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Il faut tout quitter...

Commentaire d’évangile pour le 28ème dimanche du Temps Ordinaire  (Mc 10, 17-30 ; année liturgique B), célébré le dimanche 13 octobre 2024.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 11 octobre 2024.





Contrairement à ce que chantait Jacques Brel en 1959 lorsqu’il composa la célèbre chanson « Ne me quitte pas », qui selon lui n’est pas un hymne à l’amour mais à la lâcheté des hommes, l’Evangile nous invite au courage audacieux.

 


Nous pouvons distinguer trois parties dans l’évangile de ce dimanche : le célèbre épisode de l’homme riche, la non moins célèbre petite parabole du chameau et du trou d’aiguille, enfin suite à la réaction de Pierre l’encouragement de Jésus vis-à-vis de ceux qui ont déjà tout quitté pour le suivre.


Tout commence bien : un homme se met à genoux devant Jésus pour lui poser la question de son salut. Il reconnait en lui à la fois son Maître (par sa parole) et son Seigneur (en se prosternant). Il se pose la question du sens de son existence en fonction de la vie après la mort. Déjà, là, avons-nous le même discernement ? Est-ce en lien avec notre vie après la mort que nous discernons ce que nous avons à accomplir ? En prenant la parole, Jésus commence par mettre à l’épreuve cet homme. Il semble remettre en cause sa salutation comme si c’était de la flatterie. Puis il rappelle simplement des commandements de la Loi. La

source du Salut puise ses racines dans le don de la Loi à Moïse sur le Sinaï. La réponse de l’homme est intéressante, car il a supprimé l’adjectif « bon » pour n’appeler Jésus que

par « Maître ». Jésus avait-il vu juste ? Comme si la flatterie par l’emploi du qualificatif « bon » masquait un point que cet homme ne voulait pas aborder. Ensuite Jésus lui formule la radicalité de son appel. Il développe l’appel sobre envers ses premiers apôtres : « Viens et suis-moi ». Cet homme, comme les premiers disciples, sera-t-il capable de tout laisser, de tout quitter pour le suivre ? Il aurait les aptitudes pour devenir non pas un simple « disciple » mais un « apôtre », ce qui montre combien Jésus l’aimait ! Mais est-il prêt à ne faire de sa vie qu’un don total ? Hélas, il n’est pas encore prêt à tout laisser, à tout quitter « par amour » pour celui qu’il reconnait comme Maître et Seigneur. Le problème fondamental est-il la richesse ou autre chose ? 


Le deuxième épisode va déployer cette question fondamentale du « tout quitter pour le suivre ». La célèbre petite parabole du chameau qui, pour entrer dans Jérusalem par la petite porte basse portant le surnom de « trou d’une aiguille », doit déposer tout son chargement à terre fait écho à la situation finale de l’épisode précédent. Ce chameau ne peut entrer que s’il est nu et dépouillé. Finalement cet homme riche se trouve face à ce choix : va-t-il déposer ses biens pour entrer dans l’Alliance avec son Maître et son

Seigneur ? Va-t-il consentir à cette expérience de nudité et de dépouillement pour devenir disciple ? Cependant Jésus révèle que cette capacité à vivre cette nudité et ce dépouillement relève de l’œuvre de la Grâce. Cet homme préférait encore être rassuré par le confort rassurant de sa situation matérielle plutôt que de reposer uniquement sur la Grâce immatérielle. Le voilà le problème fondamental, le vrai dépouillement : croyons-nous encore à l’œuvre de la Grâce plutôt qu’à la puissance matérielle ?


C’est pourquoi Jésus termine son enseignement par un dernier épisode où il va rassurer ses apôtres qui ont déjà tout quitté pour le suivre… Mais ils auront d’autres dépouillements, d’autres nudités à expérimenter, surtout face au Crucifié!



Mais ceci est une autre histoire…



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