Lettre à Jésus de la part d’un de ses supporters…
- bohleremmanuel
- 21 nov. 2020
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Ce texte est un commentaire de l’Evangile du dimanche 8 juillet 2012 (Mc 6, 1-6). Publié au sein du journal hebdomadaire « L’Ami Hebdo », en date du vendredi 06 juillet 2012.

…Mon pauvre Jésus qu’as-tu fait pour mériter un tel traitement de la part de tes semblables ?
Pourquoi te fait-on cela ? Alors que pas plus tard que dimanche dernier, on a appris de toi que tu avais guéri une jeune fille à l’agonie, et une femme perdue pour la médecine.
L’une par la bouche de son Père Jaïre, et l’autre par le secret de son cœur, t’avaient reconnu comme celui qui pouvait les sauver : Elles avaient cru en toi !
Te voilà chez toi… Mais pas n’importe où !
Te voilà à la synagogue, lieu du culte domestique, lieu du « sacrifice de louange » et de « l’écoute de la Parole ».
Te voilà dans ce qui fait l’un des cœurs de la vie sociétale et publique de ta propre communauté.
Te voilà dans ce lieu où l’on « fait mémoire » de l’Alliance et de la Visite de Dieu à son peuple.
Te voilà qui enseigne… Ce qui est tombe sous le sens car toute Parole qui sort de la bouche de Dieu mérite bien qu’elle soit interprétée !
Tu interprètes et tu es reconnu ! Non seulement par tes paroles, mais par tes actes ! Ton évangéliste Marc nous dit bien que ceux qui t’écoutent ont parfaitement reconnu ta sagesse et la grandeur de tes miracles. Mais…
Nous ne pouvons que constater avec impuissance le durcissement, et l’enfermement des tiens. La progression est terrible… Ils commencent déjà par une interrogation sur la provenance de tes dons.
Ils se mettent ensuite à dénigrer tes origines, comme pour mieux justifier une forme de jalousie vis-à-vis de ton intelligence et de ton éloquence ! Mais le dénigrement va croissant, puisqu’ils semblent manifester une forme de mépris pour ta famille? Et puis ils terminent par te prendre pour une cause de scandale ?
Pourquoi un scandale ? Parce que tu causes bien ? Parce qu’ils n’arrivent pas à reconnaitre le charisme que Dieu t’a donné? Ou plus bas encore, ils semblent insinuer que tu es un enfant adultère ? Comment se fait-il que dans ta propre culture, si attaché à la généalogie par le père, on ne fasse pas mention de ce dernier pour toi lorsqu’on parle de tes origines familiales? Maintenant on semble te calomnier ou tout du moins faire des insinuations tendancieuses…
Le cœur des tiens se ferme tellement vite… Ils ne veulent pas reconnaître ta filiation divine, et semblent même remettre en cause ton honneur…
Et toi dans tout cela, tu ne leur rends pas la monnaie de leur méchanceté ! Tu restes ouvert à ceux qui veulent bien t’accueillir ! Tu n’opères pas de miracles pour les punir, mais tout simplement parce qu’ils ne veulent pas croire… Tu ne maudits personne et tu respectes leur liberté! Et pour tous ceux qui ont accepté de croire en toi, malgré la pression de la tribu, tu leur accordes le don de l’Esprit, dixit ton évangéliste. Oh Jésus, comment fais-tu pour rester ouvert et charitable, lorsque le cœur de l’autre se ferme devant toi. Se voilant la face sur le Don de Dieu qui t’as été fait, et pervertissant ton honneur et tes origines. Oui comment fais-tu ?
Ezéchiel l’avait déjà dit : « … Les fils ont le visage dur et le cœur obstiné. C’est à eux que je t’envoie, et tu leur diras… » Et toi… Tu viens malgré tout, et tu tentes de nous parler…
Au fond… L’homme n’est pas stupide, il bien conscient de ses faiblesses, et de ses turpides… Et peut-être qu’ayant tellement conscience de cela, non seulement il n’a pas le sursaut pour se convertir, mais il finirait par ne plus croire que Dieu est capable de se mouiller au sein d’une humanité qui pue! Dieu, en Jésus-Christ n’a pas peur de se salir et il vient parler à la dureté de notre cœur pour l’assouplir de Sa Charité! La déraison excessive de l’abaissement de Dieu vers nous, n’est-elle pas l’obstacle à notre adhésion de foi ?
Peut-on croire encore aujourd’hui que Dieu vient visiter notre monde tel qu’il est? Et pourtant… Si nous savions comme c’est vrai !
Alors peut-être serions-nous moins dur…
Et que l’Eglise, si soucieuse de sa respectabilité, frileuse de mondanité, se mouillerait davantage, en imitant Celui qui n’a pas craint de partager la vie des pêcheurs… »
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