Présentation doctrinale et pastorale du Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation
- bohleremmanuel
- 29 nov. 2020
- 5 min de lecture
Cet article a été publié au sein de « Eglise de Metz », la revue officielle du diocèse de Metz, au sein de l’édition de mars 2016. Il se situe dans le cadre de l'année Jubilaire de la Miséricorde.
Logo officiel du Jubilé de la Miséricorde (8 décembre 2015- 20 novembre 2016)
Le 02 décembre 1973 fut publié à Rome l’Ordo Paenitentiae.
Pour les pays en langue française, une adaptation a été faite conformément aux normes données dans le Rituel Romain (portant le signe RR dans l’édition).
Pour la première fois dans l’histoire de la liturgie, l’ensemble des livres liturgiques issus de la réforme du Concile Vatican II obéissent à une même organisation structurelle, formant une sorte d’anthologie associant histoire, théologie sacramentaire, théologie sacramentelle, attentions pastorales, mise en œuvre des rites avec abondance de formules eucologiques.
Le N°3 de la Constitution dogmatique Sacrosanctum Concilium sur la liturgie nous en donne la clef :
« … C’est pourquoi le saint Concile estime qu’il faut, pour l’avancement et la restauration de la liturgie, rappeler les principes qui suivent et fixer les normes pratiques. »
L’ensemble des livres liturgiques sont ordonnés à cette double dimension :
En introduction ils exposeront systématiquement les principes concernant le sacrement ou les sacramentaux concernés. Parmi ces principes nous y trouvons ce compendium associant histoire, théologie et questions pastorales. D’ailleurs toutes les introductions porteront le même titre : « Normes (ou orientations) doctrinales et pastorales».
Puis viennent les normes pratiques à travers les différentes propositions rituelles coordonnant gestes et paroles.
Pour comprendre aujourd’hui encore le rituel du sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation en lien avec son histoire, nous ne pouvons faire abstraction de la première partie.
Les Orientations doctrinales et pastorales[1] commencent par évoquer la question du mystère de la réconciliation[2] à partir d’un enracinement dans des récits prophétiques de la première Alliance, conduisant à l’accomplissement en Jésus-Christ, faisant du mystère pascal une Epiphanie de la Réconciliation entre Dieu et les hommes.
Ce mystère de la réconciliation fondée dans les récits bibliques et évangéliques, associe d’emblée la conversion et la pénitence avec la réconciliation scellée en Jésus-Christ. L’œuvre de Dieu (réconciliation) et l’œuvre des hommes (conversion et pénitence) se trouvent associées, mais curieusement on ne développe pas la thématique de la Miséricorde.
Ainsi présenté, il y a vraiment une dynamique de construction ou plutôt de reconstruction entre Dieu et les hommes, entre le Créateur et sa Créature.
Grâce à une magnifique tapisserie tissée de citations bibliques, le n°1 à lui seul pourrait donner un sens mystagogique au temps liturgique du carême :
« Dieu le Père a manifesté sa miséricorde en son Fils Jésus : en lui et par lui, il a voulu tout réconcilier en faisant la paix par le sang de sa Croix (2 Co 5, 18 ; Col 1, 20). Le Fils de Dieu, devenu homme a vécu parmi les hommes pour les délivrer de l’esclavage du péché (Jn 8, 34-36) et les appeler des ténèbres à la lumière (1 P 2,9). C’est pourquoi il a commencé sa mission en proclamant la pénitence et en disant : « Convertissez-vous (faites pénitence) et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15) ».
En commençant le carême, les chrétiens reçoivent les cendres sur le front avec cette citation évangélique. Le chrétien est alors dans un commencement coïncidant avec le commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle par Jésus-Christ.
Lors du Triduum pascal nous faisons mémoire de l’accomplissement de la mission salvifique de Jésus-Christ.
Par conséquent, en célébrant le Triddum pascal le chrétien actualise en lui l’accomplissement de cette Œuvre de salut, authentique Epiphanie de la Miséricorde de Dieu.
Le carême devient alors un chemin initiatique où l’on peut entrer dans l’intelligence du sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Mais en même temps où celui qui consent à devenir pénitent, marche vers la réconciliation qui se manifestera à lui lors du Triddum Pascal.
Puis les Orientations doctrinales et pastorales abordent sous 3 chapitres, la question de la conversion-pénitence-réconciliation dans la vie de l’Eglise[3].
Ensuite de la réconciliation sacramentelle[4].
Enfin la célébrationde la pénitence et de la réconciliation[5] sous toutes ses contingences (œuvre ecclésiale[6], célébration individuelle[7], célébration communautaire[8]), sans oublier les célébrations non sacramentelles[9].
Ils permettent de comprendre de manière synthétique l’histoire de ce sacrement ainsi que sa théologie, mais surtout ses conséquences concrètes et pratiques.
Enracinée dans l’Ecriture, la pratique publique des pénitents puis l’apparition de la dimension privée avec la pratique des moines Irlandais jusqu’à sa réduction au « Tribunal de Dieu » selon les gravures que l’on trouve encore dans les missels latin-Français de la première moitié du XXème siècle; on peut constater que le sacrement possède vraiment 4 éléments fondamentaux :
· Une dimension communautaire où l’on s’accueille.
· Une confession sous forme d’aveux où l’on se reconnait pécheur. Au sein de laquelle se trouvent condensés : confession de foi, confession des péchés et action de grâce.
· Une démarche pénitentielle où éclairé par l’Ecriture, le pénitent s’engage à la conversion et la pratique des œuvres évangéliques. La Parole de Dieu va engager le pénitent sur le chemin d’une transformation concrète. Cela peut s’exprimer en plus dans la liturgie par un geste communautaire. Cependant il manifeste l’engagement sur un chemin de conversion, et non la reconnaissance d’être pécheur.
· L’absolution sacramentelle qui est ce don de Dieu nous permettant de vivre cette nouveauté de l’Alliance avec lui. Permettant en outre aux sacrements de l’initiation chrétienne de continuer à porter des fruits dans la vie des croyants.
Même si l’histoire de l’Eglise en a réduit, oublié, voir dénaturé certains éléments, profitons du Jubilé de la Miséricorde et du passage d’une Porte Sainte pour redécouvrir la dynamique du sacrement dans ses 4 dimensions : une dynamique résolument tournée vers l’avenir !
Véritable mystagogie de l’absolution, le n°12 dit ceci :
« Le sacrement part de ce que nous vivons, pour nous révéler ce que Dieu nous propose. Il ne vient pas seulement signifier ce que Dieu a fait, mais il créé réellement une situation nouvelle. En effet, lorsque le prêtre dit « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés », cette parole créée une relation nouvelle entre Dieu et celui qui reçoit le pardon. Relation nouvelle également avec ses frères. »
Par exemple, pour nous guider sur le chemin complexe, difficile et pourtant essentiel d’un point de vue humain de l’aveu, la méditation et le témoignage du psalmiste à travers la première partie du cycle des 7 psaumes de la pénitence peuvent nous aider (Ps 6, Ps 31, Ps 37, Ps 50).
Pour nous guider sur le chemin de la démarche pénitentielle, les Œuvres de Miséricorde méditées par le pape François dans son message de carême 2016 sont d’un précieux secours !
[1] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.9-27 [2] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.10-12 [3] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.12-13 [4] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.13-15 [5] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.15-18 [6] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.18-19 [7] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.20-21 [8] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.22-26 [9] Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, Paris, Chalet-Tardy, 1978, p.26-27
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