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« Ô Croix dressée sur le monde », Jean SERVEL et César GEOFFRAY


Libre commentaire de l’hymne « Ô Croix dressée sur le monde »

Cote: H 30

Musique de César GEOFFRAY (1901-1972) à partir d'une Mélodie traditionnelle bretonne


Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.

N°01, édition de janvier 2021.


« Le Sacré-Coeur » (1916),


Ce cantique publié en 1951 dans la collection "Les deux Tables", fruit d'un heureux métissage culturel à la limite anachronique avec une solide théologie biblique, est passé à la postérité, traversant les modes et les générations, s'inscrivant dans la mémoire collective grâce à la science de ses auteurs.


La musique semble coordonner la narration.

La mélodie est extraite du cantique breton traditionnel remontant probablement au XVIIème siècle : "Me a laka va fizians", que l'on peut traduire : "Je mets ma confiance".

Cependant César Geoffray va opérer un métissage en restructurant la mélodie originale au sein d'une forme musicale propre au XXème siècle. Le cantique adopte la forme A-A-B-A qui a l'avantage de permettre une variété de mise en œuvre vocale entre assemblée, soliste(s), chorale. Cette forme remonte aux comédies musicales de Broadway aux XIX/XXème siècles. Elle sera la forme principale des chansons populaires aux Amériques, en particulier pour le Gospel et le Jazz, et ce jusqu'à la 2ème guerre mondiale avant la généralisation progressive de la forme couplet/refrain. Pour cette forme les sections A et B doivent être de même taille : ce qui est le cas pour le cantique puisqu'elles font 4 mesures chacune. Ensuite, bien que la mélodie soit modale, l'harmonisation est subtilement tonale. D'ailleurs la section B, appelée "pont" ou "Bridge", doit amener des harmonies différentes : ce qui est le cas puisque A est en Sol mineur (mélodique ascendant) et B, en se terminant par une ½ cadence, est en Si bémol majeur.



Jean Servel va se servir de cette mélodie bretonne enchâssée dans une forme du gospel pour écrire une litanie qui présente la Croix comme le cœur du mystère pascal.

Litanie parce que la forme musicale permet de répéter 5 fois l'expression "Ô Croix" à chaque strophe.


Les sections A sont construites sur une alternance systématique antécédent/conséquent, à savoir :

Antécédent : "Ô Croix" suivie d'une reformulation d'un extrait biblique.

Conséquent : uniquement "Ô Croix de Jésus-Christ."

Cette alternance manifeste le centralisme de la Croix de Jésus-Christ comme lieu d'accomplissement de toutes les figures bibliques évoquées. En contemplant cette Croix on peut y voir le lieu où s'accomplit toute l'Ecriture !

Par contraste, la section B développera uniquement l'extrait biblique exposé dans l'antécédent de A. Elle a une fonction quasi exégétique et interprétative qui renforce le centralisme de la Croix comme clef d'interprétation de toute l'Ecriture.


Voici la synthèse biblique par strophe :

1) Jn 12,32 / Jn 19,34 / Ez 47,1-9. La Croix est source de l'eau : allusion au baptême.

2) 1 Co 1,18 / 1 Co 6,20 (1 Co 7,23 ; 1 P 2,24 ; 1 P 3,18) / 1 Co 1,18. La Croix est source du sang versé : synthèse de l'enseignement apostolique sur le rachat. IL s'agit sans aucun doute du verset le plus significatif concernant le mystère de la Croix en lien avec les concepts théologiques de Rédemption et de Rachat.

3) 1 Co 1,21-25 / Ph 2,8 / Ph 2,7. Allusion eucharistique au don total (sacrifice) : synthèse de l'hymne de Paul aux Philippiens.

4) Ga 2,20 / Rm 2,16 / Jn 12,31. La Croix est "glorieuse" car lieu du Jugement miséricordieux et de la Résurrection.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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