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Exhausteur de goût et une cuisine évangélique…

Commentaire d’évangile pour le 5ème dimanche du Temps ordinaire (Mt 5, 13-16 ; année liturgique A), célébré le dimanche 05 février 2023.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 03 février 2023.





L’évangile de ce dimanche est la finale de celui entendu dimanche dernier (Mt 5,1-12a). On ne peut comprendre cette péroraison sans avoir dans la mémoire ce qui s’est dit la semaine dernière. Alors souvenons-nous de sa recette du bonheur…


Déjà, cette cuisine sacrée eut lieu sur une haute montagne, c’est-à-dire chez Dieu lui-même ! Jésus prit un ton professoral, solennel : il se positionna comme le seul Maître-Queue à bord de la barque qu’est l’Eglise ! Coiffé de sa mitre de Maître-coq, il donna ses Règles d’or aux apprentis, comme le fit jadis Moïse (Ex 20,2-17) lorsque descendant de la montagne, il donna les dix Règles, les dix Commandements à son peuple.

Voici les ingrédients : la pauvreté de cœur, les pleurs, la douceur, la justice, la miséricorde, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés, la calomnie. Face à un appétit de jouissance dans une culture de consommation, avec de tels produits il n’y a pas de quoi faire ripaille… On se retrouverait plutôt avec un repas frugal, modeste pour ne pas dire un « repas de pauvres » (So 3,12-13)… Avec de tels ingrédients maigres et souvent aigres, il faut des exhausteurs de goût sinon le plat risque d’être insipide pour bien de nos contemporains car n'oublions pas que les Béatitudes, authentique « repas des pauvres », sont la réponse d'espérance de la part de Dieu face aux cris d'appels d'un peuple éprouvé, qui souffre.


Pourtant, comme pour toutes les recettes, seule la touche finale fait toute la différence. L’évangile de ce dimanche propose ce petit plus qui va donner davantage de saveur aux Béatitudes.

Le sel et la lumière. Combien de commentateurs vont s’en donner à cœur joie pour interpréter « vous êtes le sel de la terre » comme l’image de l’engagement personnel ou communautaire pour donner « goût » et « saveur » au monde. Or le sel dans sa force culinaire et poétique ne donne pas de goût ! Il ne doit pas être fade pour permettre de révéler le goût des autres ! Il ne faut surtout pas se mettre en avant et tomber dans un activisme religieux qui travestit cet évangile ! Au contraire, le sel à quelque chose de profondément christique. Comme le dit saint Paul (Ph 2,8), il s’est abaissé jusqu’à mourir sur la Croix pour que nous soyons exaltés avec lui dans la Gloire. Pour être sel de la terre, il convient de s’abaisser pour faire advenir l’autre. Ce n’est pas un chemin d’activisme mais une expérience d’altérité avec les personnes.

Comme pour l’étoile des mages qui se lève lorsque Jésus est né, la lumière du monde se lève lorsque l’on pratique le bien et la justice (Is 58,7-10). Or il y a bien une différence : la pratique du bien et de la justice, d’ailleurs ici résolument dans le secret, devient une épiphanie qui révèle autre chose : l’Amour de Dieu qui habite parmi nous. Au lieu de nous enorgueillir, on s’efface pour pratiquer le bien et la Justice qui ont une finalité : manifester cet Amour divin comme une expérience d’altérité avec le tout-Autre.

Dieu est si humble, si caché, qu’il confia aux hommes par leurs actions bonnes de révéler sa Présence, mais aussi la valeur inaltérable de la personne humaine. Quelle bonne nouvelle !

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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