Recension du livre "Le sermon sur la chute de Rome" de Jérôme FERRARI
- bohleremmanuel
- 27 nov. 2020
- 3 min de lecture
Diffusée sur les ondes de Radio Jérico. Direct pour la rubrique "Paroles d'Evangile" au sein la matinale de Thierry GEORGES.
Octobre 2012.
Livre sorti en librairie le 22 août 2012
Lors de la rentrée littéraire de septembre 2012, j’ai remarqué un livre dont le titre à lui seul méritait que l’on s’y attarde. Il s’agit du livre de Jérôme FERRARI « le sermon sur la chute de Rome ».
Il ne s’agit aucunement d’un livre historique qui raconterait la fin de l’Empire romain mais d’une actualisation pour aujourd’hui, à partir d’un projet de deux jeunes originaires de Corse, de quitter le continent et ses opportunités, pour revenir en Corse et y faire revivre le café du coin. Mais aussi de faire le constat amer de la fin d’un monde par la visibilité outrancière de l’appel à la corruption.
Pour nous conter ce récit captivant et rythmé, à la plume à la fois stricte, concise, incisive, précise, Jérôme FERRARI met ses pas dans ceux de saint Augustin qui a pu voir de ses yeux, les fragilités des royaumes terrestres et leurs fins.
Saint Augustin avait tenté de consoler ses fidèles face à ce constat inquiétant et source d’angoisses légitimes.
Je trouve que le titre « Le sermon sur le chute de Rome » est en résonnance particulière avec ce que nous sommes en train de vivre en ce moment.
Avec les différents projets de Lois sur des questions profondes de la société française, qui ne relèvent pas uniquement des Lois et par conséquent ne sont pas le monopole des politiques, mais qui appartiennent à l’ensemble des français ; nous pouvons constater soit la réaction négative des uns qui voient déjà la catastrophe culturelle et la chute assurée de notre pays, soit l’exaltation des autres qui voient enfin advenir, dans un progrès qui ne peut être que meilleur, la naissance du nouveau monde face à l’obscurantisme du précédent.
Le moment n’est pas venu de se ranger dans l’une ou l’autre opportunité, mais de prendre du recul !
Il est bien évident que face à ces problèmes, quoi que nous en pensons, ils nous montrent la fragilité de notre système démocratique où le politique outrepasse sa légitimité en voulant avoir le monopole complet. Comme dans un régime communiste, nous devons anesthésier notre cerveau et suivre la ligne du parti.
Alors que faire ?
Les chrétiens ne doivent pas se taire !
Car au nom même de leur baptême, ils sont appellés à être le « ferment de l’Evangile » au cœur des activités humaines. Mais un ferment reste un ferment ! On ne peut fusionner et imposer les valeurs de l’Evangile avec les valeurs d’un pays, même si à cause de l’histoire, elles sont très intimement liées.
Si avec les siècles, le « ferment de l’Evangile » a fait lever la pâte d’un pays où aujourd’hui encore nous pouvons y vivre ses fruits et sa réalisation, il n’empêche que nous pouvons nous demander légitimement si nous n’assistons pas au mauvais courant d’air qui ferait dégonfler et effondrer l’ensemble de la pâte et le travail de ce même ferment…
Le titre de ce livre passionnant m’invite à vous poser cette question de fond.
Puisque nous ne pouvons rester silencieux face à ces questions d’aujourd’hui, il faudrait nous demander de quelles manières nous allons réagir.
Allons devenir des prophètes réagissant face à une catastrophe inévitable, ou bien au nom même de notre responsabilité, nous allons œuvrer à la manière d’un authentique « ferment » ?
Face à un grand nombre de réactions assez pessimistes (pour ne pas dire exclusive) du milieu chrétien, je ne peux que penser à l’ouverture du Concile Vatican II où Jean XXIII dénonçait les « prophètes de malheur », qui déjà en 1962 ne voyaient que la chute du monde allant vers une perte imminente.
Aussi, sans manquer à notre devoir et à notre responsabilité, il ne faudrait pas que les chrétiens deviennent, dans leurs réactions, ces prophètes de malheurs dénoncés il y a 50 ans!
A la rigueur le seul anathème du Concile Vatican II, est pour cette vision apocalyptique et pessimiste du monde. On ne peut réagir en s’enfermant dans une tour d’ivoire qu’il faudra coute que coute protéger : Nous sommes invités à ne pas devenir des prophètes de malheur ! C’est un enjeu bien actuel pour le témoignage chrétien au cœur du monde, sans pour autant altérer ni même modifier les exigences de l’Evangile.
Se pose alors cette question : la lucidité nous conduit-elle à une expression pessimiste de l’avenir ?
A vous de voir….
A nous de poser un acte de foi, et comme saint Augustin d'être signe de consolation plutôt que de désolation...
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