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Dieu était là et je ne le savais pas… (Gn 28,16)

Commentaire d’évangile pour le 12ème dimanche du Temps Ordinaire  (Mc 4, 35-41) ; année liturgique B), célébré le dimanche 23 juin 2024.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 21 juin 2024.





Qui n’aurait pas voulu se réveiller face à cette tumultueuse tempête aux accents de cauchemar ?

Face aux sueurs de l’angoisse, Dieu nous distille une adoucissante fraîcheur

 

 

Qui n’a jamais été tenté de considérer le récit de la tempête apaisée comme une fable ? Et pourtant si l’apologiste chrétien anglais Chesterton (1874-1936) disait que la fable est : « une sorte d'alphabet de l'humanité au moyen duquel on a pu écrire les premières certitudes philosophiques », où « les figures devaient fonctionner comme des pièces d'un jeu d'échecs » ; cet évangile n’est-il pas un alphabet où s’exprime une certitude de foi pour devenir plus humain ?

 

A relire ce récit, tous les éléments sont là pour la catastrophe assurée : violente tempête, vagues déferlantes, barque qui prend l’eau. Autant de signes suscitant la peur, l’angoisse face à une seule réalité qui semble inévitable : la mort.

Presque irréel, Jésus dort à la poupe sur un coussin. Si la poupe est le lieu où se trouve le gouvernail, est-ce à dire que plus personne ne guide la barque ? Jésus semble confortablement installé comme s’il y avait établi sa demeure… Bref, confort et quiétude en contraste avec l’incertitude et l’inquiétude !

Au lieu de comprendre pourquoi Jésus dort ainsi, posons-nous une autre question : pourquoi les disciples sont-ils affolés ? D’autant que cette question est celle du Maître à ses disciples, indirectement adressée à nous autres lecteurs !    

 

A vue humaine l’inquiétude des disciples est légitime car autant de signes alarmants ont de quoi faire perdre la foi… Mais la foi en quoi, ou plutôt en qui ?

Ont-ils bien conscience de savoir qui se trouve au milieu d’eux ? Ils ressemblent à Jacob, qui se réveillant du célèbre songe avec l’échelle, s’exclama : « Dieu était là, et je ne le savais pas ! » S’ils avaient reconnu en Jésus, le Fils de Dieu, Celui qui était là au moment de la création (Sg 9,9), auraient-ils été si affolés ? La création peut-elle détruire son Créateur ? Face à cet illogisme, on peut en déduire que les disciples n’avaient pas encore conscience de l’identité de Celui qui dormait au milieu d’eux ! D’ailleurs la parole performative de Jésus le confirme : la création ne peut détruire son Créateur ! Leur affolement semble révéler un manque de prise de conscience et de foi, contrairement à ce que confessera Paul aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31) Et pourtant « Dieu est là, au milieu de nous » comme s’évertuait à le crier jadis Jean-Baptiste, et comme on l’a solennellement perpétué à travers la fête du Saint-Sacrement !

 


Et si cette barque était l’image de notre vie et sa poupe, notre âme ? Ce lieu de paix que Dieu a construit depuis notre baptême, consacré à notre confirmation, habité depuis notre première communion.


Face aux tempêtes de nos existences et des bouleversements soudains qui remettent en question la construction de notre histoire commune, plutôt que de succomber à l’affolement comme les disciples, si l’on s’attardait, avec foi, dans ce lieu de paix avec Celui qui y Demeure et dont nous oublions parfois la Présence ? La liberté de conscience germe, fructifie et nous éclaire dans cet espace intérieur pour nous permettre d’agir avec droiture.

Alors bonne traversée !

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