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Une parabole peut-elle nous manipuler ? Essai complémentaire


Le commentaire d’évangile (Mt 25, 14-15.19-21) pour le 33ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 13 novembre 2020, m’a inspiré un complément que les contingences de l’édition ne peuvent honorer.

C’est pourquoi je me propose de développer ici, sous forme d'essai, les différentes notes en bas de pages que j’ai insérées au sein de l’article[1] publié le 13 novembre 2020.





La figure du « serviteur mauvais » dans la parabole des talents[2] semble pertinente et nécessaire à approfondir pour exposer une subtilité qui peut être une marque de fabrique du rédacteur.

En effet la parabole des talents laisse entrevoir une idée récurrente au sein de l’Evangile de Mathieu qui est l’intrigue d’une manipulation, ou bien d’un travestissement de la vérité, un peu comme si l’on jetait un « voile » qui plonge dans l’erreur.

Mais attention, il ne s’agit pas d’une manipulation d’ordre terrestre comme le serait un plan machiavélique, mais une manipulation du Tentateur par le biais du Mensonge, jetant comme un voile aveuglant et ignorant sur celui qu’il a fait prisonnier de son emprise.

Nous tenterons de montrer la pertinence de cette interprétation.

La lecture et l’étude de cette parabole ont de quoi nous faire vivre une expérience initiatique.

Le lecteur doit se rendre compte qu’il peut se laisser lui-même manipuler par le contenu. Manipuler quant à l’identité du Maître que l’on pourrait très vite juger à cause des informations données par le serviteur. Il est vrai qu’à la lecture première nous n’avons pas l’idée de penser que le serviteur serait susceptible de « mentir » quant à l’identité de son Maître. Il y a une forme de naïveté de notre part quant au statut même de l’Evangile : ces textes ne pourraient-ils pas nous tromper ou bien nous induire en erreur ? N’avons-nous pas une traversée de apparences à opérer ?


Or, on peut reconnaitre qu’avec l’analyse narrative entreprise pour les besoins du commentaire de l’Ami Hebdo, il faut se rendre à l’évidence que les informations sont contradictoires et antinomiques concernant le Maître. Pour le serviteur, il est dur, sans pitié, ne recherchant que la productivité. Mais selon le narrateur, il est bienveillant, faisant confiance en déposant son bien selon les capacités de ses serviteurs : il représenterait presque la figure du Bon Pasteur.


En fait, au-delà de la question du dépôt des talents à proprement parlé, se trouve posée plus en profondeur la question relative à l’identité du Maître. Pour être plus précis, c’est la connaissance du Maître qui va nous permettre de poser une interprétation juste du dépôt et de la fructuosité des talents.


Ainsi, si nous suivons l’enseignement du « serviteur mauvais« , la parabole des talents prend une tournure dramatiquement injuste où la rancœur et la peur seront de mises.

Si nous suivons les indications du narrateur, non seulement nous pouvons comprendre cette parabole mais en plus au-delà de la question des talents, se pose la question plus redoutable de l’accès à la connaissance du Maître, et à travers lui de Dieu. Un peu comme si le problème fondamental de cette parabole ciblait en arrière fond la question du « prophétisme« , c’est-à-dire l’annonce et l’enseignement.


Tentons de résoudre l’énigme du « serviteur mauvais ».

Nous en sommes arrivés à cette proposition : il a « peur » à cause d’une « mauvaise image » de son Maître. Ensuite il est « divisé« , c’est-à-dire qu’il y a contradiction entre ce qu’il pense en lui-même et la réalisation concrètes de ses actes. Notre recherche va tenter de comprendre l’origine de cette « division« , de cette « mauvais image » sur le Maître, de cette « peur » qui conduit finalement à placer le lecteur lui-même dans l’erreur. La résolution de cette énigme nous permettra par effet rétroactif de mieux cerner ce « mauvais serviteur« , et ensuite de mieux comprendre la parabole.


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Pour commencer cette enquête, nous allons interroger l’exégèse et en particulier l’exégèse patristique. En 1991, Frédéric Manns publia dans la Revue des Sciences Religieuse un article[3] montrant les résultats d’une solide enquête sur les commentaires patristiques de la parabole des talents selon saint Mathieu. Il fait en outre le lien avec des sources juives antérieures pour mettre en perspective ces commentaires patristiques. En voici quelques résultats :


« La parabole des talents fut commentée de façon diverse : elle est devenue une allégorie de l’histoire du salut. La lecture christologique en a fait une figure de la situation de l’Eglise durant l’absence du maître. L’intérêt parénétique a pris une place importante dans les commentaires : 1′évangelisation et la mission aux païens sont urgentes. La responsabilité individuelle est soulignée. Les talents sont avant tout la Parole et les dons de l’Esprit, les facultés naturelles et les dispositions éthiques. A partir du moment où la prédication et l’enseignement de la parole seront réservés à une catégorie dans l’Eglise, faire fructifier les talents signifiera pour les uns se consacrer au service de la parole, pour les autres mettre en pratique l’enseignement reçu et produire dans les œuvres l’intérêt de la dominica pecunia. Un lien entre foi et œuvres, entre l’enseignement et la pratique se dessine. Enfin, une autre interprétation de la parabole voit dans l’argent confié aux serviteurs l’image du corps créé à l’image de Dieu, de la vie présente qu’il faut faire fructifier pour obtenir la vie éternelle. On pourrait dire que le corps de l’homme est lui aussi une parole de Dieu qu’il faut faire fructifier comme on fait fructifier les paroles par le travail apostolique[4]. »



Cette synthèse nous permet de reconsidérer quelques points fondamentaux.

