top of page

Lettres à Théophile, "Les poteaux indicateurs pour le chemin de la vérité" (1)


Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 11, 29-32.

Lundi 11 octobre 2010.


"Nef à colonnades" Collège des Bernardins (1245), Paris.


Mon cher Théophile,


Je suis bien content d’avoir de tes nouvelles... Excuse moi de ne pas t’avoir répondu durant cet été, mais j’ai été plus que bousculé. Un déménagement en plus... Désolé même de t’écrire aussi vite et brièvement... J’espère que tu arriveras à me relire....


Je sens combien tu sembles attaqué, fragilisé, par la déferlante médiatique. On peut se demander à juste titre où est la Vérité... Je suis sûr que si tu demandes à ton entourage, on te dira que la vérité est ce qui est l’ordre de la preuve, de la démonstration ! Avec des preuves, on dit forcément vrai ! Où est la Vérité ?


Et si on la cherchait ensemble ? Tu cherches des panneaux pour cette route?

L’Evangile de Luc est formidable pour trouver des poteaux indicateurs, te disant par où il convient de passer pour accéder à la vérité... Comme avec les panneaux, c’est d’une certaine manière le langage des signes.

En fait dans l’Evangile, la foule demandait une preuve afin de croire que Jésus dit vrai.... Et Jésus au lieu de donner une « preuve » utilise très souvent le mot « signe ». Il ne s’affirme pas et ne se gonfle pas d’orgueil. On contraire, il semble même se « voiler ». Or justement la religion n’est pas le langage des preuves mais « le langage des signes ».

Si Jésus n’a jamais donné de preuves mais a donné des signes ; l’Eglise ne peut faire autrement que de mettre ses pas dans ceux du Seigneur.


Alors c’est quoi un signe, si ce n’est pas une preuve ?

Jésus dit que Jonas est devenu un « signe », de même que Salomon. Pourtant ils sont tous deux des personnages mais qui ont joué un rôle de « médiation ». Le signe est ce qui permet une médiation, il relie à autre choses.

Jonas a « relié » les habitants de Ninive avec la Parole de Dieu pour se convertir. Salomon a relié la Reine de Saba à la Promesse de l’Alliance. De même Jésus « reliera » par le don de l’Esprit chaque personne à Dieu son Père. Le mot religion, veut justement dire « relié ». Or pour relier, il faut avoir des signes.

Je prends l’image du doudou que l’on donne à un enfant. Il n’est pas en mesure de comprendre de manière rationnelle, en terme de preuve compréhensible. Mais il va « sentir» et « reconnaître ». Regarde ton petit dernier, il le fait. A travers le doudou, cet objet usuel et commun qui n’est pas sa mère, il va le « sentir » et en ayant « senti » il va « reconnaître » sa mère. Par l’objet qu’il aura senti, il va être « relié » mystérieusement à sa mère. Pourquoi ? Parce que l’objet possède en lui quelque chose de sa mère ( « son odeur »...)

L’objet communique quelque chose de la mère. L’objet est alors DEVENU un signe pour l’enfant.


Tu vois Théophile, à travers toutes tes questions, j’entends bien ton désir d’être relié à Dieu. De trouver le chemin de la Vérité dans ce cataclysme irrationnel de subjectivité exacerbée.

Et bien sache qu’il existe pour nous des signes que Dieu nous a laissé, que Jésus nous a donné. Ce sont les signes des sacrements....

De l’eau, du pain, du vin, de l’huile... A travers ces signes, nous sommes reliés à Dieu, parce qu’ils possèdent tous quelque chose de Lui qui nous permettent de le reconnaître.

Pense aux disciples d’Emmaüs... Ils ont fait une « expérience sensible » du signe, la fraction du pain, puis ils sont « reconnus » Jésus. Ils ont reçu quelque chose. Il a été dévoilé pour eux ce qu’il est « en vérité ».

Alors toi aussi, même si tu as l’impression que tout est voilé, fais cette expérience sensible des signes sacramentaires, et après... Tu me raconteras...


Bonne journée à toi.


Ton ami…

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page