Marche ensemble! Quel poème!
- bohleremmanuel
- 31 mars 2023
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile pour le dimanche des Rameaux et de la Passion (Mt 21, 1-11 et Mt 26,14 – 27,66 ; année liturgique A), célébré le dimanche 02 avril 2023.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 31 mars 2023.

Ce dimanche est celui où l’Eglise se manifeste plus que jamais comme pérégrinante. Retour sur la richesse poétique de cette liturgie pédestre.
A moins de vouloir avant tout préserver sa tranquillité et se contenter d’un minimum, la liturgie peut nous donner l’occasion, si l’on s’en donne la peine, de déployer un audacieux pèlerinage, puisant aux racines les plus profondes du christianisme.
Vers 380, une certaine Egérie entrepris un voyage un Terre Sainte, et dans une sorte de journal de bord, laisse des informations précieuses sur les centres vitaux du monachisme en Orient, mais surtout sur la liturgie à Jérusalem au début de l’époque Byzantine. Elle nous décrit cette liturgie stationnale entre divers lieux symboliques en lien avec les récits de la Passion, où devaient avoir lieu certaines lectures et certains rites.
La liturgie romaine, comme un magnifique poème, conservera des rimes, rythmes et vestiges de cette liturgie pédestre. Aujourd’hui, même s’il y a trois formes possibles pour mettre en œuvre ce dimanche, je voudrais vous commenter la première dite « solennelle ».
Tout d’abord la communauté chrétienne se rassemble, à l’écart, dans un autre lieu que l’église principale, anticipant la nuit pascale lorsqu’elle se rassemblera à part autour du Feu nouveau. Elle est là et elle attend… Elle voit une procession qui vient à elle, précédée de la Croix… Image lointaine de l’Incarnation du Verbe qui vient « demeurer au milieu de nous ». A l’écart, comme jadis aux portes de la ville, on procède à un rite et une lecture : la bénédiction des Rameaux puis la proclamation solennelle de l’évangile de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
Une procession s’organise alors jusqu’à l’église. La communauté marche derrière la Croix, anticipant la nuit pascale où elle marchera derrière le cierge pascal. Image de l’Eglise qui marche à la suite de son Seigneur et se laisse guider par Lui, son seul et unique Berger.
La Croix fait ouvrir les portes de l’église et la communauté entre en acclamant son Roi marchant vers sa Passion, anticipant la nuit pascale où le cierge pascal fera ouvrir ces mêmes portes pour être la source de l’illumination de l’assemblée, conduisant au chant de l’Exultet qui acclame son Roi entrant ressuscité dans les cieux. Image de l’Eglise qui suit son unique Berger jusque dans sa mort, mais aussi dans sa résurrection.
Enfin, la communauté se met à l’écoute des lectures qui nous plongent vers le récit de la Passion, paroxysme de l’abaissement de Celui qui nous a aimé jusque-là (Jn 13,1). Tel un drame, on passe de l’acclamation à la chute soudaine, au dépouillement extrême, à la mort en scène ! Puis vient la liturgie eucharistique… Anticipation inversée de la nuit pascale où l’écoute de lectures culminera avec l’alléluia et l’évangile de la Résurrection. Si l’Eglise se dépouille comme son Seigneur, pour apprendre à aimer, en marchant avec Lui jusqu’au bout de sa Passion ; alors elle sera revêtue du manteau de la lumière, pour y célébrer les sacrements de la Vie Nouvelle où ce même Amour nous transformera pour marcher, avec Lui, jusque dans la Vie éternelle (Jn 4,14).
Alors écoutons et éprouvons ce poème de la liturgie qui nous plonge à la source de notre vie chrétienne.
Bonne marche intérieure !
Comments