Le Maître de la parabole désigne Jésus-Christ lui-même, celui qui après sa mort et sa résurrection, quitte ce monde pour monter à la droite du Père. Ainsi la parabole des talents fait partie des paraboles eschatologiques. Elle évoque indirectement la question des Fins dernières que l’on retrouvera de manière sublime dans la parabole du Jugement Dernier[5]. Elle sera d’ailleurs entendue dimanche prochain pour terminer l’année liturgique avec la solennité du Christ-Roi.

Comprendre la parabole des talents devient comme une avant-première pour comprendre avec une justesse renouvelée l’interprétation de la parabole du Jugement Dernier. En tous cas cette désignation confirme l’intuition que nous avions eu lors de notre analyse narrative, à savoir que le Maître semble prendre la posture du « bon pasteur« , c’est-à-dire celui qui connait ses brebis pour donner selon les capacités de chacune. Sans doute est-ce pour cela que la parabole du Jugement Dernier semble associer à la figure du Juge la figure du Berger face à ses brebis.

Comment ne pas penser à cette oraison de la Liturgie pour les défunts au moment de la présentation des dons :


« En te présentant, Seigneur, cette offrande pour le salut de ton serviteur (servante), nous faisons appel à ton amour : Il (elle) a toujours vu en ton Fils un Sauveur plein de bonté ; fais qu’il (elle) trouve maintenant en lui le Juge dont il (elle) n’a rien à craindre[6].»



La richesse sémantique de la parabole des talents concernant la figure du Maître permet cette association entre l’image du Berger (Sauveur) et celle du Juge (celui qui demande des comptes de la gestion).


Ensuite la vie des serviteurs pendant l’absence du Maître correspond à la vie de l’Eglise, qui depuis l’Ascension, attend dans l’espérance son retour glorieux. On comprend alors pourquoi les Pères de l’Eglise ont vu dans l’image des talents le don de l’Esprit et le don de la prédication. En effet, lors de son Ascension Jésus-Christ promet d’envoyer l’Esprit afin de consacrer ses apôtres mais aussi pour les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle grâce au souvenir de tout ce qu’il a dit[7].

Nous voyons à travers l’image des talents toute la dynamique et la force de la Pentecôte où il est question de consécration, de force, d’ouverture des lèvres et don des langues, d’intelligence et d’interprétation des Ecritures pour annoncer le kérygme. Sans le dire vraiment, lorsque le Maître donne son bien à ses serviteurs, on pourrait presque y avoir une figuration de la Pentecôte.


L’autre aspect qui n’est sans intérêt concernant l’image des talents au sein des commentaires patristiques, c’est l’idée qu’ils représentent le corps. Dieu nous a donné un corps pour entrer dans une dynamique d’offrande, à l’image du Maître qui a pris chair de notre chair afin de l’offrir pour le salut du monde. Il y indirectement un lien avec une compréhension du mystère eucharistique, comme si le Maître laissait à ses disciples le Sacrement mémorial de son offrande, c’est-à-dire le mystère eucharistique.

Dans un cas comme dans l’autre, les considérations de l’exégèse patristique nous confirment bien notre intuition lors de l’exégèse narrative. Les talents ont valeur de « signe » c’est-à-dire une réalité visible qui rend présente une réalité invisible. La richesse que Jésus donne à ses disciples c’est précisément le don de l’Esprit ! Si d’un côté il y a « consécration » pour « annoncer« , de l’autre il y a « consécration » pour « s’offrir« . La prédication et le don de soi sont les deux faces d’une même réalité, les deux Tables d’une même nourriture : tous les deux sont fruits du don de l’Esprit. C’est lui qui ouvre à l’intelligence des Ecritures et qui ouvre les lèvres pour annoncer. C’est lui qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang de Jésus-Christ, authentique Sacrifice de louange. Ainsi la fructuosité des talents de la parabole est à mettre en perspective avec les fruits de l’Esprit dans la vie de l’Eglise. Qu’est-ce que l’Eglise fait de l’annonce ? Qu’a-t-elle fait du Sacrement de l’Eucharistie ? Est-elle « servante » de la Parole et du Pain puisque l’une ne va pas sans l’autre ?


Enfin vient la question du « serviteur mauvais« .

