Lettres à Théophile, "Souvenirs d'une rencontre en écho avec l'Evangile" (2)
- bohleremmanuel
- 26 nov. 2020
- 3 min de lecture
Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Mt 18, 21-35, sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.
Mardi 29 mars 2011.

"Jésus dans la synagogue de Nazareth", Auteur inconnu
THEOPHILE: « Qu’est-ce que je déteste, je HAIS la trahison !!!!! Quant je pense à un ami qui est venu vers moi en pleurnichant pour me demander de l’aide, alors qu’il est d’une telle dureté avec les autres… Moi des gens qui n’ont pas plus de conscience que cela, ça me révolte !!!! »
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NARRATEUR: Calme toi Théophile… Avais-je envie de répondre lorsqu’au cours de notre dernière rencontre tu m’avais partagé ce fait…
A travers cet exemple concret du quotidien, se pose une première question : Comment peut-on, en toute honnêteté, demander quelque chose à quelqu’un que nous nous-mêmes, nous ne serions pas capable de donner?
Je pense cher Théophile, que l’on ne peut demander quelque chose à quelqu’un que dans la mesure où l’on serait capable de le donner ! On ne peut recevoir en vérité que ce que nous serions capable de donner !
Si l’on garde pour soi, ce que l’on reçoit, on est avaricieux envers nous et l’on exploite la générosité des autres !
Là aussi, je pense à un extrait d’Evangile selon saint Matthieu où dans une parabole adressée à Pierre, il y a une situation de la sorte. Mais c’est au sujet du pardon.
Un homme demande le pardon en faveur d’une dette qu’il ne peut pas payer. Mais il est incapable de faire de même pour une autre personne qui lui demande la même chose. On en reviens à la même question : on ne peut recevoir en vérité que ce que l’on serait capable de donner ! Et pour le pardon face à la trahison, c’est la même chose…
Alors que toi tu dis :
« Qu’est-ce que je déteste, je HAIS la trahison !!!!! »
Jésus ne semble pas avoir de tels sentiments face à la situation. A travers cette parabole Jésus nous aide à poser une autre attitude, il invite à pardonner 77 fois 7 fois…
Ainsi c’est une plénitude dans la plénitude. Par l’utilisation concentrique de ce chiffre 7, symbole de la perfection, Jésus nous montre que le pardon vécu est de l’ordre de la plénitude, le sommet de la perfection de vie chrétienne.
Face à la demande de la remise de dette, et au geste de pardon de ce roi, il y a 2 éléments bien distincts : la « satisfaction » et « la remise de dette ».
Par « satisfaction » Jésus montre que le roi, ne relève pas la dette ! Tu me dois de l’argent, et bien tu me le rendras ! Le pardon n’est en aucune manière une sorte de faiblesse, d’effacement simple et immédiat. Allez on oublie tout comme si rien n’avait eu lieu, et comme s’il n’y avait pas de conséquence à la faute ! Non ! Quelque chose demeure, quelque chose reste à faire ! Cela reste une attitude humaine.
La « remise de dette », par contre, est ce déploiement dans le temps, on ouvre une possibilité de, un temps nouveau pour faire. Bref, on retarde l’échéance, pour laisser une chance à l’autre. Alors que la faute est comme un enferment, une impasse, une grotte qui se ferme derrière nous; le pardon est cette libération, cette sortie de l’impasse, cette pierre que l’on roule pour sortir de l’enferment d’un tombeau ! Le pardon, est alors cette gratuité offerte dans le temps, pour pouvoir changer de vie, reprendre le chemin.
Là encore, est-ce une attitude humaine, ou n’avons-nous pas besoin du secours divin pour le vivre ?
Tu vois Théophile, le pardon selon cette parabole est à la fois une œuvre de justice (on mesure nos actes et leurs conséquences) et une œuvre de gratuité, de bienveillance, de temps nouveau accordé à l’autre pour qu’il puisse se relever !
Est bien un roi celui qui pourra agir de la sorte !
Jésus est pour nous ce Roi qui, par sa Résurrection, nous ouvert notre propre tombeau dans lequel nos fautes nous enferment ! Ce n’est pas pour rien que le futur bienheureux Jean-Paul II a demandé à ce que le dimanche après Pâque soit célébré le dimanche de la Divine Miséricorde.
Au lieu de dire :
« Moi des gens qui n’ont pas plus de conscience que c’la, ça me révolte !!!! »
Si tu essayais de devenir un « gentleman de l’Evangile » ? En accueillant l’Esprit d’Amour tu pourrais alors, tout en faisant œuvre de justice, faire aussi œuvre de miséricorde ? Ton baptême, en plus d’être prophète te demande d’être un Roi. Et si tu devenais, t’imitais ce Roi de la parabole ?
Bonne journée à toi et à bientôt.
Ton ami.
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