« En toi Seigneur, mon espérance», Jean SERVEL et Robert JEF
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire musical du cantique « En toi Seigneur, mon espérance »
Cote : G7
Texte de Jean SERVEL (1912-1981)
Musique issue du répertoire breton fut adaptée par Robert JEF (1924-1999).
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°01, édition de janvier 2020.

« Retour du fils prodigue » (1773), par Pompeo BATONI (1708-1787)
La collection « Les 2 Tables » fut coordonnée par Robert JEF et Jean SERVEL, avec le concours de Claude ROZIER, Joseph GELINEAU.
S’inspirant de l’essai « Le mystère pascal » (1945) de Louis BOUYET, les textes devaient permettre de s’approprier les psaumes ou les évangiles du dimanche en suivant le cycle de l’année liturgique.
« En toi Seigneur » a été publié dans cette collection au sein de la rubrique « Table de la parole ». Sa vocation était de servir les fidèles à s’approprier un texte de psaume.
La mélodie en 4 sections répondant à cette organisation : A-A-B-B’, a été adaptée d’une composition bretonne de belle facture, très sobre et facilement mémorisable.
Avec sa forme strophique, son adaptation des versets, nous pourrions qualifier ce cantique de psaume-choral.
Il s’agit d’une compilation de 3 psaumes dont voici l’organisation :
Strophe 1 : versets 5, 7 et 6 du Psaume 70 (71)
Strophe 2 : versets 2, 4, 9 du Psaume 90 (91)
Strophe 3 : versets 8, 16, 17 du Psaume 30 (31)
Strophe 4 : versets 15, 12, 14-15 du Psaume 30 (31)
Compilation très riche proposant une structure de sens qui met en lumière l’acte de foi d’un pénitent s’en remettant à Dieu, en toute confiance. Car Lui seul peut fortifier pour renoncer à toutes tentations, donner le Salut, remettre les péchés.
Elle rappelle le sens de la louange : les lèvres s’ouvrent parce que Dieu a accompli son œuvre de Miséricorde par la rémission des péchés.
Elle enracine l’action de grâce au cœur du mystère pascal. Tout le sens pénitentiel du carême en lien avec les célébrations pascales est clairement exposé.
Composé avant la réforme liturgique, ce psaume-choral pouvait servir de Trait (1)
Le Trait est une composition remontant à l’Antiquité consistant à chanter des versets de psaumes en guise d’acclamation à l’Evangile.
Il était donc tout à fait possible de le chanter avant l’Evangile pendant le temps du carême.
Avec la réforme liturgique, ne nous pouvons plus utiliser ce psaume-choral de la même manière.
Aujourd’hui la richesse du texte pourrait permettre de l’insérer au sein d’un rite préparatoire peu connu du baptême : l’Effétha puis de l’onction des catéchumènes avec la renonciation au mal.
Cela peut se faire pendant les baptêmes de la veillée pascale, comme pour n’importe quel baptême pendant l’année.
L’Effétah reprend le geste de Jésus ouvrant les oreilles et la bouche des sourds-muets (Mc 7, 31-37). Le sourd (Ps 38) et le muet (Ps 50) représentent la conversion spirituelle de celui qui « écoute » l’Ecriture et celui qui « ouvre ses lèvres » pour offrir à Dieu sa parole et son chant. C’est une dynamique d’apprentissage et de confiance.
L’onction des catéchumènes faite sur les mains est là pour fortifier le désir: non seulement de continuer à lire et à comprendre l’Ecriture, mais surtout de continuer à discerner et à renoncer au mal.
La richesse textuelle du psaume-choral, en parfaite synchronie pour éclairer le sens de ce rite préparatoire, pourrait devenir alors un authentique acte de foi et d’engagement.
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1) Pour aller plus loin sur la science musicale des Traits durant le temps du carême vous pouvez consulter cette pertinente analyse.
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