Puisque cette parabole, en étant un avant-goût de la parabole du Jugement Dernier se rattache aux paraboles sur les fins dernières, nous pouvons comprendre pourquoi il est qualifié de « mauvais« . Il est possible, dans un commentaire intégral et unifié des paraboles de Mathieu, de considérer cette entrée en scène du « serviteur mauvais » comme étant le même qui sera mise en scène dans la parabole du Jugement Dernier. Ce que l’on peut découvrir de lui aujourd’hui, nous aidera à mieux le cerner dimanche prochain.

Grâce à la synthèse patristique nous pouvons mieux cerner ce qui pose fondamentalement question. Il s’agit en fait de ce qu’il dit ! Si les talents confiés par le Maître « signifient » le don de l’Esprit envoyé par Jésus-Christ, la prédication et l’offrande de soi ; l’inaction du « serviteur mauvais » implique qu’il se ferme à l’Esprit, qu’il ne prêche pas ou alors énonce des erreurs, et enfin ne se donne pas.

S’il prêche mal, alors on peut trouver un argument qui confirme les découvertes de l’exégèse narrative. Cette dernière nous avait justement montré que ses dires pouvaient induire le lecteur dans l’erreur quant à la vérité sur son Maître et le prendre au bout du compte pour quelqu’un de sans pitié. Lorsque l’Evangile met en scène la perversion du langage, nous en avons le plus exemple au sein de la parabole des talents. Au lieu d’ouvrir l’intelligence, les paroles du « serviteur mauvais » distillent l’erreur : elles installent comme un voile de mensonge sur le Maître. Or, l’analyse historico-critique de Frédéric Manns a montré que cette parabole vise en particulier la fausse prédication des Docteurs de la Loi. D’ailleurs il écrit à ce sujet :


« Cependant plus d’une fois les paraboles de Jésus permettent de vérifier sa formation et sa mémoire juives. Il se pourrait que la parabole des talents qui visait les Docteurs de la Loi à qui la parole de Dieu a été confiée — et c’est ainsi que la tradition chrétienne la plus ancienne l’a comprise[8]. »



En fait, à bien mettre en considération la totalité des données concernant le « serviteur mauvais« , nous pouvons nous rendre compte qu’il n’est pas si « inactif » que cela. Il ne fait pas que mettre le talent dans la terre. Ce qui pose réellement problème c’est l’usage immoral de la parole : il énonce des fausses vérités sur son Maître, ce qui replacé dans le contexte interprétatif correspond à un authentique « péché contre l’Esprit« . Le « serviteur mauvais » représente non seulement celui qui va mettre sous le boisseau le don de Dieu, mais en plus va le détourner pour l’utiliser contre lui. Par sa parole, il pervertit au sein fort du terme la Grâce ! Il compromet la vérité !

Bien subtilement, on peut alors comprendre avec éclat qu’au-delà du « serviteur mauvais » se cachent les faux Docteurs de la Loi, c’est-à-dire ceux que l’on pourrait qualifier de « faux prophètes« .


L’Evangile selon saint Mathieu est sans doute celui qui met en récit, avec le plus de subtilité et de pertinence, la figure des « faux prophètes« [9] qui, habillés comme des agneaux, cachent un loup qui corrompt les fidèles du visage de Dieu, Père des Miséricordes[10] ?

N’y a-t-il pas de nos jours de mauvais serviteurs qui empêchent de connaître Dieu en vérité, tant ils enseignent des images erronées ?

Nous retrouvons cette figure dans les récits de l’enfance à travers Hérode[11] qui manipula l’interprétation des Ecritures pour lui-même manipuler les Mages afin de mettre à mort le Messie. Il y a en outre la figure des Pharisiens[12] et les Grands-Prêtres et le Conseil[13] dont les récits de la Passion mettent en lumière leurs tentatives non seulement au moment de l’arrestation et du procès de Jésus, mais surtout après la résurrection[14] en payant des propagateurs de fausses vérités sur les apôtres. On le retrouve bien évidement à travers la figure du Diable dans le récit des tentations[15] puisque ce dernier va jusqu’à falsifier l’Ecriture pour le tenter au sommet du Temple. Ce dernier va manipuler l’Ecriture pour corrompre Jésus, allant jusqu’à vouloir ouvertement le détourner de Dieu par un acte d’apostasie. Le travestissement de la Vérité est plus que jamais l’une des subtilités narratives de l’Evangile selon saint Mathieu !


A ce niveau de l’analyse une question fondamentale se pose quant au « serviteur mauvais » .

Cette figure narrative est-elle uniquement une allusion aux Docteurs de la Lois, c’est-à-dire renvoyant à une catégorie sociale précise dans une contexte historique donné ?

Ou bien cette figure pose par elle-même une question théologique renvoyant à une interprétation de l’Ecriture qui dépasse le cadre historique de l’époque de la rédaction et convoque pour le lecteur un questionnement qui lui est antérieur et qui manifeste peut-être une « tradition » ?

Finalement quel serait le statut biblique de la fructuosité ?


