Snobisme pastoral?
- bohleremmanuel
- 28 avr. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 mai 2023
Commentaire d’évangile pour le 4ème dimanche de Pâques (Jn 10,1-10 ; année liturgique A), célébré le dimanche 30 avril 2023.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 28 avril 2023.

Les bergers se seraient-ils embourgeoisés à ce point qu’ils auraient besoin d’un portier pour leur ouvrir la porte ? Retour sur cette extravagance évangélique.
Et oui, l’évangile est formel : le berger a besoin d’un portier pour lui ouvrir la porte de ses brebis ! (Jn 10,3).
Il s’agit en fait d’une pratique courante qui avait son importance : les bergers gardaient de jour leurs troupeaux en les menant paître, le soir ils pouvaient rassembler en un seul enclos fermé par un mur de pierres plusieurs troupeaux de différents propriétaires. Un portier avait alors pour mission de surveiller la porte de l’enclos et les troupeaux durant toute la nuit, pendant que les bergers se reposaient. Ils devaient être vigilant contre les voleurs. Au matin les bergers venaient récupérer leurs troupeaux. Le portier était donc aussi une sorte de veilleur et de gardien du troupeau qui lui a été confié pour la nuit.
Nous sommes face à une parabole : un berger franchit la porte de l’enclos pour appeler ses brebis, les faire sortir et les amener dans un pâturage. Comme pour la parabole du semeur (Mc 4,1-20 ; Mt 13,1-23 ; Lc 8,4-15), face à l’incompréhension de son auditoire
Jésus révèle des informations : le berger c’est lui. Il est également la porte et que le pâturage semble être le Royaume de Dieu. Jésus nous apprend également qu’entrer dans l’enclos signifie obtenir le Salut.
Avec ces informations reprenons la parabole avec cette simple question : qui fait quoi ?
Le berger entre dans l’enclos par la porte, il appelle ses brebis, puis les fait sortir par la porte et les emmène au pâturage. N’est-ce pas une magnifique métaphore du passage de la mort à la vie ?
Jésus-Christ, la porte, pour obtenir notre Salut entre dans le mystère de sa mort. L’enclos ne serait pas l’image du royaume des morts où il appelle tous ceux que la mort retenait captifs ? Appelé par Jésus-Christ et sortir de l’enclos, n’est-ce pas ressusciter d’entre les morts, sortir du royaume des morts pour marcher vers le pâturage qu’est le Royaume de Dieu son Père ?
Ainsi la brebis qui entre par la porte ne serait-elle pas l’image de ceux qui plongent dans la mort de Jésus-Christ pour ensuite, en sortant par la même porte, ressusciter avec Lui dans la Gloire (Rm 6,4) ? Parfaite image d’un baptême !
Mais une énigme demeure : celle du portier !
La parabole est claire : c’est lui qui ouvre la porte pour vivre ce double passage. Même si le berger entre et parle ce n’est pas lui qui ouvre, mais ce portier ! Sans lui, pas de mouvement possible ?
Ce portier n’est-il pas l’image de l’Eglise qui a reçu la charge de veiller et de garder les brebis de son unique Pasteur ? Vocation aussi sublime que terrible ! C’est à l’Eglise, en particulier aux ministres ordonnés, que Jésus-Christ a confié la charge de baptiser. C’est toujours à l’intérieur du mystère de l’Eglise que les sacrements sont célébrés !
Ce portier ne serait-il pas nous-même et ce seuil mystérieux qu’est notre cœur ? Le Seigneur se présente à nous, il frappe à la porte... Allons-nous le mettre à le mettre à la porte, ou bien allons-nous le laisser entrer pour qu’Il puisse demeurer en nous (Ap 3,20) et agir dans notre faiblesse (2 Co 12,10) ?
Alors reprenons l’invitation lors du Dimanche des Rameaux : « élevez-vous portes éternelles, qu’il entre le Roi de Gloire ! » (Ps 23,6)
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