Lettres à Théophile, "Souvenirs d'une rencontre en écho avec l'Evangile" (6)
- bohleremmanuel
- 26 nov. 2020
- 3 min de lecture
Chronique diffusée sur les ondes de Radio Jérico pour la rubrique "Commentaire d'Evangile". Libre commentaire de Lc 18, 09-14, sous forme de dialogue entre Théophile et le narrateur.
Samedi 2 avril 2011.

"Jésus dans la synagogue de Nazareth. "Auteur inconnu
NARRATEUR : Mon cher Théophile,
En relisant mes brouillons, je me dis que nous avons eu un sacré parcours durant cette semaine au sein de nos échanges…
Tout semble tourner autour du baptême et des sacrements de l'initiation chrétienne… Ce qui n’est pas mal lorsque l‘on est en carême...
Une dernière chose m’interroge quant tu me disais :
THEOPHILE : « Avec ce que je peux constater dans la vie d’aujourd’hui autour de moi, je me demande bien souvent ce que peut-être la justice… Voilà quelque chose qui me devient tellement difficile à saisir… Non seulement lorsque je vois la vie de ceux qui font n’importe quoi, mais aussi ceux qui en apparence font bien mais dont ce qui se passe au fond d’eux-mêmes n’est pas à la même hauteur… Lorsque les illusions tombent, où est la justice ? Comment être juste, qu’est-ce que cela veut dire au fond ? »
NARRATEUR : Mon pauvre ami...
Tu touches ici le narcissisme...
Ce que nous découvrons de juste, peut devenir le lieu même de notre futur enfermement… Comme disait sainte Thérèse d’Avila, le chemin dans la vie spirituelle est comparable à château où l’on passe d’une pièce à l’autre… On franchit une porte vers un autre espace, mais à un moment il y a toujours une autre porte qui peut nous enfermer… Nous sommes alors arrivés au seuil d’une autre porte…
Un extrait de l’Evangile selon saint Luc parle de cela.
Jésus y décrit l’intention de prière d’un publicain et d’un pharisien.
Jésus les décrit comme socialement narcissique, c'est-à-dire qu’ils se considéraient comme meilleurs et qu’ils étaient convaincus d’être juste…
Ah, sacrée vanité, décidément tu te caches dans les recoins les plus honnêtes et les plus spirituellement corrects !
Ces 2 personnages me font penser à la réplique de Sacha GUITRY que tu m’as évoquée, et qui disait :
« Je ne sais ce qu’est la vie d’un coquin je ne l’ai jamais été, mais la vie d’un honnête homme est abominable ! » (Film La vie d'un honnête homme - 1953)
Ces 2 hommes vont au Temple pour prier Dieu.
Il est vrai que la figure de Dieu se trouve au ciel comme justement nous indiquant l’attitude d’élévation, d’ascension. Il faut regarder « en hauteur », vers les « hauteurs » pour le trouver.
Or dans la prière du pharisien, il y a l’effet inverse puisqu’au lieu de s’élever, il s’abaisse vers lui pour se contempler et rendre grâce parce qu’il est un honnête homme.
Théophile, cet homme est devenu un idolâtre de lui-même! Il se prie lui-même! Il va même jusqu’à critiquer un publicain, qui pourtant dans l’Evangile lorsqu’il faut critiquer Jésus, sont amis…
Idolâtre et amitié de façade, de convenance sociale et idéologique!
En voilà un qui croyait sa prière « honnête » pour l’élever, or voilà qu’en fait il s’enferme totalement dans sa suffisance hypocritement labellisée !
Quant au publicain…
Dans sa prière il s’abaisse, il reconnaît son imperfection et se sent petit devant Dieu.
Sa faiblesse est comme du plomb qui l’empêche de s’élever auprès de Dieu. Il s’en remet à sa Grâce, à son pardon. Et cela devient pour lui un chemin d’ouverture extraordinaire.
On rejoint l’Evangile d’hier où Jésus montre que l’homme vie un chemin de divinisation, d’élévation pour devenir légal de Dieu. L’abaissement du publicain est un geste d’humilité intérieure.
Ici-bas ce chemin se vie par cette reconnaissance de nos fragilités.
Alors Dieu peut nous envoyer l’ascenseur afin de nous élever jusqu’à Lui, comme disait saint Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face !
Tu vois Théophile, être juste ce n’est pas seulement avoir un bel emballage, une belle morale, de belles activités tout aussi louables soient-ils…
Cela passe aussi par l’intention du coeur… Une pureté d’intention, voilà bien souvent ce qui est le plus difficile. Elle se révèle précisément lorsque l’on se met en prière ! La pureté d’intention sera l’attitude de ce publicain.
Alors… Mets-toi en prière, regarde comment tu pries, ce que tu dis et tu découvriras, ce à quoi l’Evangile nous invite. Là tu apprendras comment devenir juste !
Et à bientôt dans d’autres lettres !
Et d’ici là tu veux me revoir.... Laisse moi un message.
Ton ami !
PS : Je te laisse avec une image à toi, pour continuer.
THEOPHILE : « Que j’aime lorsque je chante en chorale, les échauffements vocaux… Nous prenons le temps d’écouter, d’unifier notre voix à celle du chef de chœur. On entend bien les frottements parce que l’on croit chanter juste… Alors, on redouble d’attention et d’écoute… Et lorsque nous arrivons à cet unisson, quelle force, quelle sensation ! On se sent plus proche des autres, mystérieusement unis ensemble. Il n’y a plus de faux semblants… »
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