Les recherches exégétiques de Frédéric Manns sont précieuses pour notre réflexion, car il a engagé une enquête au sein de la tradition juive, antérieure à la rédaction de l’Evangile. Cette enquête a été engagée afin de comprendre le fondement interprétatif de la tradition des commentaires des Pères de l’Eglise. Frédéric Manns en arrive à cette hypothèse :

« Il se pourrait que la parabole des talents qui visait les Docteurs de la Loi à qui la parole de Dieu a été confiée — et c’est ainsi que la tradition chrétienne la plus ancienne l’a comprise — ait eu déjà une préparation juive. Nous chercherons cette préparation juive dans les traditions de Gn 2,15 : « Le Seigneur Dieu prit Adam qu’il avait façonné et le plaça dans le jardin pour le travailler et le garder ». C’est en ces termes que le livre de la Genèse 2,15 définit la vocation d’Adam. Depuis longtemps les exégètes ont noté dans ce texte une anomalie. Après les infinitifs « travailler » et « garder » le texte hébreu a un suffixe pronominal féminin, alors que le mot «gan » (jardin) est masculin. Certains commentaires modernes pensent que ce suffixe féminin renvoie au mot « adamah » (sol) de Gen 2,9. Les commentaires anciens avaient déjà soulevé le problème posé par Gen 2,15 et par la double tâche confiée à Adam, bien que le jardin soit parfait et que nul voleur ne menace […] Adam fut placé dans le jardin pour pratiquer le bien, pour garder et observer les préceptes. La version synagogale de la Bible reprendra cette exégèse. Le targum Jonathan, connu pour ses ajouts de type haggadique, traduit ainsi Gen 2,15 : « Yahvé Elohim prit Adam de la montagne du culte, endroit d’où il avait été créé, et il le fit demeurer dans le jardin d’Eden pour rendre un culte selon la loi et pour garder ses commandements. » Une triple nouveauté est contenue dans ce texte : Adam a été créé à l’emplacement du Temple. Sa vocation était de rendre un culte à Dieu et de garder les commandements. […] La tradition juive répète constamment que l’homme fut créé pour rendre un culte à Dieu, interprétant le terme le « obdah » non plus comme un verbe (créer), mais comme un nom : le « abodah » c’est à dire « pour le culte ». […] Ainsi « pour le cultiver » signifie l’étude de la loi et « pour le garder » signifie l’observance des commandements. De même que les sacrifices sont appelés « abodah« , de même l’étude de la loi est appelée « abodah« … « Pour le cultiver » signifie la prière. Peut-être ce verbe s’applique-t-il au culte ? […] C’est parce qu’il a refusé sa vocation liturgique et parce qu’il n’a pas voulu garder les commandements qui unifiaient sa vie active et sa vie contemplative qu’Adam a été expulsé du Paradis. Au lieu de la contemplation, c’est l’action qui l’attend[16]. »



S’appuyant sur les commentaires de Philon d’Alexandrie, des Targums Jonathan, Néofiti et celui de Job ; mais aussi sur le Midrash Tannaïm, Abot de Rabbi Nathan et Pirqè de Rabbi Eliézer qui sont les principaux témoins de cette exégèse juive, Frédéric Manns semble penser qu’il s’agit du sous-bassement culturel et interprétatif au sein duquel a été rédigé l’Evangile selon Mathieu.


La figure du « serviteur mauvais » serait alors une image d’Adam chassé du Paradis. Au sein de cette culture interprétative venant de l’exégèse juive ce « serviteur mauvais » qui n’a pas fait « fructifier » son talent serait en fait l’image de celui qui s’est détaché du culte rendu à Dieu et qui n’étudie plus l’Ecriture. Par conséquent, se pose pour lui la question de l’observance des commandements.


L’exposition synthétique de cette culture exégétique juive sous-jacente à la rédaction de l’Evangile de Matthieu nous rappelle un point capital et fondamental : il n’y a aucune séparation (ni fusion) entre culte et étude de la Loi.

On ne peut interpréter cet Evangile sans tenir ferme ces deux réalités indissociables entre le culte d’une part dans sa dimension rituelle et communautaire, et l’étude de la Loi d'autre part. Toutes deux conduiront à la pratique des Commandements qui passeront par la charité.

Il serait dangereux, en voulant interpréter l’Evangile selon Mathieu de dissocier culte et interprétation de l’Ecriture, ou encore de substituer la vie fraternelle au culte ou à l’interprétation de l’Ecriture.

Au contraire, la vie fraternelle est finalement le fruit, l’expiration d’un souffle provenant des deux poumons que sont le culte et l’étude de l’Ecriture.

C’est d’ailleurs sur le sous-bassement de cette culture exégétique juive que l’on pourra dire plus tard que le mystère eucharistique est constitué de deux piliers indissociables la Table de la Parole (étude de l’Ecriture) et Table de l’Eucharistie (rituel pour le mémorial de la Pâque du Seigneur).


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Nous pouvons maintenant opérer une synthèse de ces découvertes pour mettre en perspective d’autres questions provenant de notre précédente exégèse narrative.

Pour cela reprenons déjà l’organisation temporel du récit concernant le « serviteur mauvais« . D’abord il reçoit un talent et va l’enterrer. Conséquence, ce dernier ne fructifiera pas. Ce n’est qu’au retour du Maître qu’il va faire son énoncé.


