"Vers toi Seigneur" de Nicole BERTHET et Théo MERTENS
- bohleremmanuel
- 10 mars 2021
- 3 min de lecture
Libre commentaire du cantique "Vers toi Seigneur"
Cote : DEV 347 (B 74-1) Texte : Nicole BERTHET-CNPL Musique :Théo MERTENS (1951-)
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°02, édition de mars 2021.

Procession des offrandes, lors de la messe de consécration du nouvel Autel de la Basilique Saint-Denis par Monseigneur DELANNOY.
Très discrète, Nicole Berthet a écrit pas moins de 56 textes de chants référencés et d'une profonde qualité. Tout aussi discret est Théo Mertens. Cet ancien professeur d'anglais bruxellois se consacre depuis 1986 à l'animation et à la création de chants. Leur collaboration permit de réaliser cette perle de très grande valeur pour accompagner le rite de la préparation des dons.
Par sa progression narrative, ce chant nous permet d'entrer dans le sens spirituel et théologique de l'offrande par les mains. Il est essentiel de le chanter en entier si nous voulons que cette authentique mystagogie permette aux fidèles d'avoir une participation plus consciente[1] à la prière eucharistique qui suivra. Analysons chaque strophe.
1) Elle décrit le geste de présentation des dons en s'inspirant du Ps 134,2 et du Ps 50,16. On élève les mains pour offrir le fruit du travail. De cette offrande va jaillir une action de grâce. On y donne à comprendre le sens de l'expression sacrifice de louange.
2) Elle va reprendre l'offrande par les mains et la louange mais pour donner une signification complémentaire. S'inspirant du Ps 140,2 et Is 1,11-17 on invoque une transformation : le geste de l'offrande doit s'associer d'un geste de justice, c’est-à-dire le service du frère. Se manifeste un lien entre offrande et charité.
3) Déployant la strophe précédente et en s'inspirant de Rm 12, 1-5 on évoque l'offrande des mains : celles qui présenteront les offrandes seront celles qui devront changer le monde. Les offrandes deviendront le Corps et Sang de Notre Seigneur, dans le même mouvement les mains des fidèles seront transformées pour transformer le monde par l'engagement d'une vie chrétienne.
4) C'est la seule strophe qui parle explicitement des dons. A travers l'image du pain et du vin on y développe le lien entre Eucharistie et mission à travers l'image du ferment et du sel. S'inspirant de 1 Co 5,6-8 et Mt 5,13, la strophe présente l'œuvre du mystère pascal dans la vie du croyant : celle d'une consécration de sa personne[2].
5) La dernière strophe rappelle que c'est Dieu qui nous rend apte à offrir et à s'offrir. S'inspirant de Ps 84, 14 et Is 58,8 on rappelle que Dieu nous précède toujours sur le chemin de la justice. SI nous voulons emprunter ce chemin, il convient de prendre la main que notre Bon Pasteur nous tend. L'Eucharistie est un mystère qui précède[3] la communauté ecclésiale tout en étant un avant-goût[4] du Banquet Céleste.
Pour manifester cet avant-goût du Ciel, les strophes forment une litanie eucharistique en se terminant toutes par "Royaume de Dieu parmi nous".
Chaque strophe est un quatrain décasyllabique. La mélodie d'inspiration modale est très facilement mémorisable par son organisation A-B-A-C. La 1ère période faite des 2 premières séquences (A-B) se termine par une demi-cadence en ré mineur. La 2ème période faite des 2 dernières séquences (A-C) se termine par une cadence modale.
La mélodie permet aisément d'y réaliser contre-chants et variations si la préparation des dons s'accompagne d'une procession.
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[1] Benoit XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, N°42, Rome, 22 février 2007. [2] Ibid. N°11. [3] Ibid. N°14. [4] Ibid. N°31.
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