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« Vienne la paix », Didier RIMAUD et Jacques BERTHIER


Article publié dans la rubrique « chantez au Seigneur », de la revue trimestrielle de musique liturgique et d’art sacré « CAECILIA ». Edition de novembre 2014.



Le chant « Vienne la Paix » est classé parmi les processionnaux de sortie. Il nous permet de nous reposer la question du chant final. Faut-il en proposer un ou pas ? Concernant les rites de conclusion, le N°90 de la Présentation Générale du Missel Romain dit ceci :

« …l’envoi du peuple par le diacre ou le prêtre afin que chacun retourne à ses bonnes œuvres, en louant et bénissant le Seigneur ».


La mention de la louange du peuple implique d’une certaine manière le chant : c’est l’Eglise qui part en mission, dans l’action de grâce, pour mettre en pratique ce qu’elle a reçu.

En écrivant le texte des couplets, le jésuite Didier RIMAUD nous propose une remarquable synthèse des prophéties du Livre d’Isaïe.

Le couplet 1 est composé à partir de l’extrait Is 2,4.

Le couplet 2 correspond à Is 11, 8 et 6.

Le couplet 3 provient de : Is 32, 15 et Is 11, 9.

Le couplet 4 est une synthèse de Is 50, 11 et 3.

Le couplet 5 est écrit à partir du psaume 22 (Ps 22, 27) et de 1 Co 13, 4-5.

Le dernier couplet quant à lui est un mixe de trois extraits dont : Ps 66, 6 ; Is 45,8 et Is 43, 9-12. Quant au refrain, il est composé à partir d’Is 9, 5-6.

Ainsi, le chant « Vienne la paix » met en lumière le sens mystagogique de ce moment de la célébration. Si le diacre, ou le célébrant, nous invite à « aller dans la paix du Christ », le refrain et les couplets nous aident à comprendre ce que signifie cette paix. Par le refrain (selon Is 9) elle est don qui vient de Dieu, s’établissant concrètement sur le droit et la justice. Mais c’est un don de Dieu par le Fils. Ainsi l’Eglise a reçu durant la messe la « paix venant de Dieu » qu’elle a partagée avant de communier. Puis elle est envoyée dans le monde pour pratiquer le droit et de la justice, comme « manifestation » de l’action du Jésus-Christ ressuscité dans l’aujourd’hui.

Les couplets 1-2-3 et 4 nous donnent des métaphores concrètes pour mettre en œuvre ce don de la paix (transformer les armes de destruction en outils de construction, apprendre à vivre ensemble plutôt qu’en ennemis, apprendre à vivre la Miséricorde par le don de l’Esprit, apprendre à vivre sans haine de l’autre).

Les couples 5 et 6, par leur complexité, se détachent des précédents. Ils ont une couleur « eucharistique » en nous montrant comment le Pain Rompu, va pouvoir porter du fruit dans notre vie quotidienne. Le couplet 5 nous présente le pain eucharistique comme le pain de l’Amour, qui nous permet de concrétiser les couplets précédents. Quant au couplet 6, en synthétisant l’élan missionnaire du Livre d’Isaïe, il nous donne de saisir tout le sens de la liturgie de l’envoi: le peuple a reçu son Sauveur à travers le pain consacré, fruit de la terre et du travail des hommes. Puis il est envoyé pour être un peuple de témoins !


La musique de Jacques BERTHIER, par le style choral du refrain, est en parfaite correspondance avec l’idée d’un processionnal. Il est en 4 sections, donnant l’impression d’une litanie, par la répétition de l’expression « vienne la paix ». La perception litanique se poursuit par le fait que les couplets sont eux-mêmes en 4 sections, entrecoupées deux fois de l’invocation « vienne la paix de Dieu ». Cette régularité de construction facilite le chant lorsque l’on est en train de vivre une procession.


Le rapport texte/musique de ce chant nous montre que l’Eglise en étant un peuple envoyé, s’en remet à Dieu afin que par son témoignage de droiture et de justice, soit rendu visible ce qu’elle a reçu dans la foi.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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