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Comme elle est heureuse et bénie

Commentaire musical du cantique "Comme elle est heureuse et bénie"



Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.


N°03, édition de mai 2022.




Il est une question fondamentale à laquelle on ne donne pas l'attention qu'il faudrait : qu'est-ce que le texte d'un chant liturgique fait vivre à ceux qui le chantent ?

Avec une délicate subtilité, le texte nous fait entrer dans la profondeur de l'expérience spirituelle d'Elisabeth d'après le récit de la Visitation (Lc 1,39-56). Elle voit de ses yeux sa cousine, la jeune fille de Nazareth, Marie. Mais par l'illumination de l'Esprit-Saint, elle reconnait en elle la Mère de Dieu : expérience de foi !


Ce cantique est composé de 7 tercets installant une dynamique litanique dont l'alternance couplet/refrain respecte l'expérience de foi d'Elisabeth. Les tercets présentent Marie comme la jeune fille vierge de Nazareth, la future mère. En revanche, le refrain nous aide à reconnaitre en elle la Mère de Dieu.

La dynamique litanique vient du premier verset des 7 tercets qui reprend systématiquement "Comme elle est heureuse et bénie". Il s'agit d'une formule litanique composée à partir de la parole prononcée par Elisabeth lorsqu'elle fut remplie de l'Esprit-Saint à la suite du tressaillement en son sein de Jean-Baptiste (Lc 1,41). Cette formule litanique nous invite, comme Elisabeth, à regarder celle qui vient frapper à notre porte.

Chacun des 2èmes versets des tercets évoquent un aspect de la maternité : conception, grossesse, enfantement, allaitement, soin corporel, berceuse, donner un nom. C'est une ode à la dimension maternelle de la femme. Par fidélité à l'Ecriture comme l'ont fait Elisabeth et Marie, on respecte le précepte biblique de donner le nom de l'enfant le 8ème jour après la naissance (Lc 1,59). C'est pourquoi cela est évoqué seulement dans le dernier tercet.

Chacun des 3èmes versets des tercets évoquent l'enfant mais en lien avec l'Ecriture. Respectant la promesse de l'ange faite lors de l'Annonciation (Lc 1,30-33) : celui qui va naître va accomplir l'Ecriture. Voici les versets bibliques qui peuvent être sous-entendus[1] : Gn 1,1-5 ; Is 6,2 (Ap 7,11) ; Lc 2,7 ; Is 66,11 (Is 60,16) ; Ps 103 (104),1-2 ; Dt 4,34 (Dt 7,19) ; Ex 3,13-14 (mystère du Tétragramme de l'Ecriture). Chaque aspect de la maternité de Marie donne l'occasion de faire mémoire de l'Ecriture, de comprendre un admirable échange[2] à travers son Fils


Le refrain est une "heureuse" rencontre de deux versets bibliques. Déjà la formule litanique des 1ers versets issue de Lc 1,41 mais en l'amplifiant. Ensuite on y associe une réécriture du célèbre verset : Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur" (Lc 2,19 et 51).

Par cette "rencontre" si Marie est "bienheureuse" c'est parce qu'elle médite en son cœur la Parole de Dieu, à partir du concret de sa maternité déployés dans les 2èmes versets, pour comprendre le mystère de son enfant bien-aimé dont jamais on ne prononce le nom ! On met davantage en lumière le mystère du Verbe de Dieu à partir duquel on peut comprendre sa maternité divine.


Grâce à la musique apaisante et berceuse de Jacques Berthier qui concourt à la contemplation, ce chant permet à ceux qui le chantent de vivre une expérience spirituelle de visitation du Verbe[3] en notre cœur.


______________________________________________________________ [1] Cf. Supplément numérique, les références bibliques du chant "comme elle est heureuse bénie" disponible pour se rendre compte du tissage biblique impressionnant des 7 strophes. [2] Expression eucharistique attribuée à saint Augustin et reprise par Thomas d'Aquin pour l'Office du Saint-Sacrement. [3] Expression provenant de la mystique flamande et rhénane des XIIIème-XIVème siècle.

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