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Il est digne et juste de faire son éloge

Commentaire d’évangile pour le 8ème dimanche du Temps Ordinaire  (Lc 6,39-45 ; année liturgique C), célébré le dimanche 2 mars 2025.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 2 mars 2025.






Si le Siracide dit que l’on ne peut faire l’éloge de quelqu’un avant qu’il n’ait parlé (Si 4,7), alors l’enseignement de Jésus proposé dans l’évangile mérite des louanges !

Pourquoi ?

 

 

Cet évangile, à la fois célèbre et surtout très bien utilisé par nos soins pour remettre en cause ceux ou celles qui nous critiquent, est d’une absurdité totale !

Absurdité par les personnages et les situations… Des aveugles marchent et s’orientent mutuellement… Voir une paille au loin alors que l’on a une poutre dans l’œil… Des fruits doux et sucrés poussant sur des ronces…

L’absurdité est ici narrative ! Elle déboussole complètement notre manière rationnelle d’interpréter et surtout de lire… Elle est ici comique qui, par provocation, pratique une insolente auto-dérision carnavalesque !

A quelques jours du carême, ce style arrive à point nommé !

Et si l’absurdité nous poussait à lire le texte à reculons.

 

 

Tout se termine par : « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ».

La parole est ici abondance et générosité : la parole est partage.

Elle est une source d’eau vive, mais qui féconde ou qui détruit ? Alors qu’avons-nous dans le cœur ? Des passions, qui peuvent aller jusqu’à être désordonnées ? De l’amour humain ? De l’Amour divin ?

Si la parole est fraction de l’Amour, comment se fait-il qu’elle puisse se transformer en médisance et en violence vis-à-vis des autres ? Communion bien amère pour ceux et celles qui la reçoive. Or comme dirait saint Paul : « que notre parole soit bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui nous écoutent » (Ep 4,9).

Pourquoi une telle recommandation de la part de l’apôtre des nations si ce n’est parce qu’un Autre réside dans notre cœur, un Hôte très doux et humble.

Pourquoi une telle recommandation si ce n’est parce que l’apôtre des nations a fait l’expérience de cette absence d’amour en son cœur qui l’a poussé a être ce persécuteur violent, fanatique.

N’est-ce pas lui qui a chanté aux Corinthiens l’hymne à la Charité, où il demande explicitement ce don de l’Amour divin, pour que ce dernier le transforme en aimant en lui, et lui apprenne à aimer son prochain en aimant à travers lui … « Si je n’ai pas la Charité je ne suis qu’un cuivre qui résonne…je ne suis rien ».

 

Avec la finale de l’évangile : c’est ce Don de Dieu que l’on partage à travers nos paroles ! Et ce don c’est la Charité, ce brasier ardent du cœur de la Trinité.

Notre cœur a la vocation d’être un four où s’opère une mystérieuse transformation par l’Amour, avec l’Amour et dans l’Amour !


Epiphanie de l’Amour, nos paroles ont vocation d’être l’écho audible et visible de cette transformation intérieure par la Grâce !

Il est grand le mystère de cette vocation !

Dans ce grand mystère, nous comprenons pourquoi nos paroles ne peuvent plus être des ronces ou des épines qui ne donnent pas de fruits doux et sucrés. Elles ne peuvent plus être critiques permanentes des défauts de l’autre, et ne peuvent plus aveugler ou tromper le chemin de ceux qui les reçoivent…

Elles ont plutôt vocation d’être « lumière » de cet Amour qui agit dans nos faiblesses !

Alors nos paroles pourront apporter cette « lumière de l’espérance » à ceux qui traversent tous ces déserts sans amour !



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