litanique parce que systématiquement répété. L’invocation « gaude » ne fait que renforcer cette dimension.
L’analyse mélodique nous permet de saisir cette donnée importante pour la mise en œuvre vocale. Ecrite en mode de Ré authente (Ier mode), la ligne mélodique des 3 versets s’organisent ainsi en 2 sections:
Verset 1 : A-B
Verset 2 : C-A’
Verset 3 (litanie): A’-B
La structuration de la mélodie est parfaitement équilibrée ; mis à part pour la double invocation « gaude » la mélodie des versets 1 et 3 est parfaitement identique.
Avec la triple répétition de A au sein de la strophe tout concourt à faire de cette hymne strophique une parfaite invocation, un ardent appel adressé à Dieu.
Cette structuration où l’on enchâsse un verset litanique est relativement archaïque.
Même si cette hymne est tardive, elle a été composée par quelqu’un qui connaissait très bien la tradition mélodique des hymnes de l’antiquité chrétienne.
Le 2ème trésor est le texte original en latin.
Inspirée du cycle des 7 antiennes « Ô » de la semaine préparatoire à Noël, l’hymne développe à travers ses 7 strophes, 7 titres de Jésus-Christ qui sont : Emmanuel, Sagesse, Adonaï, Racine de Jessé, Clef de David, Orient, Roi des nations.
Les strophes préservent l’acrostiche inversé « ERO CRAS» (je serai demain) que forment les 7 titres.
Le texte de l’hymne est une parfaite synthèse biblique de ces 7 antiennes qui remontent au VI-VIIème siècle.
La fidélité au cycle ira jusqu’à la structure des strophes !
Chaque antienne du cycle est en 3 parties : les 2 premières développent un des titres de Jésus-Christ conduisant à la 3ème partie qui est une formule litanique avec « Veni ». Ainsi les strophes de l’hymne se composent de 3 versets avec la même dynamique ; à l’exception du verset litanique qui n’est plus « Veni » mais « Gaude ».
Le frère Pierre-Yves EMERY nous propose un travail en conformité avec la tradition vivante de l’hymne.
Il conserve intégralement la mélodie.
Le texte n’est pas la traduction du latin mais une composition qui en conserve fidèlement l’esprit.
Il garde 3 titres anciens : Emmanuel, Racine de Jessé, Orient.
Il ajoute un titre biblique : Berger en référence à Moïse.
Le 3ème verset de la strophe est litanique où l’invocation « chantez » se substitue à « gaude».
Invitant à la joie, ce processionnal pourrait servir pour le 3ème dimanche de l’avent.
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