Le « serviteur mauvais« , enterrant un talent et ne le faisant pas « fructifier » est à ce moment-là l’image d’Adam chassé du Paradis. Il est privé de la Grâce, ne pratique plus le culte et n’étudie plus l’Ecriture. En d’autres termes il ne « s’offre » plus lui-même et on ne sait s’il pratique ou pas les Commandements.


Au retour du Maître, en prononçant un discours erroné où ce dernier a mis en lumière ses contradictions, face à ce paradoxe entre son raisonnement intérieur et ses actes, le « serviteur mauvais » montre qu’il est « divisé » en lui-même.

Il devient l’image des Docteurs de la Loi mais aussi des Pharisiens. Ne sont-ils ceux qui, selon les paroles de Jésus interprètent l’Ecriture en liant de pesant fardeaux sur les épaules[17] plutôt que de libérer. Ne sont-ils pas ceux qui travestissent la vérité par la corruption et ceux où l’on peut constater une division très profonde entre l’enseignement et les actes accomplis[18]?


Nous pouvons constater cette évolution : de la figure d’Adam chassé du Paradis où s’étant détaché du culte et de l’interprétation de l’Ecriture, le « serviteur mauvais » s’enferme dans un « mensonge » concernant son Maître, où devenant un « faux prophète » par son discours le fruit d’un péché se manifeste : il ne pratique plus le bon droit ou la justice[19] mais l’erreur.


Le mystère demeure quant à la profondeur de son mensonge car il est parfaitement légitime de se demander s’il a réellement eu peur de son Maître, ou si ce n’était qu’un mensonge de plus : un mensonge stratégique pour se disculper. L’argumentaire du Maître qui semble scruter les reins et les cœurs[20], met non seulement en lumière ses « divisions » entre son raisonnement et ses actes, mais remet en cause jusqu’au fait d’avoir eu peur. Quel(s) sens donner à cette « peur » ?


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Pour notre présente analyse, une question reste maintenant à élucider : Comment s’est mis en place ce processus de mensonge ? Comment le serviteur s’est détaché du culte et de l’interprétation de l’Ecriture ? S’est-il enfermé dans son mensonge ou bien dans celui d’un autre ? N’y aurait-il pas un dernier personnage dont nous n’aurions pas encore soupçonnée la présence dans ce récit ?


Qu’est-ce qui serait à l’origine de cette « division » constatée chez le « serviteur mauvais » ? N’est-ce pas un argument en faveur de circonstances atténuantes pour lui comme s’il avait été manipulé par un tier. Et si cette parabole avait pour objectif de mettre en lumière la subtilité et l’action d’un « tentateur » ? Cette question est primordiale pour tenter de mesurer le degré de responsabilité du serviteur dans cette présentation erronée du Maître qui entre en contradiction avec les informations contenues au début de la parabole.

N’y-a-t-il pas quelqu’un d’autre qui se cache derrière tout cela et qui aurait manipulé ce serviteur ? La piste du « tentateur » devient de plus en plus manifeste !


Le serviteur ne serait-il pas « prisonnier » d’une « fausse image » ? Ce l’est-elle fabriquée lui-même ou bien est-ce l’œuvre d’un tiers ? Un peu comme lorsque l’on se forge une idée sur quelqu’un sans le rencontrer vraiment et en se basant de ce que les autres en pensent.


Pour cela prenons pour point d’appui la tradition exégétique juive évoquée par Frédéric Manns et qui semble sous-jacente à la rédaction de l’Evangile selon Mathieu.


Si l’on fait référence à la figure d’Adam, mais un Adam qui a été chassé du Paradis, on ne peut alors mettre sous silence la place du Serpent et de la tentation. Autrement dit, se pose indirectement la question du « péché originel » à travers l’épisode biblique de la chute[21] d’Adam et Eve au moment de leur désobéissance. Nous pourrions peut-être nous permettre ce postulat : est-ce que derrière la figure du « serviteur mauvais » ne se cacherait pas le Tentateur, c’est à dire Satan ? Un esprit du mal (démon), celui qui divise (diable) ? Est-ce derrière son inaction vis-à-vis de la Grâce et sa parole de mensonge ne se cacheraient pas les « fruits » tout comme l’emprise du péché originel ?


Pour cela reprenons l’organisation structurelle du récit selon le Livre de la Genèse.

Au chapitre 01 nous avons le premier récit de la création qui se termine par la création de l’homme et de la femme à qui Dieu va remettre entre leur main l’ensemble de son œuvre.

Au chapitre 02 s’enchaine le 2ème récit de la création qui se termine par la création d’Adam où Dieu va lui façonner un corps à partir de la glaise et de l’eau qui coulait d’une source. Puis Dieu remet entre les mains d’Adam sa créature, l’ensemble de la création mais avec la recommandation ne pas toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Afin qu’Adam ne soit pas seul, il y a ensuite la création d’Eve pour l’aider dans sa mission. Le récit se termine par la perspective de l’union d’Adam et d’Eve comme si les 2 corps ainsi formés avaient pour vocation de se donner l’un à l’autre pour ne faire plus qu’un. Malgré des différences, les deux récits se terminent tout d’abord par la création de l’homme et de la femme puis par un don et un commandement.

