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Parabolique ? Allégorique ?Pour quel décodeur ?

Commentaire d’évangile pour le 16ème dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13,24-43 ; année liturgique A), célébré le dimanche 23 juillet 2023.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 21 juillet 2023.





Figure de style et genre littéraire à part entière, la parabole bien qu’ancienne, sera toujours nouvelle ! Alors qu’apporte-t-elle aujourd’hui ?


Il a raison le verset (Ps 77 (78),2) mentionné dans l’évangile d’ennoblir la parabole et de lui conférer une reconnaissance divine : elle est la modalité de langage choisit pour révéler l’immensité de ce qui est caché, non pas de manière immédiate mais par l’adjonction d’une l’interprétation. La parabole est un puits sans fond où le divin se dit par l’humain, l’irréel par le réel, l’infini par le fini, l’incompréhensible par le compréhensible. Puisque sa compréhension n’est jamais immédiate, la parabole sera toujours le lieu d’une expérience spirituelle, mystique entre le lecteur-interprète et Celui dont elle se fait le « porte-mot ».

Aujourd’hui nous sommes rassasiés : il y a trois paraboles avec l’interprétation de la première par le Maître lui-même. D’ailleurs avons-nous pris conscience de son enseignement ?

Déjà si nous avons de l’ivraie dans notre vie, nous n’en sommes pas les premiers responsables : autrement dit, nous ne sommes pas les premiers et seuls responsables du mal que nous pouvons faire : il y a la part du Tentateur, du serpent des origines ! Cela démontre une vision plutôt optimiste de la créature où le Créateur semble bienveillant envers elle, puisqu’elle n’est pas l’origine du mal qu’elle pourrait faire.

Ensuite on ne peut tenter d’éradiquer l’ivraie sans compromettre le bon grain… Autrement dit on ne peut totalement ôter le vice en nous sans menacer les fruits de vertus. Cela évite un volontarisme puritain, maniaque, voulant être irréprochable à tout prix ; ou alors un relativisme pessimiste où c’est inutile d’essayer de se changer, puisque cela ne changera rien du tout. L’entre-deux de la parabole suggère une acceptation de sa misère : les vices ; et pour en réduire leur propagation, de nous concentrer sur qui fait notre grandeur : les fruits de vertus que l’on pourra produire.

Enfin il n’y a que la mort qui permettra cette séparation, donc de pouvoir mesurer avec justesse et vérité nos vices et nos vertus. Autrement dit on ne peut réellement avoir une juste évaluation de nous-même durant notre vie ; seul Dieu opèrera cette séparation, cette pesée, cette purification, en détruisant nos vices pour ne présenter devant Lui que nos fruits de vertus ! Là aussi, cela confirme une vision optimiste de la créature devant son Créateur qui désire inlassablement la purifier du mal commis puisqu’elle n’en est pas l’origine… N’est-ce pas ce que l’on nomme Miséricorde ?


Les deux autres paraboles donnent sens au bon grain.

Il s’agit de la Grâce de Dieu, qui semée en nous par la médiation de sa Parole et actualisée par les sacrements, opère des fruits de vertus visibles comme la graine de moutarde qui apporte protection et générosité à tous les plus petits, ou bien des fruits de vertus invisibles comme le levain qui apporte souffle et transformation pour faire grandir un espace intérieur.


Alors soyons cette terre, labourée par les joies et les peines, qui attend comme en mendiant, la semence de la main de son Créateur !


Un si grand mystère vaut bien une parabole sans doute ?

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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