top of page

Christ, Roi du monde

Commentaire musical du cantique-choral "Christ, Roi du monde"



Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.


N°04, édition de juillet 2022.




Ce cantique est le fruit du travail d'un couple de musiciens, chrétiens et engagés. Epouse du compositeur Jacques Berthier, Germaine de Lioncourt (1925-1999) composait des textes liturgiques et huit ont été mis en musique. Cinq par son mari, sinon par Henri Dumas et Marcel Godard.


Associés à un travail de construction hymnique s'enracinant dans la tradition de l'Antiquité, ses textes sont un exemple de réécriture poétique des versets bibliques où une solide exégèse au préalable lui permet de faire advenir un texte avec la même force poétique dans un style très épuré.

Ce cantique est une hymne strophique adressée au Christ. Les trois strophes et la doxologie sont composées de sept versets s'inspirant de l'évangile de Jean. D'un point de vue métrique, les six premiers versets alternent entre cinq et six pieds et le dernier est un verset litanique de six pieds. D'un point de vue structurelle, le premier verset, comme un vocatif, désigne l'objet de l'hymne : le Christ auquel on confère le titre de Roi (Jn 18,33b-37), de Paix (Jn 14,27-31), de Vie (Jn 11,25 et Jn 14,6). Le dernier est une véritable acclamation au Christ. D'un point de vue narratif, le texte s'inspire de l'enseignement de Jésus adressés aux apôtres après le lavement des pieds, en particulier pour mettre en lumière le sens mystérique.


Voici la progression par strophe :

1) Réécriture de Jn 13,13-17 (commentaire du lavement des pieds où Jésus se présente comme Maître et Seigneur, mais avant tout serviteur et frère) associée à une réécriture de Jn 14, 7-13 (épisode du dialogue entre Jésus et Philippe sur la demande de voir le Père. Avec le même sens que l'Incarnation, à travers l'abaissement de Jésus au moment du lavement des pieds, c'est le visage du Père qui se révèle.

2) Réécriture de Jn 15,9-17 (commandement de l'amour du prochain) et de Jn 15,4-10 (parabole des sarments et de la vigne). Il y a une invitation à l'imitation : il faut aimer comme Dieu nous a aimé. Aussi le lavement des pieds préfigure cet Amour divin qui sera le ciment de la communauté fraternelle.

3) Réécriture de Jn 19 (Jésus seul face à la volonté des Prêtres et de son peuple de le voir mourir) et de Jn 17, 13-24 (évocation de l'ascension-glorification). L'abaissement sur la Croix annonce l'exaltation de la Résurrection/Ascension : c'est la fontaine de l'Amour.


Concernant la musique, Jacques Berthier la composa à la manière des fondateurs du genre choral au XVIème siècle. Il transforma[1] une monodie ancienne écrite en neumes de l'Antiphonaire de Paris[2] en notation moderne avec rythme et harmonie verticale. Le texte de l'antienne rappelle la fuite en Egypte préparant Jésus à être le nouveau Moïse.

Si le texte de son épouse est profondément pascal, en choisissant une monodie typique du temps de Noël, Jacques Berthier opère un lien mémoriel très pertinent sur le rapport Pâques/Nativité. Avec ce cantique, les époux Berthier actualisent la plus pure tradition de compositions qui engendra les caractéristiques du genre choral.

Cantique à proposer sans modération !


______________________________________________________

[1] Cf. Complément numérique au commentaire.

[2] Livre d'Eglise à l'usage du Diocèse de Paris contenant les Vespres des Festes et Dimanches, Antienne pour le dimanche après la Circoncision du Seigneur, Paris, 1698, p.68 : Erat ibi usque ad obitum Herodis ut adimpleretur quod dictum est a Domino per prophetam dicentem : Ex Aegypto vocavi filium meum. On peut la traduire ainsi : Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, pour accomplir ce qui avait été annoncé par le Seigneur par le prophète : "J'ai appelé mon fils hors d'Égypte".

Komentar


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page