Lettres à Théophile, "Les poteaux indicateurs pour le chemin de la vérité" (4)

Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 11, 47-54.

Jeudi 14 octobre 2010.

"Nef à colonnades" Collège des Bernardins (1245), Paris.

Mon cher Théophile,

Que de riches écritures cette semaine. Avec Jésus, nous voilà à la recherche de la Vérité à travers un renouvellement de notre compréhension du langage des signes.

Aujourd’hui avec la suite de l’Evangile, nous allons décortiquer ce que Jésus dit aux Docteurs de la Loi. Jésus n’est guère plus tendre avec eux qu’avec les Pharisiens. Là aussi on peut se demander ce que Jésus pointe comme difficultés...

Apparemment Jésus semble penser que les Docteurs ont une interprétation de la Loi sous le régime de la preuve tout comme les pharisiens, et non sous le régime du signe. Il leur fait aussi une admonestation verbale avec le vocale « Malheureux ».

Là aussi Théophile, on peut se demander à quoi peut conduire l’envie de vouloir des preuves et d’en donner.

La première fois que Jésus dit aux docteurs « malheureux », ils leur fait comprendre qu’ils sont non seulement des fossoyeurs mais des artisans de pompes funèbres. Ils sont des constructeurs de Tombeaux. Ils poursuivent l’œuvre de leurs pères. Bref s'ils continuent dans la même erreur. Cette allusion fait écho à la dernière dénonciation pour les pharisiens. Mais de quelle mort s’agit-il ? Est-ce un meurtre physique ou bien y a-t-il une autre investigation. Jésus parle de la mort des prophètes entre le sanctuaire et l’autel. Autrement dit, il s’agit bien du domaine du culte, de la foi.

Jésus parle d’une mort de la foi...

C’est en fait la mort de l’âme dont il est question. Lorsque nous ne sommes plus capables de prier, d’envisager une vie religieuse quelle qu’elle soit. Ainsi, non seulement les Docteurs n’ont plus de vie intérieure, mais en plus ils ont des actes qui scellent la mort de l’âme, qui enferme, qui font que la vie intérieure ne sera plus possible à jamais.

Ainsi Théophile il est clair que pour notre vie de croyant vouloir toujours des preuves de l’existence de Dieu, de la Résurrection, peut conduire à la mort même de notre recherche spirituelle et l’étouffer pour longtemps.

Je t’entends déjà Théophile...

Si l’on ne peut plus avoir de preuve, est-ce que cela veut dire qu’il faille mettre notre faculté de raisonnement au placard et, passe-moi l’expression, « gober » tout ce que l’on nous dit sans recherche critique...

C’est là que Jésus ouvre une nouvelle brèche.

Lorsque le deuxième terme « Malheureux » apparaît, Jésus dénonce les Docteurs de la Loi en tant que « barrage » pour la compréhension. Se sont eux qui empêchent la réflexion et la connaissance. Jésus dit qu’ils ôtent les clefs de la connaissance. Ce n’est pas rien non plus...

Jésus montre que nous devons sans cesse se mettre en recherche, être comme un pèlerin de la connaissance de Dieu.

Par conséquent, le chemin de la preuve comme nous l’avons vu hier avec les Pharisiens, conduit à une certaine mort de la recherche. Il n’est plus possible de se remettre en cause et d’approfondir.

D’ailleurs c’est le chemin de la preuve qui à la base nourrit les idéologies fanatiques de tous poils ! La preuve en est que les Pharisiens et les Docteurs veulent mettre Jésus dans la difficulté précisément en voulant exploiter ses paroles et le prendre aux pièges.

Ils manifestent concrètement qu’ils n’écoutent pas en vérité, mais essaye de capter un mot, une phrase qui va conforter leurs positions. C’est une sorte de manipulation verbale, et je dois te dire que cette tentation nous guette bien plus souvent qu’on ne le croit. Qui peut prétendre avoir bien entendu ce que l’autre a voulu me partager...

Or Jésus souhaite que l’on se remette en route, que l’on recherche sans cesse à connaître. Bien malheureux celui qui croit tout savoir et avoir fait le tour d’une question...

Alors Théophile, si les Docteurs ont révélés d’autres travers du régime de la preuve pour notre vie de foi... Il nous reste le chemin du signe.

Que peut-il bien nous apporter ? Nous le verrons demain.

Bonne journée à toi.

A bientôt.

Ton ami.