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Mais où sommes nous pour comprendre?

Commentaire d’évangile pour le 32ème dimanche du Temps Ordinaire  (Mc 12, 38-44 ; année liturgique B), célébré le dimanche 10 novembre 2024.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 8 novembre 2024.





Au sein du Temple de Jérusalem, Jésus place son auditoire devant un lieu énigmatique où se joue une fresque aux couleurs de comédie humaine. Un subtil examen de conscience est suggéré en demi-teinte, alors suivons le guide !  

 

 

L’évangile nous propose deux paraboles avec des parallélismes.

Dans un cas il y a des scribes dont on dénonce l’attitude ostentatoire, vaniteuse et orgueilleuse de leur richesse. D’autant qu’elle semble en cacher la provenance : un commerce soi-disant équitable qui masque un vol malhonnête du bien des veuves. En somme ils s’enrichissent en appauvrissant ces veuves : ce qui constitue une faute, non seulement envers la Loi (Lv 19,9-10 ; Dt 4,19-22 ; Rth 2), mais en plus envers le Commandement de l’amour du prochain dont il a été question Dimanche dernier (Dt 6,2-6).

Dans l’autre cas, il ne s’agit plus de scribes mais de riches personnes qui versent une partie de leur richesse pour la dîme. Par contre, il est question d’une veuve dont on met en exergue son extrême pauvreté.

Il est donc possible de considérer la pauvre veuve de la deuxième parabole comme faisant partie des veuves décrites dans la première, et qui auraient été appauvries par la fraude des scribes commerçants. Les riches personnes qui versent au Temple seraient les scribes eux-mêmes.

 

Alors que penser de cette offrande ? Un cas de conscience se dévoile : cette richesse malhonnêtement acquise, servant déjà à la vanité, servirait-elle en plus à donner bonne conscience à ceux qui la versent comme part qui revient à Dieu (Ps 16,5-10) ?

La Maison de Dieu deviendrait-elle indirectement une maison de trafic (Jn 2,16) où le commandement de l’Amour envers Dieu, manifesté par leur don, masquerait le vol des veuves ? Peut-on aimer Dieu en faisant mourir indignement son prochain, surtout lorsqu’il est faible ?  

Pour assurer la continuité des deux paraboles, Jésus nous amène au Temple devant la salle du Trésor où nous pouvons concrétiser ce lien indissoluble entre Amour de Dieu et amour du prochain.

 

L’évangéliste nous propose une faveur quasi fictive, car la salle du Trésor n’est pas ouverte ni même destinée au public… Il s’agit d’un lieu réservé, protégé, placé sous la responsabilité des prêtres et des servites du Temple qui ont reçu la charge de collecter et de gérer la dîme. Parmi ses aspects (Nb 18 ; Dt 12, 2 Chr 31), elle perpétue une appartenance où ceux qui font fructifier, grâce à leur travail, la Terre Promise reçue en héritage par Dieu, lui en consacrent une partie et surtout ce qu’il y a de meilleur. Finalement, on donne à Dieu le meilleur de nous-même ! Or, dans l’évangile, les scribes pervertissent le sens même de l’offrande ! Ce n’est pas le meilleur d’eux-mêmes qu’ils donnent, puisque leur richesse mal acquise cache la ruine des veuves.

Offrir à Dieu le fruit de la terre et du travail, présuppose alors une concrétisation de l’amour du prochain ! Cette salle du Temple nous conduit à l’amour du prochain, car n’oublions pas que Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6,21) !

Alors faisons tout pour qu’il n’existe jamais dans l’Histoire une société qui, pour sauver sa superbe, son prestige et son rang, allant jusqu’à convoquer l’intérêt général, finirait par s’enrichir en ruinant les plus faibles et les plus modestes qu’elle est censée protéger !


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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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