Dites-nous d'où souffle le vent...

Commentaire d’évangile pour le dimanche de la Pentecôte (Jn 20,19-23 ; année liturgique A), célébré le dimanche 28 mai 2023.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 26 mai 2023.

« La Pentecôte, Jésus et l’Esprit »

Si le mystère de la Pentecôte est célèbre pour son violent coup de vent, d’où vient-il pour qu’il fasse tourner nos têtes girouettes et moudre le grain que nous sommes pour devenir pain pour les hommes ?

Pour chercher ce vent qui souffle où il veut et pour entendre sa voix, il suffit d’ouvrir le Livre et le laisser en tourner les pages.

Qu’avons-nous entendu depuis neuf jours où l’Ecriture a préparé nos cœurs pour accueillir ce don ?

Depuis l’Ascension (Ac 1,1-12) où la Table du Seigneur est devenue une Arche avec ses deux anges, dessinant une Alliance entre Ciel et terre ; mais devenant aussi le mémorial d’un prochain baptême à venir… N’est-ce pas déjà l’Esprit de Feu qui guida tes disciples de quitter ce lieu jusqu’à la chambre-Haute (Ac 1,13-22) où Pierre y prononça une première homélie… En interprétant l’Ecriture pour comprendre le sens de la Passion de son Seigneur et de la trahison de Judas, ce vent de l’Esprit les conduisit à entendre cet appel à discerner et à choisir les nouveaux témoins de Résurrection (Ac 1,23-26). Mystère d’élection !

N'est-ce pas cet Esprit de Feu qui nous permit dimanche dernier de réentendre la prière sacerdotale de Jésus (Jn 17,1-11), où le Maître fait entrer les disciples dans le mystère de sa filiation divine ? Ce vent de l’Esprit nous place alors au cœur du mystère d’Amour qui unit le Père et le Fils (Jn 20,19-23), véritable port où l’on peut connaitre le repos après une traversée humaine parfois mouvementée par bien des tempêtes...

Comme jadis pour les disciples, l’Eglise propose à ses enfants une solennelle vigile, où méditant l’Ecriture qui, à travers la Genèse (Gn 11,1-9), l’Exode (Ex 19, 3-8a.16-20b), les prophètes Ezéchiel (Ez 37,1-14) et Joël (Jl 3,1-5), les psaumes (Ps 103), les lettres de Paul (Rm 8,22-27 ; 1 Co 12, 3b-7.12-13), révéla l’action de l’Esprit au cœur de l’Histoire humaine, elle se prépare à accueillir aujourd’hui cet éternel jaillissement ! Au cœur de la nuit de Pentecôte, par la voix de Jean, l’Eglise perçoit que les signes du Feu et du Vent sont associés à celui de l’eau vive (Jn 7,37-39) ! Et si le murmure de cette brise légère (1 R 19,12), cette adoucissante fraîcheur caressant le visage du voyageur n’était autre que ce vent frais qu’accompagne le jaillissement permanent d’une source, d’une rivière, d’un fleuve, de la mer, d’un océan ?

Baptême dans l’eau et baptême dans l’Esprit sont indissociables, comme le chante la lumière du cierge pascal plongeant dans la fontaine baptismale durant la nuit pascale pour en perpétuer la mémoire…

Mais au matin de Pentecôte (Ac 2,1-13), un vent souffla, des flammes jaillirent… Mais surtout les langues se délient : par le don de Dieu, nous apprenons à ouvrir nos lèvres, à balbutier comme des nouveaux nés, à parler pour partager ! Là encore il y a l’audace de Pierre qui, devant des juifs se rendant au Temple, leur interpréta savamment l’Ecriture (Ac 2,14-41) pour leur exposer des Règles de foi pour la jeune Eglise à peine née, prémices de ce qui plus tard se cristalliseront avec d’autres pour devenir le Symbole dit des Apôtres. Le vent de l’Esprit ouvre l’intelligence des Ecritures, ce Feu embrase le cœur et ouvre les lèvres, d’où jaillissent les mots de la foi, véritable « Sacrifice de louange » (He 7,1-28 ; He 13,15).

L’Eglise ne perpétue-t-elle pas cela chaque dimanche ?

L’homélie ne conduit-elle pas la communauté rassemblée à proclamer sa foi ?

Alors faisons de chaque Dimanche une authentique Pentecôte hebdomadaire !