Lettres à Théophile, "Les poteaux indicateurs pour le chemin de la vérité" (2)
- bohleremmanuel
- 26 nov. 2020
- 3 min de lecture
Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 11, 37-41.
Mardi 12 octobre 2010.

"Nef à colonnades" Collège des Bernardins (1245), Paris.
Mon cher Théophile,
Hier j’avais commencé de discuter avec toi sur ces poteaux qui peuvent nous aider à trouver le chemin de la Vérité... Ceux sont les « signes ». C’est Jésus qui en avait parlé à travers l’exemple de Jonas et de Salomon.
La suite de l’Evangile que je t’ai donnée peut choquer ! Parce que Jésus va utiliser un ton assez sévère vis-à-vis des Pharisiens. Jésus serait-il à certain moment un « psycho rigide » sans cœur ni délicatesse? Il n’est pas toujours facile de comprendre réellement ce que Jésus veut viser à travers son discours.
Je pense Théophile que la perception du « langage des signes » initié par Jésus peut être une porte d’entrée pour comprendre le sens même de cette admonestation verbale. Le fond du problème était déjà évoqué hier. Même si elle utilisait le terme de « signe », la foule manifeste un désir certain de « preuve » pour croire que Jésus est bien le Fils de Dieu, qu’il dit vrai. Or Jésus montre qu’ils n’auront pas de preuve mais des « signes », Jonas et Salomon.
La preuve est ce qui est sans retour !
Il y a quelque chose qui s’impose même. On ne peut plus rien dire. On coupe court à tout approfondissement. C’est prouvé et c’est comme ça !
Le signe quant à lui possède une idée de dynamique, de passage, d’approfondissement. Je pourrais le comparer Théophile à une porte étroite qui laisse entrevoir quelque chose d’une pièce qui est fermée, voilée et que personne ne connaît encore... Si ce n’est Celui qui nous l'a entr’ouvert...
En passant à travers la porte on découvre ce qui se cache derrière. Ainsi, en nous reliant à autre chose, « le signe » nous invite à faire ce passage, cette découverte, cet approfondissement. Qu’est-ce qui se cache derrière ?
Tu vois Théophile, la Loi de l’Ancien Testament, l’Alliance entre Dieu et les hommes, peut conduire à 02 manières de le vivre, radicalement opposées suivant que l’on se situe du régime de la preuve ou du signe.
Si l’on interprète la Loi et l’Ancienne Alliance à l’idée de preuve, on en arrive à la vie des Pharisiens. Ils prouvent qu’ils sont religieux et croyants parce qu’ils suivent tous les préceptes. Ils coupent court à l’approfondissement et est-ce sans retour ?
Tu es un croyant ? Prouve-le ! Démontre-le ! Donc accompli tous les préceptes de la Loi de l’Ancien Testament !
Or Jésus, qui n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir, l’interprète sous le régime du « signe ». C'est-à-dire avec cette idée de passage, de dynamique. La Loi nous relie à Dieu et à son mystère. Vouloir être croyant c’est désirer approfondir la Loi et y découvrir ce qui est caché derrière la Lettre.
La Loi est un passage vers Quelqu'un d'autre!
N’est-ce pas ce que Jésus semble critiquer ? Il dénonce chez les Pharisiens cette démonstration, sans approfondissement. Cette interprétation de la Loi comme une preuve. Il invite à comprendre la Loi comme un signe qui nous reliera à ce qu’est Dieu : A savoir un Dieu de la Promesse, un Dieu de l’Alliance, un Dieu qui est Amour.
Mais les expressions humaines, visibles, de la Promesse, du Don, de l’Alliance, de l’Amour, ne sont-elles pas la charité et l’aumône ?
Alors Théophile, tu comprends pourquoi Jésus à la fin de ce passage invitera les pharisiens à pratiquer l’aumône comme élément essentiel de la vie du croyant. On comprend mieux cette phrase biblique qui dit que l’accomplissement parfait de la Loi c’est l’Amour.
En sommes Jésus ne nous demande pas de laisser tomber la Loi, au contraire, mais de l’interpréter autrement. Comme un « signe » et non comme une preuve pour notre vie de croyant!
Prends l’exemple du mariage Théophile....: « Reçois cette Alliance, SIGNE de mon amour et de ma fidélité ».
Ce bout de métal n’est pas uniquement une preuve d’amour, mais un signe. C’est un appel à approfondir sans cesse l’amour que tu portes à ton épouse et réciproquement. N’est-ce pas, à travers le signe de l’Alliance au doigt, un appel à vivre concrètement la charité et l’aumône dans ta vie familiale comme Jésus l’a demandé aux Pharisiens?
Bonne journée à toi et à bientôt.
Ton ami.
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