Jour du Seigneur, jour de louange
- bohleremmanuel
- 14 juil. 2021
- 4 min de lecture
Commentaire musical du cantique "Jour du Seigneur, jour de louange"
Cote : A4 Texte : Jean SERVEL (1912-1981)
Musique : Air d'Anjou/Robert JEF (1924-1999)
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°04, édition de juillet 2021.

En 1997, nous pouvions lire dans la revue "La Maison Dieu" (n°112) : "En 1951, paraît le premier recueil d'une autre série intitulée : Les Deux Tables […] Le titre, à lui seul, dit bien à quel point la liturgie est en train de redécouvrir ses fondements, douze ans avant la Constitution sur la sainte liturgie de Vatican II. »
Nous avons déjà présenté la qualité textuelle et musicale de cette série de recueils (Caecilia n°03-2018, n°05-2018, n°3-2019, n°1-2020, n°1-2021) pouvant servir de référence pour qui souhaite être initié à la composition liturgique.
"Jour du Seigneur, jour de louange" est une perle rare car 10 ans avant la Constitution conciliaire sur la liturgie, il présente le sens du dimanche et de l'année liturgique avec une justesse inégalée. Il condense intégralement par anticipation ce qui sera écrit dans la Constitution !
S'inspirant d'une mélodie ancienne d'Anjou, Robert Jef propose un cantique à refrain où se dissimule subtilement une litanie. En effet, le refrain comme les couplets se divisent en 4 périodes. Mélodiquement l'enchainement couplet/refrain fait entendre ceci : a-b-a-c/d-e-a-a'. La mélodie des couplets met en place une litanie ; quant au refrain, il se termine en reprenant deux fois la formule litanique du couplet avec une légère variation.
Cette litanie met en lumière une spécificité du texte de Jean Servel : reprendre l'élément clef de chaque couplet et mettre le mot "alléluia" du refrain en évidence. Chaque élément clef vont ainsi être associés à l'acclamation par excellence de la Pâque !
Le refrain est un déploiement narratif du sens biblique du mot "alléluia". Ce dernier est un abrégé du Nom de Dieu, comme si la louange est constitutive de la nature divine. Anticipant le n°2[1] de la Constitution, le refrain rappelle la vocation du dimanche comme jour de sanctification et de louange. A ceci s'ajoutent 3 strophes pour décrire le dimanche de manière plus spécifique.
1. Jour consacré à Dieu, selon l'Ecriture (Ex 20,8-11).
2. Peuple convoqué par Dieu dans l'attente (anticipation du n°106[2]).
3. Attente de la fin du temps (anticipation du n°8[3]).
Puis il y a 2 strophes pour chaque temps spécifique :
1. L'avent : Dieu vient et où nous sommes tendus vers lui.
2. La Nativité, Pâques, l'Ascension et la "Fête Dieu" sont intimement unis puisque l'acclamation pascale "alléluia" en est le point central. Chaque temps liturgique exprime alors un aspect particulier du mystère pascal.
3. La Pentecôte : on met en lumière l'Esprit et le souffle de Dieu.
L'acclamation "alléluia" devient l'unité de mesure narrative de l'ensemble des couplets. Il devient le mot par excellence du dimanche, faisant de lui le noyau fondamental qui coordonne l'année liturgique. Or le n°102[4] de la Constitution rappelle la vocation mémorielle du mystère pascal mais le n°106 insiste en réaffirmant que le dimanche est le noyau fondamental qui rythme l'année liturgique.
Ces 13 strophes permettent une grande variété de combinaisons pour utiliser ce chant tout au long de l'année.
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[1] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la liturgie Sacrosantum Concilium, n°2, 4 décembre 1963 : "La liturgie, par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, « s’exerce l’œuvre de notre rédemption », contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église."
[2] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la liturgie Sacrosantum Concilium, n°106, 4 décembre 1963 : " L’Église célèbre le mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les « a régénérés pour une vivante espérance par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 P 1, 3). Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu’il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail. Les autres célébrations, à moins qu’elles ne soient véritablement de la plus haute importance, ne doivent pas l’emporter sur lui, car il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique."
[3] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la liturgie Sacrosantum Concilium, n°8, 4 décembre 1963 : "Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l’hymne de gloire ; en vénérant la mémoire des saints, nous espérons partager leur communauté ; nous attendons comme Sauveur notre Seigneur Jésus Christ, jusqu’à ce que lui-même se manifeste, lui qui est notre vie, et alors nous serons manifestés avec lui dans la gloire."
[4] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la liturgie Sacrosantum Concilium, n°102, 4 décembre 1963 : "Notre Mère la sainte Église estime qu’il lui appartient de célébrer l’œuvre salvifique de son divin Epoux par une commémoration sacrée, à jours fixes, tout au long de l’année. Chaque semaine, au jour qu’elle a appelé « jour du Seigneur », elle fait mémoire de la résurrection du Seigneur, qu’elle célèbre encore une fois par an, en même temps que sa bienheureuse passion, par la grande solennité de Pâques. Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation et la Nativité jusqu’à l’Ascension, jusqu’au jour de la Pentecôte, et jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance et de l’avènement du Seigneur."
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