Lettres à Théophile, "Les poteaux indicateurs pour le chemin de la vérité" (3)

Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 11, 42-46.

Mercredi 13 octobre 2010.

"Nef à colonnades" Collège des Bernardins (1245), Paris.

Mon cher Théophile,

Depuis 02 jours nous essayons de trouver les poteaux d’indications qui peuvent nous conduire à la Vérité, face à notre société occidentale devenue tellement subjectiviste et au combien irrationnelle...

Je ne te cache pas qu’avec les extraits de l’Evangile de Luc, le problème avec les pharisiens s’amplifie. Jésus devient extrêmement violent avec eux. Par 03 fois il dit qu’ils sont malheureux !

Pourquoi ? Est-ce qu’il se mettrait à les plaindre en les prenant de haut... Comme si Jésus devenait lui-même imbu de sa personne. Est-ce parce qu’il se met à les maudire et comme un sorcier va se mettre à leur jeter un sort ?

Si hier dans son discours aux mêmes Pharisiens, Jésus invitait à changer d’interprétation de la Loi, quitter le régime de la preuve pour le régime du Signe: Jésus semble aujourd’hui montrer les conséquences pratiques du régime de la preuve.

Je pense Théophile qu’à travers les 03 « malheureux », Jésus nous donne des pistes pour comprendre ce qu’il peut nous arriver si nous persistons dans ce désir de vouloir des preuves...

Reprenons les 03 formulations...

Dans le premier « malheureux » Jésus opère un résumé de ce qu’il a dit hier. A savoir qu’une interprétation par la preuve de la Loi, conduit à une séparation. On se fixe sur l’aspect extérieur qui « prouve » en apparence que l’on est croyant, mais en fait on vit en décalage complet entre l’apparence et ce que l’on est en vérité.

Jésus montre que la Loi doit être appliqué, mais ne pas oublié qu’elle nous relie à l’essentiel à savoir l’Amour de Dieu et la Justice. Ainsi vouloir sans cesse des preuves conduit au dessèchement, à l’aridité, à la routine. Vouloir manifester ostensiblement, par des preuves tangibles que nous sommes croyants, n’est-ce pas montrer indirectement que l’on a du mal à y croire ? Et que notre cœur n’y est pas tout à fait ?

Dans le deuxième « malheureux » Jésus dénonce la veine gloire, l’orgueil et une certaine forme de carriérisme.

Il est vrai que les honneurs et la gloire peuvent être un moyen de dominer et de s’imposer vis-à-vis des autres dans nos relations. Hélas ce travers coupe court à des discussions et il éloigne les personnes entre-elle.

Il est vrai que celui qui donne sans cesse des preuves, tout comme celui qui en exige à tout bout de champs, ont une forte conscience d’exister et aboutissent au même résultat : ils coupent court aux dialogues, à la discussion et à l’approfondissement mutuel. Ils imposent soit une vérité indiscutable, soit un doute généralisé qui gèle la réflexion. Ils se séparent des autres, et sont parfois même des sources de divisions et de séparations.

Dans le troisième « malheureux » Jésus va encore plus loin... Ils les considèrent comme des tombeaux.... C'est-à-dire des personnes qui sont comme « mortes ». Qui n’ont plus de vie intérieure, tout comme elle ne génère plus de vie. C’est comme si tout devenait « vide » de sens... Le fait de vouloir de plus en plus de preuves, ou de plus en plus en donner, ne montre-t-il pas aussi que notre vie commence à devenir justement « vide » de sens qui donne du goût... Un sens qui a la fonction du sel ?

Tu vois Théophile, Jésus dans ce passage d’Evangile nous rejoint dans notre humanité, et nous aide à mieux nous connaître.

Il nous montre ce qui se passe lorsque nous voulons, ou que nous donnions trop de preuves en religion pour montrer que nous disons la vérité....

Soit on se coupe de l’essentiel, de la racine et tout se dessèche...

Soit on coupe court à toute tentatives de dialogues et d’approfondissement...

Soit notre vie devient vide de sens... On a bien de quoi devenir malheureux et connaître la tristesse de la solitude...

Mais lorsque nous en sommes là... Nous ne sommes pas seul... Jésus reste présent à travers les signes qu’Il nous laisse aujourd’hui ! Mais comment les utiliser ? Je te laisse avec cette question !

Alors bonne recherche !

Bonne journée

Ton ami.