Tourisme mémoriel évangélique

Commentaire d’évangile pour le 24ème dimanche du Temps Ordinaire  (Mc 8, 27-35) ; année liturgique B), célébré le dimanche 15 septembre 2024.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 13 septembre 2024.

« Baptistère VIème siècle », découvert à Bekalta (Tunisie) en 1993

L’évangile de ce dimanche nous dévoile pour la première fois le mystère de la Croix. Retour sur cette première annonce !

Quelle surprise d’entendre ce récit au lendemain de la fête de la Croix Glorieuse, souvenir du 14 septembre 335… Jour de consécration de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, construite sur le lieu où, neuf années auparavant, Hélène, mère de l’Empereur Constantin, eut retrouvé les reliques de la Croix.  

Au commencement il y eut un lieu….

Césarée de Philippe est un lieu porteur de sens. Située au nord de la Mer de Galilée, au pied de l’Hermon, cette ville est le lieu d’une des sources principales nourrissant le Jourdain… Lieu où la végétation y est si luxuriante rendant la terre particulièrement fertile. Cette oasis attira très tôt des centres religieux avec de nombreux Temples pour des divinités grecques et romaines, en particulier le Dieu Pan, dont la laideur (cornes, barbe, queue et pattes de bouc) inspira le christianisme pour donner ses attributs au Démon afin de lutter contre le paganisme.

C’est d’ailleurs là que Pierre y confessa en outre sa foi au Christ, comme source véritable du Salut (Mt 16,13-28 ; Mc 8,27-30 ; Lc 9,18-21).

Un lieu porteur d’une promesse…

Comme Jésus est reconnu dans son autorité de prophète, par les autres et par Pierre, il se permet de faire une prophétie : l’annonce du mystère pascal (mystère de sa mort et de sa résurrection) dont la formulation s’apparente à un authentique Symbole de Foi, comme celui du Symbole des apôtres. Il s’agit d’une révélation inouïe, suscitant l’étonnement voire le refus, puisque Pierre ira jusqu’à prendre Jésus à part pour lui reprocher une telle prophétie.

Un lieu porteur d’un renoncement…

La réaction de Jésus est intéressante : il répond très fortement à Pierre en le traitant de Satan parce que les autres peuvent entendre ! Pourquoi cette indiscrétion, ce manque de tact ? Pourquoi provoquer les autres en devenant les témoins de ce qui normalement devait être à huit-clos ?

En parallélisme narratif, comme un jaillissement, Jésus continue d’enseigner et place le mystère de toute vocation dans la même logique que celui de son mystère pascal ! Mais surtout il utilise deux fois le verbe perdre… La clef se situe dans l’interprétation de l’expression perdre sa vie.  Or ce verbe a déjà utilisé par l’évangéliste Marc : il s’agit de l’homme tourmenté par un esprit impur (Mc 1,24) qui admonesta Jésus ! Perdre sa vie semble bien lié à perdre ce qui est impur dans nos vies et surtout perdre la racine : Satan !

Comme pour l’homme tourmenté, Jésus ne s’adresse pas directement à Pierre, mais au Tentateur qui agit encore pour le détourner de la foi au mystère pascal ! En admonestant Jésus, Pierre n’est pas tout à fait lui-même ! Aussi Jésus fait un appel authentique à un renoncement pour laisser jaillir la source de la Grâce, pour devenir soi-même ! Comme pour l’homme tourmenté, c’est lui seul qui libère !

Profession de foi, renoncement à Satan, à ses œuvres et ses tentations : ne sommes-nous pas au cœur des promesses baptismales ?

Pour nous, cet évangile s’est accompli dans un lieu précis : là où nous avons été baptisés ! Où nous avons été marqués du signe de la Croix !