Allez voir là-bas, si "Je Suis" !
- bohleremmanuel
- 9 déc. 2022
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile pour le 3ème dimanche de l'avent (Mt 11, 2-11 ; année liturgique A), célébré le dimanche 11 décembre 2022.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 09 décembre 2022.

Parmi les grandes figures bibliques du temps de l’avent, celle de Jean-Baptiste est incontournable. Le contexte évangélique suscite chez le lecteur une marche immobile, un passage entre un monde ancien qui s’en va et un monde nouveau qui est déjà là !
Comme jadis pour les prophéties de l’Ancien Testament : il y a une situation difficile qui va susciter l’envoi d’émissaires auprès d’un prophète afin de connaitre, par lui, la volonté de Dieu. Ici l’évangile est écrit en parfaite harmonie : la situation difficile concerne Jean-Baptiste, l’intrépide héraut du Jourdain devenu un « ancien » prophète et se trouvant en prison ; les émissaires sont ses disciples ; et Jésus, tel un « nouveau » prophète, se trouve dans un lieu indéterminé auprès duquel on vient chercher réponses. Pourquoi se demande-t-il si Jésus est bien celui que l’on attend ?
Tout d’abord Jésus rappelle l’Ecriture et les signes manifestant l’action salvifique de Dieu en faveur de son peuple. Cependant il y a une différence avec le texte source d’Isaïe (Is 35, 1-6a.10) car l’original parle de libérer les exilés qui sont en captivité alors que Jésus parle d’une autre « libération » : la résurrection des morts. N’y aurait-il pas une divergence d’interprétation de l’Ecriture entre l’attente de Jean-Baptiste et la réponse de Jésus ? Par fidélité à l'Ancien, Jean-Baptiste attend une libération, sa libération de captivité; alors que Jésus annonce du Nouveau : la résurrection !
Ensuite, Jésus développe une autre perspective en trois temps à partir d’une simple question: en voyant Jean-Baptiste qu’avons-nous vu ?
Premièrement est-il un roseau agité par le vent ? Cette expression apparait une fois dans l’Ecriture (2 R 18,21) : utilisée par le grand échanson du roi envahisseur Assour pour intimider le Roi Ezéchias qui voulait défendre malgré tout Jérusalem, elle désigne l’Egypte qui au lieu d’être un soutien deviendra une source de blessure supplémentaire parce que peu fiable. Jean-Baptiste serait-il un homme de peu de confiance ?
Deuxièmement l’allusion à son aspect physique : n’étant pas habillé de beaux vêtements et n’habitant pas dans un Palais confirme son statut de prophète comme ceux de jadis.
Troisièmement Jésus le confirme officiellement comme le plus grand des prophètes. Pourquoi ? Parce que s’il est en prison ce n’est certainement pas par traitrise envers ses frères! Au contraire, il a été le fort qui osa s’en prendre à celui qui habite dans un palais et qui est vêtu raffinement : Hérode ! Ce dernier est le véritable roseau agité par le vent : déjà avec les Mages, s’il voulait savoir où Jésus était né, ce n’était pas pour lui vouloir du bien ou pour l’adorer, mais plutôt pour le détruire ! Avec la force d’Elie (Lc 1,17), par son appel véhément à la conversion et à la purification des mœurs, Jean-Baptiste défendit l’intégrité de l’Histoire de l’Alliance en préparant un chemin (Mc 1,2-3) pour l’Alliance nouvelle et éternelle (Gn 17,19), malgré bien des forces et des embuches qui voulaient inexorablement le rendre impraticable et inaccessible.
Et pourtant, ce bon et fidèle serviteur (Mt 25,23), qui combattit jusqu’au bout le combat de la foi (1 Tm 6,12), est le « dernier »… Peut-être trop matérialiste, il n’avait peut-être pas entrevu la faiblesse qui allait révéler la plus grande force de Dieu : l'oeuvre de la résurrection.
Œuvre impalpable, immesurable, invisible, mais pourtant la lumière qui se lève sur ceux qui habitent les ombres de la mort (Is 9,1-3). C’est elle : qu’il faut chercher comme on chercherait l’enfant de la crèche (Lc 2,7), qui donne sens à tous nos combats pour plus de justice et de paix, qui est la vraie lumière de Noël, ne l’oublions pas !
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