Le chapitre 3 raconte la désobéissance et la chute d’Adam et Eve conduisant à leur exclusion du Paradis. Attardons-nous à ce chapitre. Tout d’abord Dieu commence par s’absenter : après avoir confié sa création à Adam et Eve avec une recommandation faite uniquement à Adam, il quitte la scène. Apparait le Serpent qui va d’abord engager une conversation avec Eve. Ce dernier va lui énoncer des erreurs concernant Dieu comme si ce dernier les avait trompés en leur mentant. Le serpent fait mentir Dieu ! Ainsi, celle qui avait été créée par Dieu pour venir en aide à Adam va être celle qui va le compromettre. Le mensonge du serpent va exciter sa curiosité : en regardant l’arbre et sa beauté une faim d’intelligence (c’est-à-dire de connaissance), un désir va la pousser à manger du fruit. Puis elle en donna à Adam. A ce moment-là leurs yeux s’ouvrent : ils sont illuminés et découvre leur nudité, comme s’ils prenaient davantage conscience de leur corps. Lorsque Dieu revient, il se met en quête d’Adam. Un dialogue s’installe entre Dieu et Adam où ce dernier « a peur » parce qu’il a pris conscience de sa faute envers le commandement de Dieu de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance. De sa part est-ce un oubli, car il n’a pas semblé manifester de résistance lorsqu’Eve lui proposa du fruit.

Dieu se rend compte de la faute de ses créatures et va se mettre en quête de la responsabilité de chacun : Adam va vouer qu’il a été compromis par Eve. Quant à Eve elle va avouer qu’elle été compromise par le serpent qui a perverti la parole même de Dieu. Tout le monde est maintenant « divisé« !

Dieu se rend compte du plan du serpent : le faire passer pour un menteur, afin de corrompre celle qui a été créée pour venir en aide à Adam. D’autant qu’Eve n’était pas censée savoir cette interdiction puisque Dieu l’a adressée à Adam avant même sa création. Le serpent accomplit un rôle de division, rendant compte de la racine du nom de « diable« . En la trompant, le serpent utilise cette faiblesse d’Eve pour la faire passer pour une menteuse puisqu’elle n’a pas aidé Adam : au contraire, elle l’a compromis ! Quant à Adam, il a complètement oublié le commandement de Dieu puisqu’il n’a rien dit à Eve lorsque cette dernière lui présenta du fruit. Cet oubli est une désobéissance envers Dieu ! Face à cette faiblesse humaine d’oubli pour Adam ou de méconnaissance pour Eve des Commandements de Dieu, le serpent va jeter un voile d’erreurs et de mensonges et de division. Prisonnier de ces erreurs et de ces mensonges, ils agiront comme des aveugles : ils perdront leur liberté ! Leur volonté et leur libre arbitre en seront altérés !

Cependant le fait de manger de l’arbre de la connaissance leur permettra de découvrir l’origine du mal : ils prendront conscience qu’ils ont succombé à une double tentation à cause du serpent : séduction par la parole (serpent) et par les yeux (regarder l’arbre).

Face à ces aveux, Dieu va adresser une sentence en fonction des responsabilités de chacun. Puisqu’il a trompé en faisant passer Dieu pour un menteur, le serpent sera le seul qui sera maudit et sous le coup d’une sanction sévère. Il y a des circonstances atténuantes pour Adam et Eve. Les créatures seront punies par une forme de pénibilité corporelle, qui rendra finalement plus « lourd » ce que Dieu leur a donné en les créant. Eve qui a succombé au désir visuel excité par une parole séductrice se verra canaliser dans son désir, tout en enfantant dans la douleur. Adam qui est « tiré de la terre » connaitra une pénibilité corporelle en la travaillant. Mais à la fin, même s’ils ont été chassés du Paradis afin de protéger l’Arbre de Vie, Dieu va tout de même les vêtir avant de les faire partir. C’est Dieu lui-même qui va habiller la nudité de ses créatures, c’est-à-dire qu’il va prendre soin d’eux et redonner la dignité à leur corps, à l’endroit même où ils avaient pris conscience de leur faute. En sommes Dieu prépare une réconciliation, un Salut pour sa créature.


En revenant à la parabole des talents, cette comparaison avec Gn 3 peut nous être d’un précieux secours pour mieux cerner ce « serviteur mauvais ».

Déjà on peut remarquer les similitudes de construction. Dans l’un Dieu confie sa création à sa créature et s’en va, dans l’autre le Maître donne ses biens à ses serviteurs avant de partir en voyage. Dans l’un lorsque Dieu revient, il y a perception de la faute, dans l’autre lorsque le Maître revient on évalue la gestion et l’on en tire les conséquences. Dans l’un Dieu punit en fonction des responsabilités de chacun, dans l’autre le Maître fait grâce en donnant à chacun selon ses capacités.


