top of page

L'Eglise ouvre le Livre

Commentaire du cantique "L'Eglise ouvre le Livre"



Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.


N°01, édition de février 2023.



Vendredi Saint, Cathédrale du Puy-En-Velay



Par cette hymne nous pouvons rendre hommage à sœur Marie-Pierre FAURE, qui pendant plus de cinquante années a su accompagner le renouveau du chant liturgique, en laissant à la postérité un corpus de textes d’hymnes et de cantiques qui concrétise un aboutissement des cinq caractéristiques du chant liturgique : qualité textuel, qualité musicale, justesse théologique, rapport texte-musique et surtout conformité avec l’action rituelle.

Cette hymne de procession pour l’adoration de la Croix le Vendredi Saint, dont le style musical s’apparente à un choral majestueux, pourrait non seulement renouveler mais surtout enrichir le répertoire de ce si grand jour. Elle est composée de trois sizains : c’est-à-dire trois strophes de six vers. Elle fonctionne par une alternance généralisée entre un soliste, un ensemble vocal ou une chorale, avec l’assemblée. Cela permet une grande inventivité de mises en œuvre. Pour faciliter la mémorisation, une double litanie s’instaure puisque parmi les trois vers destinés à l’assemblée, deux vers sont systématiquement identiques pour les trois strophes.

Commençons par les vers de l’assemblée.

Nous avons d’une part : « l’amour nous a aimé jusqu’à la fin » qui est une adaptation du premier verset de l’évangile du lavement des pieds (Jn 13,1) entendu lors de l’institution de la Sainte Cène, le Jeudi Saint. Un lien profond est mis en lumière entre l’institution de la Cène et son accomplissement sur la Croix. Ce qui Jésus a accompli la veille trouve son accomplissement le Vendredi Saint.

D’autre part l’invocation « Seigneur, fais nous brûler de ton amour » est en lien avec le don de l’Esprit. En fait, il anticipe ce qui sera entendu le 2ème dimanche de Pâques avec l’évangile (Jn 20,19-31) racontant la venue de Ressuscité au soir de Pâques, où il souffla sur eux afin qu’ils reçoivent l’Esprit d’Amour et de pardon pour remettre les péchés. La Croix devient un lieu épiphanique d’où l’on reçoit l’Esprit et l’Amour de Dieu.

A travers ces deux vers litaniques nous entrons dans l’intelligence et dans la cohérence de l’évangile de Jean qui structure le Triduum pascal comme le temps pascal. On manifeste en outre un lien d’unité organique entre les célébrations du Triduum pascal et l’Octave de Pâques.


Quant aux vers initiaux, ils nous permettent de comprendre l’action rituelle, c’est-à-dire ce qui se passe au moment où on le fait.

Dans la 1ère strophe par exemple, on rappelle que l’on a pris le temps d’écouter l’Ecriture et de se souvenir que tout ce qui a été lu et entendu trouve son accomplissement dans le mystère de la Croix. Mais surtout la Croix, celle qui a été dévoilée, amenée en procession est bien la source du pardon de Dieu. Ainsi le geste d’adoration que les fidèles font n’est pas envers l’objet en tant que tel, mais parce que dans la foi, on y reconnait la source de la Miséricorde.

Dans la 2ème strophe, il y a un phénomène de focalisation visuelle par rapport à la première strophe : en regardant la Croix, les fidèles sont invités à davantage adorer le côté ouvert du Crucifié qui atteste sa mort, pour y reconnaitre dans la foi, la source de la Miséricorde et la vie éternelle.

Enfin la 3ème strophe est totalement orientée vers le futur et non vers le passé. Par l’adoration de la Croix le fidèle devient un veilleur qui attend, dans la foi, le retour du Ressuscité dans la Gloire. Dans cette attente et pour faire le lien organique avec le rite de communion qui suivra, on mentionne déjà le pain eucharistique.

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page