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Ecoute la voix du Seigneur

Commentaire musical du cantique "Ecoute la voix du Seigneur"



Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.


N°02, édition de mars 2022.



Mosaïque de la basilique Saint-Jean de Latran



D'emblée on pourrait critiquer le texte comme si Didier RIMAUD l'avait écrit à la hâte, succombant à la rime facile. On pourrait critiquer la musique comme si Jacques BERTHIER succombait lui aussi à ses ritournelles. Et si l'on essayait d'aller au-delà des apparences ?


Malgré l'apparence du cantique à refrain, ce chant ressemble à une hymne strophique où l'on aurait inséré deux litanies. La 1ère est constituée des deux premiers vers de chacun des 5 couplets. La 2ème est constituée par le refrain qui, rythmiquement, semble être associé au couplet.

Si l'on associe le texte de ces deux litanies, nous sommes en présence d'une structure de sens fort intéressante puisant dans l'Ancien et le Nouveau Testament. La 1ère nous invite à accomplir le tout premier commandement, avant même d'aimer Dieu et son prochain : écouter (Dt 6,2-6 ; Dt 30,2-20), prêter l'oreille (Pr 22,17). La 2ème associe la célèbre question de choix posée par Moïse dont la réponse va orienter vers la vie et le bonheur (Dt 30,15-20 ; Jr 29,11). Actualisant la figure biblique du messager (Is 52,6-10), la réponse sera d'être ouvrier de l'Evangile (annonce de la bonne nouvelle du Salut) et ouvrier de paix (Lc 10, 1-24 ; Mt 20,1-16).

La dynamique des 2 litanies se résume ainsi : écoute de la Parole Dieu puis question qui va susciter une réponse d'engagement au service de l'Evangile. N'est-ce pas la dynamique du baptême, en particulier le rite de renoncement qui va engager le futur baptisé à vivre une vie chrétienne, une vie de sainteté ? N'est-ce pas une expression poétique de l'appel universel à la sainteté qui fonde la vie de l'Eglise ?


Dans sa catéchèse "De mysteris" et "De sacramenti" saint Ambroise de Milan, après sa mystagogie sur la renonciation, propose un commentaire sur l'eau baptismale en insistant sur la source d'une telle Grâce : la Croix. Didier RIMAUD n'en fait-il pas autant à travers la thématique biblique des couplets ?


1) Où Dieu appelle-t-il de manière universelle en se révélant un "Père" si ce n'est sur la Croix (Rm 8, 14-17)

2) Où Dieu fait-il Grâce en donnant son Esprit (Za 12,10 et He 10,29) comme une source d'audace missionnaire (1 Co 1,18-31) si ce n'est sur la Croix.

3) Où Dieu entend-il le cri de Jésus, dépouillé de tout, figure du pauvre par excellence (Ps 33,34) ? Où entend-il gémir le monde comme jadis il entendit sur la montagne la souffrance de son peuple esclave de l'Egypte si ce n'est sur la Croix.

4) Où Dieu Père (Nb 6,26) Fils (Ep 6,23) et Saint-Esprit (Ga 5,22) nous donne-t-il sa Paix ? Où l'Eglise tire-t-elle sa naissance et sa croissance si ce n'est sur la Croix (Ac 9,31).

5) Où l'Eglise puise-t-elle cette mission d'aller en frère rejoindre les pécheurs pour être témoin de la Miséricorde (Mt 18,15-17) et sacrement du Salut si ce n'est sur la Croix.


Par-delà les apparences, les couplets présentent la Croix comme le lieu où s'accomplit l'Ecriture et où sont remis en perspective les engagements baptismaux.


Véritable mystagogie de la renonciation et de la source de la vie baptismale, ce chant aurait sa place lors de la veillée pascale !

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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