Adam et le « serviteur mauvais » ont « peur » lorsqu’ils exposent leurs aveux. Comme Adam a pris conscience de sa faute, peut-on en déduire que le « serviteur mauvais » a également pris conscience de la sienne, c’est-à-dire qu’il est dans le mensonge ? Cela nous permet de rendre pertinent notre postulat, c’est-à-dire de considérer que la parabole des talents convoque indirectement la présence du Tentateur.


Le « serviteur mauvais » est bien une actualisation d’Adam selon l’épisode de la chute et de la désobéissance.

Comme Adam et Eve, le « serviteur mauvais » a été compromis par le Tentateur qui l’a fait prisonnier de son voile de mensonge.

C’est à cause de la compromission du Tentateur que le « serviteur mauvais » expose des erreurs concernant son Maître. C’est à cause du Tentateur qu’il a « enterré » ce talent, ce don de l’Esprit promis par le Maître justement pour venir en aide à la vie ecclésiale naissante. Ce qui devait être un secours divin est devenu une disgrâce. C’est à cause du Tentateur que le « serviteur mauvais » semble aveugle et paralysé dans sa volonté et son libre arbitre. En sommes, il serait comparable à cette fresque de Lucas Signorelli (1450-1523) « Le sermon et les actes de l’antéchrist » (1499-1502) où l’on peut voir le protagoniste complètement paralysé dans ses mouvements et séduit, hypnotisé par la parole du diable susurrée à l’oreille. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui dicte à l’oreille ce qu’il doit dit tout en substituant à ses actes.


Finalement, le « serviteur mauvais » peut devenir pour le lecteur la figure allégorique de ses propres divisions, de ses propres contradictions, de ses propres tentations. La sentence pour le « serviteur mauvais » deviendrait alors comme un avertissement pour le lecteur, un appel à la conversion !


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Si le « serviteur mauvais » est sous l’emprise du démon peut-il en être libéré ?


Si Dieu, par le fait de les avoir revêtus, prépara pour Adam et Eve un Salut, on est droit de se demander comment un Salut pourrait être proposé pour ce « serviteur mauvais« , bien que la parabole annonce catégoriquement la Géhenne. Il est alors possible d’élargir notre analyse en réfléchissant une issue autre : qu’est-ce qui pourrait guérir ce « serviteur mauvais » ? Qu’est-ce qui pourrait nous libérer de la tentation et l’emprise du Tentateur ?


Pour terminer ce commentaire, il suffit de laisser la parole à celui à qui nous devons l’élaboration de la théologie du péché originel, c’est-à-dire saint Augustin. C’est précisément en commentant Gn3 que l’évêque d’Hippone élabora progressivement cette doctrine vers 397, dans le prolongement dynamique de sa conversion, de son catéchuménat et de son baptême.


Une fois prêtre puis évêque, dans son discours sur le Symbole qu’il adressa aux catéchumènes, Augustin propose une mystagogie du rite de l’exorcisme intégré au scrutin au moment de la Traditio Symboli (remise du Symbole). Son interprétation du rite et ce que cela implique pour les catéchumènes pourrait être parfaitement ce qui préparerait une guérison du « serviteur mauvais« . Voici ce que l’évêque d’Hippone écrivit:


« Dieu est tout-puissant, et parce qu’il est tout-puissant il ne peut mourir, il ne peut être trompé, il ne peut mentir, et selon la parole de l’Apôtre, « il ne peut se renier lui-même[22] ». Que de choses il ne peut pas, quoi qu’il soit tout-puissant ; ou plutôt, il est tout-puissant parce qu’il ne peut pas toutes ces choses, S’il pouvait mourir, il ne serait pas tout-puissant ; s’il pouvait mentir, se tromper, être trompé, faire le mal, il ne serait pas tout-puissant ; car s’il était capable de tout cela il ne serait pas digne d’être tout-puissant. Dès lors notre Père tout-puissant ne peut pécher. Il peut faire tout ce qu’il veut, c’est là sa toute-puissance. Il fait tout ce qu’il veut de bien et de juste ; mais il ne veut rien de ce qui pourrait être mal. Personne ne peut résister au tout-puissant jusqu’à l’empêcher de faire ce qu’il veut

C’est Dieu qui a créé le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, les choses invisibles et visibles. Les choses invisibles, comme sont par exemple les trônes, les dominations, les principautés, les puissances, les archanges, et les anges, dont nous deviendrons les concitoyens, si nous menons une vie sainte. Dieu a fait également dans le ciel les choses visibles : le soleil, la lune, les étoiles. Il a créé les animaux terrestres pour orner la terre ; dans l’air, il a lancé les oiseaux ; sur le sol il a jeté les animaux marchants et rampants, et dans la mer les poissons ; il a rempli chaque élément des créatures qui lui sont propres. Enfin il a donné à l’homme une âme créée à son image et à sa ressemblance ; l’âme est donc l’image de Dieu, voilà pourquoi elle ne peut se comprendre elle-même, en tant qu’elle est l’image de Dieu. Nous avons été créés pour commander à toutes les autres créatures ; mais nous sommes tombés par le péché du premier homme, et, depuis ce moment, nous avons hérité de la mort. Nous sommes devenus des hommes mortels, nous sommes remplis de craintes et d’erreurs ; c’est là l’œuvre du péché dont tout homme apporte en naissant la coulpe et le châtiment. Voilà pourquoi vous voyez que l’on souffle sur les petits enfants, et qu’on les exorcise, afin de chasser loin d’eux la puissance ennemie du démon qui n’a trompé les hommes que pour en faire ses esclaves. Dans les petits enfants ce n’est donc pas la créature même de Dieu que l’on exorcise et sur laquelle on souffle, c’est le démon sous le joug duquel nous naissons tous par le péché, car il est le prince des pécheurs. Et c’est ainsi que pour un seul homme qui est tombé et qui a condamné à la mort toute sa postérité ; Dieu a envoyé sur la terre Celui-là seul qui est sans péché et qui délivre de leurs péchés et conduit à la vie éternelle tous ceux qui croient en lui[23]. »

La réflexion engagée par Augustin concernant la « Toute-Puissance » de Dieu nous replace complètement dans l’histoire du Salut.

A partir d’une interprétation de Gn 3, il retrace avec perspicacité le piège au sein duquel semble être tombé le « serviteur mauvais« . Quelque part le catéchumène ne serait-il pas encore semblable à ce « serviteur mauvais » tant il porte toujours les « marques » du péché originel ? N’est-il pas dans l’attente d’une libération ?


Pour le croyant il y a un remède : une possible guérison.

Le rite de l’exorcisme est ici compris dans sa dimension biblique : on souffle pour libérer de l’emprise du démon (esprit du mal) et de son mensonge (ignorance) afin de retrouver sa liberté et sa volonté.

Liberté et volonté pour renoncer à Satan (identifié comme le serpent de la Genèse), à ses œuvres et à ses tentations.

Liberté et volonté pour mieux connaître Dieu par l’illumination de l’intelligence pour qu’en confessant sa foi, il soit plongé dans le bain de la libération et de la génération comme disait déjà Tertullien dans le premier traité sur le baptême : le De Baptismo.


Ainsi libéré et régénéré, le néophyte est prêt pour recevoir un don plus grand encore : celui d’être consacré dans l’Esprit (confirmation) pour que son corps devienne vraiment le Temple[24] de la Trinité pour inaugurer un culte nouveau[25].


Ainsi consacré, le néophyte peut ensuite entrer dans le dynamique de l’offrande de son corps en « sacrifice saint, capable de plaire saint, véritable adoration[26] » en participant pour la première fois au Sacrifice Eucharistique.


Considérant le « serviteur mauvais » comme une image de nous-mêmes, l’analyse de la parabole des talents, nous soumet cette question cruciale et essentielle :


« … Chrétiens, qu’as-tu fait des sacrements de ton initiation chrétienne ? »


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[1] E. Bohler, « Une parabole peut-elle nous sembler antiévangélique ? », In : L’Ami Hebdo, n°46-2020 du 13 novembre 2020.

[2] Mt 25, 14-30.

[3] F. Manns, « La parabole des talents. Wirkungsgeschichte et racines juives » In : Revue des Sciences Religieuses, tome 65, fascicule 4, 1991. pp. 343-362.

[4] Ibid. p. 358.

[5] Mt 25, 31-46.

[6] Rituel des funérailles, Prière sur les offrandes n°01. Edition Typique : Rome, 15 août 1969. Version française : Paris, 1972- 1994.

[7] Jn 14, 23-29 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. ». A travers cet extrait de la Prière sacerdotale, nous voyons bien associée le don de l’Esprit et le don de la parole. L’Esprit enseigne pour que l’apôtre, après avoir été enseigné, puisse à son tour enseigner.

[8] F. Manns, « La parabole des talents. Wirkungsgeschichte et racines juives » In : Revue des Sciences Religieuses, tome 65, fascicule 4, 1991. pp. 359.

[9] Mt 7, 15 et Mt 24, 10-13.

[10] 2 Co 1, 3-4.

[11] Mt 2, 1-12.

[12] Mt 22, 15-21.

[13] Mt 26, 4 ; 59-65.

[14] Mt 28, 13-15.

[15] Mt 4, 1-11.

[16] F. Manns, « La parabole des talents. Wirkungsgeschichte et racines juives » In : Revue des Sciences Religieuses, tome 65, fascicule 4, 1991. pp. 359-361.

[17] Mt 23, 4.

[18] Mt 22, 34-40.

[19] Pr 21, 3.

[20] Is 11, 15.

[21] Gn 3, 1-6.

[22] 2 Tm 2, 13.

[23] Augustin d’Hippone, Discours sur le Symbole, Traduction, sous la direction de M. Poujoulat et de M. l’abbé Raulx, Bar-le-Duc, Guerins et Cie, 1864-1872. Disponible sur le site : https://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/Staugustin/symbole/index.htm

[24] He 3, 4-6 et 1 Co 3, 16-17.

[25] 1 Co 6, 19-20.

[26] Rm 12, 1.

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